Avec At the still point of the turning world Renaud Herbin orchestre la rencontre de la marionnette et de la danse. Un pas de deux porté par Julie Nioche et quelques ombres et créé TJP Centre Dramatique National Strasbourg.
C’est une marionnette qui ouvre At the still point of the turning world d’une démarche hésitante. Manipulée par Renaud Herbin, la créature de bois clair et latex disparaît bien vite. Un songe que le final de At the still point of the turning world réanimera de belle manière. Place alors à ce décor mouvant, un gril, des fils et, suspendus, des sacs dont le contenu est la plus belle énigme de cette pièce : des corps de marionnettes, des messages, de la terre ? Dans la coulisse Renaud Herbin et Aïtor Sanz Juanes s’activent en douceur. Ils créeront au long des minutes une mer déchainée, un ciel ennuagé ou qui sait un rêve éveillé.
Face à ce paysage se tient Julie Nioche danseuse et chorégraphe. De dos elle semble regardait au loin. Puis finit pas franchir cette forêt de fils. Toute la chorégraphie tient dans la fluidité d’une silhouette comme absorbée par la scénographie en mouvement. Va et vient d’une ode maritime qui ne dit pas son nom. Sur la bande-son live de Sir Alice faite de bruits, de cris, de chants –un écrin sonore séduisant-, Nioche se fond littéralement dans le décor. Il manque à cet instant une tension mettant la danse en résistance ; Plus tard, au sol, Julie Nioche offre au regard une autre présence, vaincue mais superbe. At the still point of the turning world joue sur plusieurs tableaux du théâtre d’objets à la performance.
Lorsque les quatre solistes se croisent enfin entre fils tendus et lumières diffuses cette communauté d’âmes fait mouche. S’il n’y a bien qu’une danseuse sur le plateau on peut dire que la vision de Renaud Herbin et Aïtor Sanz Juanes pris dans le jeu de la manipulation vaut son pesant d’émotion. Le titre de cette œuvre est emprunté à un vers de T.S. Eliot. « Au point de quiétude du monde qui tournoie » se trouve peut-être une marionnette. Le duo qui réunit dans les derniers instants celle-ci et Julie Nioche est d’une infinie délicatesse.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
At the still point of the turning world conception Renaud Herbin
CONCEPTION RENAUD HERBIN / EN COLLABORATION AVEC JULIE NIOCHE, SIR ALICE ET AÏTOR SANZ JUANES / JEU JULIE NIOCHE EN ALTERNANCE AVEC LISA MIRAMOND, RENAUD HERBIN, SIR ALICE ET AÏTOR SANZ JUANES / ESPACE MATHIAS BAUDRY / MARIONNETTES PAULO DUARTE / AVEC L’AIDE DE JULIETTE DESPROGES / LUMIERE FANNY BRUSCHI /CONSTRUCTION CHRISTIAN RACHNER / RÉGIE GÉNÉRALE DE CRÉATION THOMAS FEHR / RÉGIE GÉNÉRALE DE TOURNÉE OLIVIER FAUVELTJP Centre Dramatique National Strasbourg – Grand Est – Jusqu’au 21 octobre 2018
La Vignette, Scène conventionnée université Paul-Valéry / Montpellier – les 28 & 29 novembre 2018
Maison de la Culture d’Amiens – Pôle européen de création et de production / Amiens – du 11 au 13 décembre 2018
Le Granit, Scène Nationale / Belfort – le 16 janvier 2019
Espace Malraux – Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie / Chambéry – les 29 & 30 janvier 2019
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre Dramatique National / Sartrouville – les 6 & 7 février 2019
Centre Culturel André Malraux – Scène Nationale / Vandoeuvre-lès-Nancy – les 21 & 22 mars 2019
Biennale Internationale des Arts de la Marionnette / Carreau du Temple / Paris – les 3, 4 & 5 mai 2019
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