Avec Requiem Bartabas signe pour l’Académie équestre de Versailles une majestueuse offrande à Mozart -au risque de troubler les puristes. Le fondateur de Zingaro garde la cadence.
« Créer un corps de ballet équestre unique au monde, capable de répondre à de telles invitations exceptionnelles« . En quelques mots Bartabas résume la philosophie de l’Académie équestre de Versailles pas tout à fait une compagnie, presque une école. Ainsi pour la seconde fois Bartabas a répondu à l’invitation des Mozartwoche de Salzbourg : en 2015 il avait présenté avec les écuyères de son Académie Davide penitente. Dans ce lieu splendide -un ancien manège pour chevaux justement- qui accueille des concerts réputés Bartabas a pu de nouveau bénéficier d’une scénographie « naturelle » avec des arcades pour les musiciens et une fosse qui elle est réservée aux… montures!
Ce Requiem créé cet hiver a bouleversé le public nombreux. Une messe pour les oreilles et les yeux, un chef au diapason Marc Minkowski placé au devant de la scène et qui semble diriger à la fois les instrumentistes, les chanteurs et les chevaux. Certains trouveront cela ridicule, d’autres salueront la prouesse. Bartabas a réuni huit chevaux de type lusitanien crèmes et, plus surprenant, des sorayas petits formats qui semblent s’amuser follement. Et le cavalier s’est réservé un passage le temps d’une prière avec son fameux Soutine. On ne se refait pas !
Pourtant Requiem n’est pas un spectacle bis de Zingaro. Il met en valeur le travail des « élèves » de l’Académie équestre de Versailles. Nombreux passages cheveux au vent -on sent que le travail avec la chorégraphe Carolyn Carlson sur We Were Horses a marqué Bartabas-, de marches croisés, de clins d’œil à l’univers de la mort. Porté par la musique -et une distribution classe qui à Salzbourg réunissait Les Musiciens de Louvre et le Salzberger Bachchor- Reqiuem transporte l’audience dans un monde parallèle. Et lorsque les chanteurs partagent la « scène » avec les chevaux et leur cavalière on est saisit pas la beauté de l’ensemble. La partition de Mozart autorise d’elle une telle audace ?
L ‘intelligence du spectacle le laisse à penser. Bartabas a toujours pris soin de choisir ses musiques de Stravinsky à Boulez, des chants indiens à Tom Waits. Avec des fortunes diverses. Mozart vient s’ajouter à cette liste -et c’est pour le meilleur. Après cette reprise à la Seine Musicale une salle qui cherche encore ses marques une seconde version du Requiem sera donnée à la Grande Halle de la Villette cette fois avec le chœur Vittoria d’Ile de France. La cavale de l’Académie équestre de Versailles continue.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Le Requiem de Mozart
Mise en selle et chorégraphié par BARTABAS
Direction musicale de MARC MINKOWSKI
Miserere – Requiem – Ave verum corpus de Mozart
9 écuyers (dont Bartabas), 13 chevaux, 6 figurants avec :
Les écuyers et chevaux de l’Académie équestre nationale du domaine de Versailles
42 musiciens avec Les Musiciens du Louvre
4 solistes avec :
Ana Maria Labin (soprano)
Anthea Pichanick (alto)
Fabio Trümpy (ténor)
Callum Thorpe (basse)
150 chanteurs par représentation avec La Maîtrise des Hauts-de-Seine
Direction Gaël Darchen
Lumière : Bertrand Couderc
Durée du spectacle : 55 mindu 15/09/2017 au 17/09/2017
GRANDE SEINE MUSICALE Boulogne BillancourtGrande Halle de la Villette Paris
du 15 au 20 mai 18 (avec Michel Piquemal et le chœur Vittoria d’Ile de France) www.lavillette.com
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