Le vieux juif blonde, pièce d’Amanda Sthers est de retour au Théâtre des Mathurins. Camille Razat reprend le rôle créé en 2006 par Mélanie Thierry, dans une mise en espace magnifique de Volker Schlöndorff dont c’est la première mise en scène au théâtre en France. Un travail remarquable.
Le monologue d’Amanda Sthers est désormais étudié à l’université d’Harvard. La pièce est jouée partout dans le monde. Les metteur.e.s en scène et les comédiennes cherchent ainsi à percer le mystère de cette narratrice, hantée par l’holocauste qu’elle n’a pas connu, habitée par un corps de jeune fille et la mémoire d’un vieux juif, ancien déporté. Alors que les derniers témoins des massacres nazis de la deuxième guerre mondiale disparaissent peu à peu, il est d’autant plus important aujourd’hui de continuer à faire entendre le texte d’Amanda Sthers, douze ans après sa création, pour que ces crimes ne soient jamais oubliés.
Dans la petite salle des Mathurins, Volker Schlöndorff a créé une forêt imaginaire qui n’est pas sans rappeler les paysages rigoureux de la Pologne et d’Auschwitz. Au loin des bouleaux dans une paysage enneigé, au sol les cendres des millions de juifs brûlés dans les camps de concentration. Le violoncelliste Stanislav Makovsky accompagne la comédienne Camille Razat. La musique comme bouclier de la barbarie, était utilisée par les nazis dans un but répressif : rassurer les nouveaux arrivants dans les camps de concentration, servir la propagande et accompagner les travaux forcés. Tout fait sens dans la dramaturgie de Volker Schlöndorff.
“La folie est parfois plus sombre qu’une tombe” écrit Amanda Sthers. Camille Razat incarne avec une force inouïe ce personnage rongé par sa double identité, tourmenté par les supplices. Elle se fond dans les contradictions du personnage, dans ses démons, dans ses névroses avec une force incroyable, sans forcer, sans tomber dans le pathos. Elle est vraie. La jeune comédienne n’a peur de rien. Elle cherche du regard les spectateurs, elle les interpelle, elle est troublante de vérité. A 24 ans, Camille Razat, qui a été formée au Cours Florent, qui a tourné dans des séries à la télévision et dans quelques films au cinéma monte pour la première fois sur scène. Elle ne lâche rien, elle montre à la fois un formidable tempérament et une fragilité exacerbée. L’émotion est tenue de bout en bout, jusqu’au dernier frisson. Une grande actrice est née.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
LE VIEUX JUIF BLONDE
Une pièce de théâtre d’Amanda STHERS
Sous le regard de Volker SCHLONDORFF
Avec Camille RAZAT
Scénographie de Okarina PETER et Timo DENTLER
Lumières de Kévin DAUFRESNEPetit Mathurin
Du mercredi au samedi à 19h
Le dimanche en matinée à 16h
j’adore Amanda Sthers ! merci pour cet article