Dans Body of Work le danseur et chorégraphe américain Daniel Linehan raconte l’histoire de sa danse. Superbe.
Le public ce soir-là entre dans le Studio 8 du CND Pantin et l’artiste est déjà en action. Dans l’assistance certains ne le remarquent même pas. « 6 fois mon corps étiré. Prenez 2 de mes avant-bras » murmure-t’il. Puis Daniel Linehan va occuper le plateau et ne plus le lâcher. Il habite réellement l’espace dans un déroulé de gestes répétés à mesure que la boucle sonore réalisée en direct s’amenuise. Not about Everything, le solo qui l’a fait connaître, est alors dans nos têtes.
Body of Work, on le comprendra assez vite, a à voir avec la mémoire de la danse. Ce qui reste du spectacle, ce qui s’efface. « Le passé ne meurt jamais, il n’est même jamais passé » pour reprendre les mots de William Faulkner. Linehan en a fait son « mantra » d’un soir. Ce solo porte la trace d’une quinzaine d’années de recherche. Ou qui sait d’épuisement du sujet. Alors l’artiste se met à nu, au propre mais plus encore au figuré. Il se souvient d‘un père agonisant, d’un corps affaibli. Soudain comme « amputé » d’une jambe l’interprète danse encore. Il compose avec le temps qui passe et le temps qui reste. Dépouillé de ses vêtements posés au sol, Daniel Linehan paraît s’absenter de lui-même. Body of Work est pourtant autre chose qu’un exercice nostalgique.
Dans une question à la salle, le soliste-funambule demande si nous avons « des plans et ce que l’on compte faire après ». Lui rêve à voix haute d’un jardin éblouissant rempli d’amis. Une invitation ? On est prêt à le suivre encore. Body of Work raconte ces instants de doute et d’euphorie d’un homme de scène. Sans pour autant céder au best-of ou à la citation. Aidé d’un dramaturge, Vincent Rafis, et d’un regard extérieur, Michael Helland, Linehan offre une traversée d’autant plus vertigineuse qu’elle est intime. Et ce corps au travail ainsi exposé de s’imprimer durablement en chacun.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Body of Work
Conception et interprétation : Daniel Linehan
Dramaturgie : Vincent Rafis
OEil extérieur : Michael Helland
Création lumières : Elke Verachtert
Son : Christophe Rault
Costumes : Frédérick Denis
Scénogrpahie : 88888Production : Hiatus (Belgique)
Coproductions : deSingel International Arts Campus, Kaaitheater (Belgique)
Résidences : Art Centre BUDA, Kaaitheater, deSingel International Arts Campus, Vooruit Arts Centre (Belgique)Avec le soutien des Autorités flamandes.
Daniel Linehan/Hiatus est Creative Associate au deSingel Campus International des Arts (Belgique) 2017-2021.
solo • 70 min • première en FranceLundi 17 juin 2019 • 19h
Mardi 18 juin 2019 • 19h (complet)
Centre national de la danse de PantinLes 4 et 5 juillet 2019, Festival Dansand, Oostende (Belgique)
Les 11 et 12 juillet 2019, JuliDans, Amsterdam (Pays-Bas)
Les 3 et 4 octobre 2019, CAMPO Nieuwpoort, Gent (Belgique)Du 18 au 23 novembre 2019
Théâtre de la Bastille26 et 27 mars 20120
Théâtre Garonne avec le CDC ToulouseLes 5 et 6 mars 2020, STUK, Leuven (Belgique)
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