La sociétaire honoraire de la Comédie-Française livre dans un seule-en-scène, empreint de nostalgie, ses trente-six années passées dans la maison de Molière
Qu’elle est ravissante dans son habit sombre et sa chemise pleine de lumière ! La comédienne Catherine Salviat retrouve la scène – même si elle continue d’y apparaître parfois – et joue au Studio-Théâtre de la Comédie-Française (Paris 1er) ses trente-six années de souvenirs accumulés dans la maison de Molière. Le buste du maître trône d’ailleurs sur le plateau, où la sociétaire honoraire nous enchante avec ses anecdotes facétieuses, formant de précieux témoignages sur l’histoire du théâtre.
Catherine Salviat fut membre de la Troupe entre 1969 et 2006, après avoir remporté le premier prix de comédie classique à l’issue de ses études au Conservatoire de Paris. « Méfiez-vous de vos rêves, ils se réalisent », ne cesse de répéter cette grande comédienne. A l’entendre, la chance semble s’être souvent mise sur sa route, la menant vers une brillante carrière. Ce serait exclure son talent, dont on distingue encore aussi aisément les contours.
Sa première pièce, Catherine Salviat la voit à l’âge de 4 ans à… la Comédie-Française. Elle effectue ensuite sa scolarité au lycée Molière – encore un signe – et poursuit avec des études de théâtre ayant mal démarré, avant d’atterrir place Colette. Miracle ou talent ?
Un jour d’audition marquant la fin de ses études au Conservatoire, sa mère, maître de ballet à l’Opéra, pénètre dans les coulisses pour y glisser à sa fille un morceau de papier sur lequel sont inscrits quelques mots réconfortants. Ceux, déterminants, qui la jetteront dans un état de grâce devant un parterre de professionnels ébahis par sa prestation. Quelques jours plus tard, Catherine Salviat devient pensionnaire de la Comédie-Française.
La mise en scène de ce spectacle empreint de nostalgie est signée Serge Sarkissian. L’homme rencontre Catherine Salviat grâce à l’acteur Michael Lonsdale, qui joue les entremetteurs ; et très vite, le metteur en scène s’éprend des histoires de la comédienne sur le Théâtre-Français. D’abord imaginé sous la forme d’un livre (éd. Onésime 2000), le récit devient aussi spectacle en 2019 à Marseille. Avant de se jouer à l’invitation d’Eric Ruf, jusqu’au 2 juillet prochain, dans l’ancienne maison de son interprète.
Sur le plateau, Catherine Salviat ne s’arme que de quelques objets (un échantillon de scène, un fauteuil en velours rouge, un brigadier – afin de sonner les fameux trois coups –, un chapeau, des lunettes…) pour distiller et illustrer l’essence de ces trois décennies passées à sillonner la scène et les couloirs de l’institution fondée en 1680.
D’anecdote en anecdote, souvent drôles, la sociétaire honoraire esquisses son parcours, qu’elle mêle avec des citations de grands auteurs (Bernanos, Camus, Guitry…), sortes de morales à tirer de ces trente-six années. Lors de son départ de la Troupe, en décembre 2006, Catherine Salviat décide d’intituler sa soirée d’aurevoir : 36 chandelles dans la Maison de Molière. Et voici le titre de son spectacle tout trouvé, résumant sa riche et longue carrière.
De ces professeurs du Conservatoire au tact légendaire, de ces metteurs en scène à l’aura sans limites, de ces soirées uniques à reprendre un rôle au pied levé, de ces 36 années passées dans l’antre de Molière… Catherine Salviat semble ne retenir que l’essentiel : la joie du théâtre, et énumère ses souvenirs avec esprit, comptant le passé bien vivant d’une comédienne passionnée par son art…
Kilian Orain – www.sceneweb.fr
36 chandelles dans la maison de Molière
texte et interprétation Catherine Salviat
mise en scène Serge Sarkissian
lumières Sylvie Maestro et Jérôme Pastini
séquences filmées Thierry Hancisse, Sylvia Bergé, Guillaume Gallienne, Loïc Corbery et Bernard Alane, Nicole Calfan, Christine MurilloProduction Onésime 2000 / Comédie-Française
Spectacle créé au Théâtre Toursky, à Marseille, en novembre 2019
Durée 1h
Studio-Théâtre (Paris 1er)
du 14 juin au 2 juillet 2023
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