Je m’inspire librement d’une affaire jugée aux assises de paris il y a quelques années. Un adolescent de 17 ans fait assassiner par son ami son père à coups de marteau. Une affaire terrible aux multiples rebondissements dont celui-ci : suite à des recherches ADN puisqu’il s’agit de déterminer s’il y a parricide ou pas, on apprend lors du procès que le père n’est en fait pas le père biologique. Une histoire de grand mensonge en somme, à première vue. Mais n’est-ce pas aussi une histoire d’humiliation du fils par son père. Un père qui jugeait son fils très décevant, incapable comme il l’aurait tant voulu de suivre des études scientifiques. N’est-ce pas également une histoire de vengeance de la part de l’ami ? Une histoire de vengeance par procuration ? Lui qui fût abandonné par sa mère, recueilli par sa grand-mère qui elle-même l’a ensuite abandonné avant qu’il ne soit finalement recueilli par un oncle. N’a-t-il pas proposé ce macabre projet pour en découdre par procuration donc avec la famille ? Est-ce un grand manipulateur ? Un fou dangereux ? Quelle est la nature de la relation entre les deux jeunes gens ? Une amitié toxique ? Une relation d’emprise ? Lors du procès, les experts ont tenté de répondre à toutes ces questions, mais en vain. Ils n’ont su décrypter les raisons de ce crime et ils n’ont donc pas pu déterminer le mobile. Et c’est cette absence de mobile qui était au coeur du procès et qui constitue le ressort principal de la pièce. Il y a bien le comment : comment s’est créé le rapport d’emprise, l’osmose, l’émulation infernale entre ces deux jeunes hommes au point de faire d’un projet terrible une tragédie réelle ? Mais il n’y a pas le pourquoi. J’ai écrit « Ce que nous désirons est sans fin » comme un thriller psychologique où la question centrale du désir se joue et celles sous-jacentes à tout échange : « Que me veux-tu ? », « Ne vois-tu rien venir ? ». La menace est omniprésente, grandissante, circule au sein et autour de la maison familiale comme un grand serpent de mer. Un grand serpent de mer prêt à mordre.
Note d’intention de Jacques Descorde
Ce que nous désirons est sans fin
texte & mise en scène Jacques Descorde • avec Patrick Azam, Gaspard Liberelle, Cédric Veschambre • scénographie Camille Allain-Dulondel • vidéo Fanny Derrier • musique en cours • création lumières Arthur Gueydan • costumes / stylisme Valérie Paulmier • mise en mouvement Aurore Floreancig • texte publié chez L’Œil du souffleur
crédits images : © droits réservésproduction La compagnie des Docks, théâtre des Ilets – CDN de Montluçon, CA2BM Agglomération du montreuillois • avec le soutien d’Artcena, la Drac des Hauts-de-France, le conseil départemental du Pas-de-Calais et la ville de Boulogne-sur-Mer
Théâtre des Ilets – CDN de Montluçon
Du 1er au 3 mars 2022
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