Fascinée par Olympe de Gouges, la dramaturge Catherine Anne incarne elle-même, à la MC2 Grenoble avant les Quartiers d’Ivry, cette figure secondaire mais pionnière de la Révolution Française exécutée sous la Terreur.
Républicaine, patriote, femmes de lettres et de théâtre, militante libre et engagée, autrice d’une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dédiée à la reine Marie-Antoinette, Olympe de Gouges est certes parfois encore méconnue mais demeure pour autant une femme et une parole saisissantes de modernité, bien réhabilitée par le travail de deux femmes convaincues : Françoise Fouquet et Catherine Anne, écrivaine, metteuse en scène et comédienne dont l’œuvre s’est déjà nourrie de figures et des valeurs des Lumières, en témoigne son ancien spectacle autour de l’Affaire Calas de Voltaire.
Du haut de sa grande silhouette à la fois fine et endurcie, Catherine Anne campe avec panache son personnage jusqu’au-boutiste, lui confère une droiture et une détermination mêlées à des accents fantasques un brin extravagants. Elle se délecte visiblement de n’adopter un regard froid et factuel propre à l’étude mais au contraire d’opter sans lésiner pour l’empathie. Son Olympe est fière dès sa première apparition, un fichu sur la tête et les mains ligotées. Elle ne renonce pas. Dans le plus grand dénuement, elle réclame de l’encre et du papier car, pour elle, écrire, c’est exister. « Rien à me reprocher, rien à redouter » clame-t-elle sans trop de clairvoyance. Le tribunal révolutionnaire ne tardera pas à la condamner sans défense à l’échafaud.
La scène – trop grande – figure entre autres sa cellule de prison, un espace froid au sol gris, d’où on entend les bruits métalliques des barreaux, des serrures. Les murs sont recouverts de chemises pendues, sans coup ni tête, comme un renvoie plus qu’allusif à la guillotine.
La pertinence de la démonstration (parfois un peu appuyée) tient à la simplicité de la narration cristallisée autour de la figure d’Olympe mais aussi à la relation tendue et touchante entre une mère aimante, Luce Mouche toujours très juste, et son fils, jeune soldat et gardien aussi obtus que fragile. La pièce décrypte le basculement néfaste de la révolution combattant une tyrannie pour en instaurer une autre dont les premières victimes sont les femmes.
Catherine Anne dit ne pas vouloir faire une pièce historique mais faire entendre toutes les révolutions du monde, peu importe les espaces et les époques. Sur le plateau atemporel, l’esthétique est malgré tout assez passéiste, trop avare en traces de modernité. Pour autant, les idées toujours d’actualité sont défendues avec un vigoureux aplomb et une belle sensibilité. Le combat d’Olympe pour l’égalité entre tous les individus sans distinction de sexe, de couleur, de rang, est une plaidoirie féministe et humaniste qui s’entend avec puissance et bonheur.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
J’ai rêvé la Révolution
texte et mise en scène : Catherine Anne
co-mise en scène : Françoise Fouquet
dramaturgie : Pauline Noblecourt
scénographie : Elodie Quenouillère
costumes : Alice Duchange
son : Madame Miniature
lumière : Michel Theuil
régie générale : Laurent Lechenault
Catherine Anne : la prisonnière
Luce Mouchel : la mère
Morgan Réal : la jeune femme
Pol Tronco : le jeune soldat
Durée : 1h50Tournée 2021 :
9 novembre, La Lucarne, Scènes du Golfe Vannes / Arradon (56)
17 au 19 novembre. Théâtre La Renaissance, Oullins (69)
23 novembre. Ferme de Bel-Ebat, Guyancourt (78)
26 au 28 novembre. Théâtre Liberté, Toulon (83)
1er et 2 décembre. Malraux, Scène nationale de Chambéry (73)
7 décembre. Théâtre Molière, Sète (34)
9 et 10 décembre. Centre d’Art et de Culture, Meudon (92)
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