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Le Théâtre de la Licorne rit et pleure avec Hugo

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(c) Christophe Loiseau

Foisonnant, romantique autant que picaresque, L’Homme qui rit de Victor Hugo est pour le Théâtre de la Licorne de Claire Dancoisne un riche terrain de jeu. Un univers composite où trouve à se déployer son univers forain, son art de la manipulation d’objets.

Avec une démarche, une rapidité de fourmis, des silhouettes en guenilles s’affairent. Comme pour construire un nid, elles transportent des planches de bois. En une chorégraphie précise, avec des gestes tout décomposés, elles les posent sur des tréteaux. Et sur leurs tables de fortune, les voilà qui se mettent à déballer des créatures plus désarticulées qu’elles encore : des enfants en tissus. Des marionnettes qu’elles façonnent à leurs fins tordues de voleurs de gosses. De « comprachicos », lit-on en surtitres sur l’écran qui sert de filtre entre la scène et la salle. Hommage explicite au théâtre forain, cette scène d’ouverture faite d’autant de chair que d’objets dit d’emblée la liberté avec laquelle Claire Dancoisne et son Théâtre de la Licorne ont abordé L’Homme qui rit (1869). Son apparente désinvolture face aux huit-cent pages de Victor Hugo, signe en fait d’un profond respect.

Ce ballet de corps et d’étoffes accouche du monstre éponyme du roman dont l’intrigue se situe en Angleterre. Sous le règne de la reine Anne, au tournant du XVIIème et du XVIIIème siècle. Créé par Claire Dancoisne avec son équipe, ce Gwynplaine alias L’Homme qui rit est un masque tout simple traversé par une bouche immense. Un visage porté par un interprète à hauteur de torse. Au centre d’une suite de tableaux très visuels, souvent proches de la pantomime, cette marionnette à taille semi-humaine côtoie de nombreuses autres créatures plus ou moins monstrueuses. Plus ou moins réalistes.

Déa par exemple, une orpheline que recueille Gwynplaine sur la route une fois abandonné par ses fabricants, est une grande poupée de tissus de confection fantaisiste. Ursus, le vieil homme qui les adopte tous les deux, ne se balade jamais sans un hibou bricolé suspendu à son épaule. Tandis que la reine Anne, sa sœur Josiane et autres membres de la cour rivalisent d’ornements, de postiches et d’autres accessoires compliqués qui les distinguent au premier coup d’œil des gens du peuple. La variété des techniques utilisées par les huit comédiens-manipulateurs de la pièce souligne ainsi la dimension politique du récit qui, comme toujours avec Claire Dancoisne, se déploie à la manière d’une fable. Tout en douceur, malgré une cruauté qui mène le héros à sa perte.

On a connu le Théâtre de la Licorne davantage porté sur le bidouillage. Sur le détournement d’objets et l’invention de machines complexes. Ici, seuls quelques oiseaux-messagers de métal, une poignée d’autres bestioles articulées et deux ou trois mini-caravanes à laisses s’invitent dans la suite de compositions très visuelles et musicales du spectacle. Une manière, pour la metteure en scène, de créer le réalisme magique – son inspiration première, dit-elle, vient de Gabriel Garcia Marquez – qui depuis sa création en 1986 est une des marques de fabrique du Théâtre de la Licorne. Cela sans ajouter au foisonnement du récit de Victor Hugo, bien restituée par l’adaptation de Francis Peduzzi, une profusion de formes. Afin de laisser de l’espace à la langue.

Après son très inventif Cœur cousu (2015) d’après le roman éponyme de Carole Martinez et son délirant seul en scène Sweet home interprété par Rita Tchenko – aussi assistante à la mise en scène et comédienne dans L’Homme qui rit –, Claire Dancoisne opte ainsi pour une esthétique plus épurée. Il lui a donc fallu trouver un nouvel équilibre entre jeu et manipulation, un nouveau rythme qui, au moment de son passage au Channel à Lille les 8 et 9 février 2019, n’était pas encore tout à fait trouvé. Si les tableaux les plus axés sur la manipulation – la scène d’ouverture et les scènes de cour par exemple – sont très réussies, celles où le jeu tient une place centrale sont en général moins puissants. Moins capables de traduire le troublant mélange de tragique et de burlesque qu’incarne l’Homme qui rit, dont le masque manque peut-être de l’originalité, de l’ambiguïté nécessaire. Mais une création, pour Claire Dancoisne, est un organisme vivant. Un rire dont la forme, dont la part de larmes ne cesse de varier.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

L’Homme qui rit

D’après le roman de Victor Hugo

Mise en scène et scénographie : Claire Dancoisne

Adaptation : Francis Peduzzi

Assistante à la mise en scène : Rita Tchenko

​Avec : Jaï Cassart, Manuel Chemla, Anne Conti, Thomas Dubois, Hugues Duchêne, Gaëlle Fraysse, Gwenael Przydatek, Rita Tchenko

​Création musicale : Bruno Soulier

Création lumières : Emmanuel Robert

Collaboration artistique : Hervé Gary

Création des marionnettes : Pierre Dupont, Chicken

Création costumes : Claire Dancoisne, Chicken, Jeanne Smith, Perrine Wanegue

Constructions : Bertrand Boulanger, Chicken, Grégoire Chombard, Alex Herman, Olivier Sion

Régie générale et lumières : Vincent Maire

Régie plateau : Hélène Becquet

Régie son : François-Xavier Robert

Durée : 1h30

DUNKERQUE (59), Le Bateau Feu – Scène nationale
Du 7 au 9 novembre 2018

ARRAS (62), TANDEM – Scène nationale
Du 22 au 24 novembre 2018

BÉTHUNE (62), La Comédie de Béthune – CDN Hauts-de-France
Du 5 au 8 décembre 2018

CONDETTE (62), Le Château d’Hardelot – Théâtre élisabéthain
Du 13 au 15 décembre 2018​

CALAIS (62), Le Channel – Scène nationale
Les 8 et 9 février 2019

AMIENS (80), La Comédie de Picardie – Scène conventionnée
Du 27 au 29 mars 2019​

TOURCOING (59), Le Théâtre du Nord – Centre dramatique national Lille-Tourcoing | Théâtre de L’Idéal
Du 2 au 6 avril 2019

PANTIN (75), Biennale internationale des arts de la marionnette
Les 16 et 17 mai 2019

​

10 février 2019/par Anaïs Heluin
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