La metteuse en scène Chloé Dabert, 42 ans, a été choisie pour succéder à Ludovic Lagarde à la tête de la Comédie de Reims. C’est la première femme à diriger ce CDN, après Jean-Pierre Miquel, Jean-Claude Drouot, Denis Guénoun, Christian Schiaretti et Emmanuel Demarcy-Mota. Elle sera sous les feux des projecteurs cet été au Festival d’Avignon avec la création d’Iphigénie au Cloître des Carmes.
Vous avez exploré le théâtre de Denis Kelly et de Jean-Luc Lagarce, pourquoi cette envie de Racine ?
J’ai choisi de monter des textes contemporains avec des écritures exigeantes. Je choisis les textes en fonction de la forme et du fonds. S’il y a de l’humour c’est encore mieux. Mon travail se fonde sur le texte et l’acteur. Je contrains les acteurs à ne pas jouer au début, à respecter la respiration de l’auteur, la ponctuation, les silences, les temps, les retours à la ligne. Plus les contraintes sont nombreuses, plus cela m’amuse. Je traite les textes comme des partitions. Dans cette recherche d’exigence, je suis arrivé spontanément à Racine. Et puis j’ai travaillé cette pièce au lycée en option théâtre, il me suit. C’était mon projet de mise en scène en terminale, mon premier projet.
Qu’est ce qui vous a intéressé dans Iphigénie ? Est-ce la figure féminine du personnage ?
C’est le titre de la pièce, mais la pièce est chorale. Agamemnon porte aussi l’histoire et la tragédie. Iphigénie prend le relais. Tous les personnages sont dingues. Tout n’est pas centré sur Iphigénie. Mais j’aime effectivement les personnages féminins et les actrices.
Vous allez être la première femme à diriger la Comédie de Reims après de grands metteurs en scène masculin. Etes-vous fière ?
Si j’étais un homme je le serai aussi ! Les choses changent, les femmes prennent leur place parce que les hommes changent aussi.
Qu’est ce qui va changer à la Comédie de Reims ?
Ce qui ne va pas changer, c’est la culture du texte. Elle est très forte à Reims depuis les directions de Christian Schiaretti, Emmanuel Demarcy-Mota puis Ludovic Lagarde. Je m’inscris dans la continuité historique du lieu. La transmission sera une part importante du projet. Je ne viens pas pour tout casser. Je viens avec une nouvelle énergie, la mienne. Je vais rencontrer l’équipe, les choses évolueront avec elle. Je viens avec beaucoup d’artistes associés*. J’ai cette culture de la maison d’artistes.
Comment transmettre ? Comment souhaitez-vous diversifier le public dans les CDN ?
Je travaille depuis dix ans avec des lycéens. C’est ce qui a construit mon identité de metteuse en scène. A Lorient pendant huit ans, puis à Saint-Ouen à l’espace 1789 avec le Conseil Général de Seine Saint-Denis. Tous les ados avec lesquels j’ai travaillé continuent d’aller au théâtre. Ce sont des relations qui se construisent sur plusieurs années. Le retour des jeunes est immédiat, soit ils aiment, soit ils détestent. En fait ils sont très ouverts et plus curieux qu’on ne le pense.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
*dont Christophe Honoré et Caroline Guiela Nguyen
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