Myriam Boyer a interprété ce rôle en 2001 dans la mise en scène d’Hélène Vincent. Claudia Stavisky l’a confié à Christiane Cohendy dans sa nouvelle version créée au Théâtre des Célestins de Lyon. Elle offre une gamme de palettes extraordinaires au texte d’Howard Barker.
C’est le combat d’une femme artiste qui se joue devant nous. Nous sommes dans la République de Venise en 1571 mais nous pourrions être en 2016. Galactia doit répondre à une commande publique et peindre une fresque gigantesque à la gloire de la bataille de Lépante (bataille navale qui a vu triompher la marine vénitienne face à l’Empire ottoman). Mais Galactia est avant tout une artiste. Elle va peindre avec sa vision esthétique qui ne sera pas celle du commanditaire.
Et voilà comment le politique entre en conflit avec le monde de la culture. La toile de Galactia sera qualifiée par le pouvoir de toile dégénérée, la République se sent insultée, et Galactia est jetée en prison. Certaines répliques de la pièce d’Howard Barker pourraient être prononcées par beaucoup de politiques actuels, du Front National à la droite radicale (on se souvient des déclarations de Laurent Wauquiez président de la région Rhône-Alpes-Auvergne qui souhaite « fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes »).
Christiane Cohendy est magistrale dans cette pièce. Elle incarne une Galactia qui va au bout de ses convictions, une femme libre, amoureuse. Philippe Magnan est incroyable de justesse dans le rôle d’Urgentino qui représente l’État, sa froideur fait peur. Claudia Stavisky a imaginé un atelier de peintre désordonné qui va au fur et à mesure se vider pour laisser place au plateau nu (on préfère la dernière partie plus épurée). Certaines scènes sont magnifiquement scénographiées par Graciela Galán. Elle recouvre à un moment tout le décor d’une toile rouge de 300m2. C’est d’une rare beauté.
Didier Sandre a offert sa voix veloutée pour lire les didascalies de cette pièce philosophique et féministe où les critiques en prennent aussi pour leur grade, où les politiques sont ridiculisés. Ce texte rarement monté, le plus célèbre de l’anglais Howard Barker tombe à point nommé dans cette période où la culture risque d’être le parent pauvre de la future élection présidentielle.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Tableau d’une exécution
De Howard Barker
Mise en scène : Claudia Stavisky
Traduction : Jean-Michel Déprats
Avec David Ayala, Geoffrey Carey, Éric Caruso, Christiane Cohendy, Anne Comte, Valérie Crouzet, Simon Delétang, Sava Lolov, Philippe Magnan, Mickaël Pinelli Assistant à la mise en scène – Louise Vignaud / Scénographe – Graciela Galán / Créateur lumière – Franck Thévenon / Créateur son – Jean-Louis Imbert / Créateur costumes – Graciela Galán / Créateur maquillage – Cécile Kretschmar / Créateur coiffures – Cécile Kretschmar
Peintre – Charles Auburtin / Sculpteur – Olivier Michaud
et avec la voix de Didier Sandre
Durée 2h10Théâtre des Célestins à Lyon
Du 15 novembre au 7 décembre 2016
Théâtre du Rond-Point en janvier 2018
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !