Les chevaux sont libres de leurs mouvements dans Ex Anima, la dernière création de Zingaro. Bartabas annonce qu’elle est ultime. On a du mal à le croire. En tout cas elle va parcourir le monde pendant plus de 2 ans. Rencontre avec Bartabas, dans sa caravane, derrière le théâtre équestre à Aubervilliers.
Pourquoi ce spectacle est-t-il si particulier pour vous ?
Parce que la tension est extrême, ce n’est pas une tension physique car on ne fait pas grand chose, mais on est pendu aux lèvres de chevaux. C’est un peu l’aboutissement de 35 ans de travail de théâtre équestre avec des acteurs qui sont de chevaux. Nous ne sommes que leurs serviteurs. Après 35 ans de complicité on leur rend hommage.
Ils sont quasiment seuls sur la piste pendant tout le spectacle.
Les cavaliers ne sont que des passants. On les amène, on les sort, on les guide. On leur rend leur liberté. Ils savent ce qu’ils doivent faire, les tableaux ont un sens, mas ils sont libres de leur interprétation comme un danseur ou un comédien.
Comment peuvent-ils se repérer seuls sur la piste ?
Il a fallu huit mois de préparation pour aboutir à ce spectacle. On les connaît depuis longtemps, on a étudié leur comportement. Il faut leur faire comprendre que ce qu’ils font naturellement dans la journée, ils doivent le reproduire le soir pendant le spectacle. Ce qui est compliqué c’est de conserver la fraicheur du geste dans l’interprétation. Et le vrai pari de ce spectacle c’est de le faire tourner dans le monde entier.
Est-ce qu’il s’agit de votre spectacle le plus fragile ?
Certainement parce que les chevaux ont les atouts en main. Mais comme ils sont professionnels et qu’il y a une telle tension dans le théâtre que cela fonctionne. Les spectateurs ont chacun leur interprétation du geste des chevaux. C’est nouveau, personne ne l’avait jamais tenté. Et l’on sent cette complicité avec eux.
Le spectacle est zen, on est presque dans un recueillement.
Il y a une respiration très proche de la nature. Il serait temps de revenir à des valeurs profondes. Ex Anima veut dire le souffle de l’âme c’est pourquoi il n’y a que des flutes et des percussions. Les cavaliers jouent aussi avec la nature, ils exécutent la pluie, la mer, les oiseaux, le vent…Cela rend théâtral la nature.
On a du mal à croire qu’il s’agit de l’ultime spectacle de Zingaro !
Je ne sais pas. Je travaille de manière instinctive. Je ne calcule jamais. Je peux vous dire que c’est le dernier spectacle en date ! En tout cas le spectacle marque l’aboutissement d’une démarche. Je ne sais pas sur quoi je vais rebondir mais j’avais besoin d’écrire que ce spectacle était ultime dans le sens où l’évolution de Zingaro sera différente après. C’est 35 ans de cheminement pour en arriver là. Je n’aurai pas été capable de faire ce spectacle là au début. Là c’est la confiance ultime du cheval, on le laisse s’exprimer sur scène.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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