Le Théâtre de l’Atelier devait rouvrir mardi 15 décembre avec On purge bébé, puis Crise de Nefs. Ces derniers jours, Jacques Weber a tourné pour France Télévisions un adaptation de Cyrano avec François Morel (Cyrano) et Audrey Bonnet (Roxane) dans les locaux du théâtre. Le 15 décembre à 18 H 30, à l’heure même où le théâtre aurait dû rouvrir ses portes, ils seront sur le trottoir, dans la rue, devant le théâtre de l’Atelier. Marc Lesage, son directeur s’en explique.
Nous ne sommes pas des rebelles.
Nous ne sommes pas des révolutionnaires.
Nous ne sommes pas des agitateurs.
Nous ne sommes pas fous, nous ne sommes pas inconscients.
Nous ne sommes que des professionnels du spectacle vivant, responsables d’équipements culturels qui nous adaptons, sans cesse, avec sagesse, à ce contexte instable et hanté par l’incertitude.
En retour, nous demandons juste à être traités avec respect, intelligence et discernement.
Or, les annonces du Premier Ministre, Jean Castex, en date du 10 décembre visant à durcir les mesures sanitaires en cette fin d’année 2020 et, par conséquent, nous empêcher de poursuivre notre activité, même dans des conditions dégradées, sont une véritable atteinte à nos valeurs et illustrent un profond mépris à l’égard du secteur culturel et artistique tant nous atteignons une apogée en matière d’incohérence.
Pendant que les centres commerciaux accueillent des milliers de personnes quasiment sans contraintes, stimulées à coups de « Black Friday » ou d’opérations promotionnelles liées aux fêtes de fin d’année, les Théâtres, où pourtant toutes les mesures sanitaires sont scrupuleusement respectées et où aucun cluster particulier n’a été repéré, doivent demeurer portes closes.
Alors, d’accord ! Nous maintiendrons nos portes closes.
Mais, Mardi 15 décembre à 18 H 30, à l’heure même où nous aurions dû rouvrir nos portes, nous serons sur le trottoir, dans la rue, devant le théâtre de l’Atelier
Nous ferons résonner dans les rues l’Art et la Culture par la parole des artistes, avec dignité et responsabilité, pour combattre l’absurdité des mesures prises par ce gouvernement.
Marc Lesage, directeur du Théâtre de l’Atelier
« Nous ne sommes pas des rebelles.
Nous ne sommes pas des révolutionnaires.
Nous ne sommes pas des agitateurs.
Nous ne sommes pas fous, nous ne sommes pas inconscients. »
Merci, au vu de votre programmation, on avait remarqué. Et c’est bien ça le problème.
Je me souviens d’être allé voir un spectacle chez vous en sortant d’une manif de gilets jaunes : l’entre-soi cossu était étouffant. On était loin, très loin de Hugo et de la bataille d’Hernani, de Molière et du scandale de Tartuffe, de Shakespeare et de la violence politique de Richard III. Chez vous, on était loin de l’art, on était loin de la vie.
Face à un gouvernement misérable, incompétent et horizontal, c’est aux artistes d’incarner la révolte, d’être verticaux, de remettre du Ciel dans toute cette bassesse calculatrice et apeurée. Au lieu de ça, votre profession de foi de « braves gens » sonne comme un acte de soumission.
Vous demandez « à être traités avec respect, intelligence et discernement ». Mais ouvrez les yeux : ce gouvernement est l’incarnation même de l’irrespect, de la bêtise et de l’absence de discernement. La crise est historique, nationale. Pourquoi voulez-vous l’appui de gens qui vous méprisent et qui, tous les jours depuis des décennies, tuent l’art, la beauté, la grandeur, en ayant le front, en plus, de dire qu’ils soutiennent « la culture » ?
Au contraire, pour reprendre les termes de votre armistice, soyez des rebelles. Soyez des révolutionnaires. Soyez des agitateurs. Soyez fous, soyez inconscients !
Soyez des artistes, enfin, au lieu de nous parler d’ « équipements culturels ». C’est du Théâtre de l’Atelier dont vous parlez, un lieu autrefois brûlant d’audace et d’exigence. Rappelez-vous, celui de Dublin, Pitoeff, Baty et Jouvet. Mais vous vous en rappelez, suis-je bête, puisque vous vous en réclamez sur votre site, aussi léché qu’un timbre sur une déclaration d’impôts. Or c’étaient des artistes, eux, et pas des fonctionnaires de la culture en quête de respectabilité, des adeptes du « pas de vagues » et des portes closes. De toute façon, closes, elles le sont, même quand elles sont ouvertes. Comme d’habitude, vous êtes déprimants là où vous devriez être galvanisants.
Un peu de panache ! Cessez d’être des Montfleury et soyez un peu des Cyrano, puisque vous osez vous en réclamer.
Soyez clandestins, soyez admirables, un peu !
Baptiste Belleudy, metteur en scène et comédien
(Mes excuses pour les fautes de frappe : il fallait bien sûr lire Dullin – et non pas Dublin, même si un peu d’énergie de pub irlandais ne ferait pas de mal à ce théâtre – et Pitoëff.)