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Le feu, la fumée le soufre, fresque baroque à travers les genres

A voir, Les critiques, Montreuil, Théâtre

photo Gilles David

Au Nouveau Théâtre de Montreuil, on se croirait presque à Avignon. Scénographie grand format de toute beauté, large distribution, texte « classique » de Christopher Marlowe, Le feu, la fumée, le souffre mis en scène par Bruno Geslin impressionne et plonge tragédie politique, vanité philosophique et passion fatale dans un grand bain baroque tendance gay.

C’est l’autre Shakespeare du théâtre élisabéthain. Une sorte de frère de lettres de William au destin tragique. Mort à 29 ans dans des circonstances mystérieuses, Christopher Marlowe était homosexuel en un temps où les puritains se faisaient la guerre. Edouard II, texte ici adapté par Jean-Michel Rabeux et Bruno Geslin, raconte l’histoire du roi du même nom qui fait revenir en Angleterre son amant Gaveston (nom que ses ennemis prononcent à la française) contre l’avis des lords, de l’Église et de tout ce qu’un roi peut compter de contre-pouvoirs, jusqu’à sa femme.

La pièce commence devant un écran géant dressé en avant scène, sur lequel on voit Gaveston, interprété par l’androgyne et épatante Alyzée Soudet, courir pour fuir ou rejoindre quelqu’un, quelque chose, on ne sait pas encore. En transparence, derrière le rideau, la célèbre Claude Degliame, actrice à la voix rauque, aux intonations tragiques (que ce soir-là on peine parfois à comprendre), clame l’ardeur de son amour, la passion brûlante qui la consume depuis qu’elle l’a rencontré, Gaveston. Elle incarne Edouard II, ce roi emprisonné, en bout de course, qui dans son cachot sent qu’on vient l’assassiner.

Flash back. Derrière le grand écran qui va bientôt s’ouvrir sur l’histoire passée de ce roi, des premières images teintées de rouge laissent augurer qu’elle sera sulfureuse, sanglante et toujours sous la menace du feu de l’Enfer. Sur scène, du bois, beaucoup de bois. Comme un ponton sur pilotis en arc de cercle, une piste qui mène sur le vide. De même pour une échelle qui permet de se hisser sur une estrade haut-perchée. Ici, tout est sans issue, direction le précipice. En fond de scène, un troisième plan se transformera en dancefloor de l’Eden night club et en des ailleurs divers qui communiquent avec la scène.

Mêlant musique baroque – on ouvre sur le merveilleux Cum dederit de Vivaldi – et mélodies électros entêtantes, la superbe création sonore de Benjamin Garnier et Alexandre Le Hong accompagne les ruptures d’univers d’un texte qui, comme le souligne le metteur en scène, ne peut être enfermé dans un seul genre. Tragédie politique avant tout, quand même, avec ses jeux de pouvoir, ses espions, ses trahisons, ses assassinats et ses pourparlers, Le feu la fumée le soufre rappelle aussi la pure vanité de nos existences soumises aux aléas de la Fortune, en quelques aphorismes de toute beauté. S’y ajoutent des ruptures de ton, des vannes grivoises et autres gros mots comme les affectionnait le théâtre élisabéthain. Une pièce multiplans dont la mise en scène de Bruno Geslin se fait l’écho, par exemple via une esthétique du mélange, entre costumes historiques, déguisements Gay Pride tendance backrooms et masques carnavalesques.

Mais aussi via une dramaturgie quelque peu déroutante, au rythme toujours surprenant, qui ne s’installe jamais vraiment, que soutient cependant une unité visuelle fondée sur des scènes privilégiant la pénombre, le noir et blanc, une ambiance aux allures d’irréel. Le feu, la fumée, le soufre propose donc une fresque en mode théâtre d’images et de chair – les hommes se mettent volontiers à nu, les rôles principaux sont joués par des femmes et la seule femme par un homme (Isabelle, femme d’Edouard II par Olivier Normand) – qui cohabite avec une langue à la richesse toute élisabéthaine, plus directe, moins métaphorique que ne l’est souvent celle de Shakespeare. Dans cet ensemble, le spectacle est long, un peu répétitif, installe parfois une certaine langueur, mais parvient toujours à rebondir. Il transgresse, provoque, sans en faire l’exhibition, il porte ses thématiques sans en faire démonstration. Les personnages sont complexes. S’il n’y avait pas la neige, on se croirait à Avignon.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Le Feu, La Fumée, Le Soufre
D’après Edouard II de Christopher Marlowe ou Le règne troublé et la mort pitoyable d’Édouard II, roi d’Angleterre, et la chute tragique de l’orgueilleux Mortimer • Adaptation Jean-Michel Rabeux, Bruno Geslin • Mise en scène et scénographie Bruno Geslin • Avec Robin Auneau, Claude Degliame, Julien Ferranti, Arnaud Gélis, Guilhem Logerot Olivier Normand, Alyzée Soudet, Jacques Allaire (en cours) • Création lumière Dominique Borrini • Régie lumière Claude Casas • Régie générale et collaboration scénographique Christophe Mazet • Création vidéo Jéronimo Roé • Régie plateau Yann Ledebt • Création Costume Sita Messer • Assistant costume Eliah Maag • Écriture musicale et création sonore Benjamin Garnier, Alexandre Le Hong, « Mont Analogue »

Coproduction Théâtre de la Cité – Centre dramatique national Toulouse Occitanie et Théâtre Sorano – Toulouse et co-accueil des 6 premières représentations, L’Empreinte – Scène nationale Brive – Tulle, Le Parvis – Scène nationale Tarbes – Pyrénées, Théâtre de l’Archipel – scène nationale de Perpignan, Théâtre de Nîmes – scène conventionnée d’intérêt national – art et création – danse contemporaine, La Comédie de Caen – CDN de Normandie, Le Tandem – Scène Nationale Douai – Arras, Le Printemps des Comédiens – Le Théâtre des 13 vents – Montpellier – Montpellier, La Bulle Bleue – ESAT Artistique et culturel de Montpellier, (en cours). Soutien, résidence : Ville de Mazamet. Remerciements : Lokal – Saint-Denis, Ateliers de construction du ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie. La compagnie La Grande Mêlée est conventionnée par la DRAC Occitanie – Ministère de la Culture et la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée, et subventionnée par la ville de Nîmes.

Durée 2h30

Création au Au ThéâtredelaCité de Toulouse, janvier 2021 à huis clos

Nouveau Théâtre de Montreuil, du 31 mars au 9 avril 2022

2 avril 2022/par Eric Demey
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2 réponses
  1. CELLY Guillaume
    CELLY Guillaume dit :
    17 janvier 2021 à 14 h 48 min

    Bonjour, je suis l’assistant de Bruno Geslin sur le spectacle Le feu, la fumée, le soufre, créé le 12 janvier dernier ;
    je me permets de partager avec vous les informations exactes et définitives :

    Le feu, la fumée, le soufre (2021) : Création au Théâtre de la Cité du 7 au 11 janvier 2021

    Avec :
    Claude Degliame
    Alizée Soudet
    Olivier Normand
    Julien Ferranti
    Guilhem Logerot
    en alternance Robin Auneau / Paul Fougère
    Arnaud Gélis
    Jacques Allaire
    Lionel Codino
    Luc Tremblais
    Guillaume Celly

    Adaptation Jean-Michel Rabeux et Bruno Geslin
    Assistanat à la mise en scène Guillaume Celly
    Assistante à la mise en scène Victoria Sitja
    Régie générale et collaboration scénographique Christophe Mazet
    Collaboration chorégraphique Julien Ferranti
    Création vidéo Jéronimo Roé
    Création lumière Dominique Borrini
    Régie lumière Jeff Desboeufs
    Régie plateau Yann Ledebt
    Son Pablo Da Silva
    Création costumes Hanna Sjödin
    Assistante costumes Claire Schwartz
    Collaboration costumes et scénographie Margaux Szymkowicz
    Écriture musicale et création sonore Benjamin Garnier et Alexandre Le Hong « Mont Analogue »

    Je vous remercie bien cordialement,
    Guillaume Celly – assistanat à la mise en scène
    06 09 91 29 09 – lagrandemelee20@gmail.com

    Répondre
  2. Hulot
    Hulot dit :
    5 mai 2021 à 18 h 29 min

    Bonjour,

    Je cherche à joindre mon cousin Bruno Geslin depuis des années, ce serait sympa de lui transmettre mes coordonnées.
    Bien à vous
    Florence Hulot 0625475818

    Répondre

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