Chad Colson et la compagnie En Cours présentent La fête de la fin au Théâtre Gérard Philipe. Une première création vivifiante et prometteuse.
La première création de la compagnie En Cours est présentée dans le cadre des Premiers printemps du théâtre Gérard Philipe : le dispositif met en lumière pendant deux semaines la première création de deux artistes dont l’un des deux a sa compagnie implantée sur le territoire. C’est le cas de Chad Colson (il collabore avec Vivien Fénart pour Post Humus en 2016), qui assure l’écriture de La Fête de la fin, accompagné des comédiens et des comédiennes de la troupe. Il est assisté à la mise en scène par Arwan Guignard. La toute jeune troupe s’est formée en 2020 à l’issue de la classe préparatoire égalité des chances de la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis.
La Fête de la fin explore le flottement d’un monde en reconstruction. Nous sommes en 2026, après une pandémie. Il ne reste plus rien, tout est à refonder. Au milieu des cendres, une troupe de jeunes gens se rassemble pour trinquer à la fin d’un monde détestable et tenter de construire un futur commun. Mais quel avenir désirent-ils dans ce “monde d’après” ? Dans ce contexte post-apocalyptique, le maire de Saint-Denis s’enfuit à Dubaï et brade les institutions de la ville au plus offrant. On assiste à une vente aux enchères hystérique de la mairie, des hôpitaux, des crèches, des parcs… Même la basilique y passe. Privés d’institutions, “quel patrimoine reste-t-il pour ceux qui n’ont pas de patrimoine ?” Seul le théâtre résiste, occupé par la troupe de jeunes gens, bien décidés à en découdre.
Sur scène, l’énergie d’une jeune troupe pleine de rebond – Capucine Duc, Noé Froment, Erwan Guignard, Noémie Guille, Antoine Kobi, Mathilde Lœuillet, Djibril Mbaye – nous embarque. Sur le plateau dépouillé, seule une balustrade en bois surplombe des tréteaux qui forment une table ou un pupitre. Minimaliste et efficace.
La pièce a été créée collectivement à partir des rencontres avec des habitants et habitantes de la ville, dont on entend par ailleurs des extraits d’enregistrements diffusés sur scène. “C’est une manière d’assumer l’ancrage de la compagnie. Nous nous sommes tous rencontrés à Bobigny et plusieurs membres de l’équipe viennent de Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, l’inscription sur le territoire est constituante du spectacle qui intègre des rencontre avec des habitants de la ville, des histoires vécues ou des souvenirs” écrit Chad Colson. Le récit est donc fortement implanté dans le territoire de la Seine-Saint-Denis, avec pour décor le théâtre Gérard Philipe lui-même. En sous-texte, la nécessité du théâtre comme institution décentralisée, dont ont le théâtre Gérard Philipe est l’un des représentants historique.
La forme est cependant courte (50min) pour développer un si vaste sujet. Faute de ressorts dramatiques assez fort pour les faire exister, aucun personnage n’émerge réellement, mis à part le leader charismatique et poète invétéré incarné par Djibril Mbaye. On aurait aimé que le propos se déploie davantage et achève ainsi de nous convaincre. On ne nous emmène pas jusqu’à l’aube de ce “nouveau monde” qui est seulement évoqué, on nous laisse seulement à sa porte. Quelque peu frustrant au vu de la qualité du jeu et de l’écriture. On espère donc voir dans cette première création le signe du déploiement à venir d’une jeune troupe prometteuse.
Fanny Imbert – www.sceneweb.fr
La Fête de la fin
Écriture : Chad Colson, en collaboration avec les comédiennes et les comédiensMise en scène : Chad Colson, Erwan Guignard
Avec : Capucine Duc, Noé Froment, Erwan Guignard, Noémie Guille, Antoine Kobi, Mathilde Lœuillet, Djibril Mbaye
Lumière : Christian Pinaud
Musique : Alexandre Schmidt, François Terradot
Son : François TerradotProduction : Compagnie En Cours.
Coproduction : Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis; Théâtre de la Manufacture – CDN de Nancy.Durée : 50minAu Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis
Du 22 au 26 mai
Du lundi au vendredi à 20h
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