Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Best Off
  • Carte Sceneweb+
    • S’abonner
    • Ma Carte
    • Nos partenaires
  • Rechercher
  • Menu Menu

Arnaud Meunier : « J’ai clairement pris la décision de mettre entre parenthèses mon métier de metteur en scène »

Actu, Théâtre

© Eric Viou

Directeur depuis 2011 de la Comédie de Saint-Étienne et de son école supérieure d’art dramatique, Arnaud Meunier quittera la tête du Centre dramatique national en janvier prochain. Le metteur en scène partira pour Grenoble où il dirigera la MC2, scène nationale. Un changement important dans son parcours comme dans la constitution du paysage culturel – les scènes nationales n’étant habituellement pas dirigées par des artistes, au contraire des CDN. Autour de ces nouveaux enjeux, Sceneweb a rencontré Arnaud Meunier.

Qu’est-ce qui vous a amené à souhaiter diriger une scène nationale ?
Beaucoup de choses. Mais je ne dirais pas que j’ai postulé « à la direction d’une scène nationale » : j’ai postulé à la direction de la MC2 de Grenoble, c’est très différent je crois. De par son histoire, son bâtiment, son équipe, son budget, la MC2 est un outil complètement voué à la création. Ayant développé à la direction d’un Centre dramatique national une compétence de producteur, j’ai eu envie de prolonger cette expérience à Grenoble. Et puis j’aime les défis, développer les maisons, les outils, les projets. Sous mon mandat à Saint-Étienne, le budget annuel de la Comédie est passé de 4,6 millions à 7,2 millions d’euros. Quel projet aurait pu m’exciter davantage que de diriger la MC2 avec l’ambition d’en faire une maison de production pluridisciplinaire ?

Cela signifie-t-il que vous allez laisser de côté votre travail de metteur en scène ?
Vu le travail qui m’attend, j’ai clairement pris la décision de mettre entre parenthèses mon métier de metteur en scène. Mais cela ne m’empêchera pas d’utiliser mon répertoire, d’autant que j’ai des spectacles que je compte mener à leur terme : Candide, de Voltaire (créé en octobre 2019) et Tout mon amour, de Laurent Mauvignier (qui sera créé en février 2021). Ce n’est donc pas un sevrage brutal et radical, puisque ces projets prévus ou en cours de tournée continueront à vivre. En revanche, il n’y aura pas de nouvelle création pour l’instant. J’ai décidé de me vouer complètement à la direction de la MC2, afin de pouvoir y mener au mieux le projet artistique que j’ai écrit pour ce lieu. Pour moi, il s’agit d’une réorganisation de mes priorités, et de la mise en œuvre de mon désir de ne pas produire uniquement du théâtre, mais d’œuvrer à des créations d’autres disciplines et si possible transdisciplinaires.

Comment vivez-vous cette « mise entre parenthèses » ?
C’est quelque chose que j’ai déjà vécu en arrivant à Saint-Étienne, où la maison était alors franchement mal en point. Ce n’est que lors de ma troisième saison à la tête du CDN que j’y ai fait ma première création : Chapitres de la chute, Saga des Lehman Brothers, de Stefano Massini. Par ailleurs, je m’interroge fortement sur ce devoir de créer tous les ans quand on est à la tête d’un CDN. Il y a là une obligation qui mériterait d’être fortement repensée. Accompagner les projets et les désirs des autres me va très bien.

Pensez-vous que votre manière d’accompagner des artistes sera différente du fait du changement de structure et, donc, de missions ?
Non. Je crois dans les personnes et dans les projets, bien plus que dans les « cahiers des charges ». Toutefois, je suis heureux de rejoindre cette « belle famille » des Scènes nationales où j’ai beaucoup d’ami.e.s et de complices depuis longtemps. Je crois utile de pouvoir être une passerelle entre ces deux histoires de la décentralisation qui sont très complémentaires. La MC2 est un outil exceptionnel et atypique : elle abrite un centre chorégraphique national, elle dispose de 3 salles de spectacles, d’un auditorium, de 3 salles de répétition, d’un atelier de construction de décors, d’un de costumes, elle a la responsabilité des options théâtre de son territoire. La MC2, ce sont 22 000 m2 dédiés à la création : peu de structures ont de telles possibilités. Dans ma capacité à accompagner les autres artistes, je considère le fait d’être moi-même metteur en scène comme un atout. Les affres de la création sont des choses que je connais intimement. Et à Saint-Étienne, j’ai pris autant, voire parfois plus, de plaisir à accompagner les projets d’autres artistes que de monter les miens. Le rôle d’un directeur de CDN excède très largement la simple mise en scène de ses propres spectacles, c’est cela que notre génération a fait advenir, bataillant pour évacuer les derniers clichés attachés à ces maisons. À Saint-Étienne, j’ai démontré mon appétit pour repérer, accompagner, produire : je pense par exemple aux artistes Émilie Capliez et Mathieu Cruciani, aujourd’hui co-directeurs du CDN de Colmar, qui étaient inconnus lorsqu’ils ont commencé à être artistes associés à la Comédie en 2011. Ou à Tamara Al Saadi, que j’ai repérée avant qu’elle ne soit récompensée en 2018 par le prix du Jury du Festival Impatience.

Vous évoquez les changements mis en œuvre par une génération de directeurs de CDN. Quels sont-ils ?
Tout n’était pas blanc ou noir avec la génération de nos aînés, loin s’en faut ! Mais la génération qui passe à présent la main a collectivement et indéniablement fait évoluer les CDN, de manière très nette, vers un modèle plus ouvert et plus partagé. Je vais vous donner un chiffre : à Saint-Étienne, l’ensemble de mes créations représente 10% de mon disponible artistique. C’est Richard Brunel [précédent directeur de la Comédie de Valence, ndlr] qui a commencé, le premier, à calculer ce chiffre, afin de rendre lisible le partage effectif des moyens de production. De même, je pense qu’il n’y a plus aucun CDN aujourd’hui qui n’a pas d’artistes ou de compagnies associées ; ou qui fonctionne en autarcie, sans coproductions ni partenariats avec d’autres théâtres publics – tous labels confondus ; les directions se renouvellent à présent très régulièrement… Nous avons fondé une association et avons œuvré à des intelligences collectives pour modifier les pratiques et continuer à inventer, de manière vivante, la décentralisation d’aujourd’hui. L’outil CDN est extraordinaire en cela qu’il connecte l’énergie de la création avec les territoires, ce qui est un fort vecteur de fiertés partagées. Que des spectacles soient entièrement répétés en région ou en banlieue avant de partir en tournée ; d’être constamment dans ce grand écart de travailler au cœur de nos villes d’implantation tout en rayonnant le plus loin possible – et souvent à l’étranger : c’est un défi quotidien passionnant. J’ai beaucoup appris à Saint-Étienne et je suis fier du travail accompli avec mon équipe qui s’est montrée dévouée et engagée à chaque instant. Je n’ai jamais compris ceux qui ont cherché à marginaliser et à ringardiser les CDN. Ils sont un maillon essentiel dans l’accompagnement des compagnies et dans la synergie avec les autres labels. Je note aujourd’hui que les querelles de chapelles se sont fort heureusement beaucoup atténuées. Le renouvellement et la féminisation des directions y a beaucoup contribué, je crois. Et par ailleurs, nous avons collectivement appris à réfléchir en dehors du cadre hexagonal. Tout cela aide à additionner nos forces, à jouer collectif. Mon arrivée à la tête d’une grande Scène nationale témoigne de ce changement d’époque et de paradigme. C’est un signe positif pour l’ensemble de notre profession. J’ai pour habitude de dire que ma génération a lutté contre une forme de « persistance rétinienne » chez certains professionnels et même certains journalistes pour faire reconnaître que les CDN jouaient bien leur rôle dans l’écosystème du théâtre public. J’ai la nette sensation que nous y sommes parvenus. Que des talents comme Julie Deliquet ou Thomas Jolly prennent le relais aujourd’hui est le signe d’une vitalité indéniable.

Quels sont pour vous les enjeux majeurs propres au territoire grenoblois ?
Grenoble a toujours été une terre d’innovation. C’est aussi une ville avec une très forte mixité sociale. Le nombre d’ingénieurs scientifiques y est le double de la moyenne nationale mais la ville a aussi des quartiers prioritaires parmi les plus difficiles de France. C’est cette mixité que je souhaite retrouver dans les salles de la MC2. Par ailleurs, les mouvements d’éducation populaire y sont très actifs et très pertinents : une véritable synergie peut s’inventer avec eux. Pour cela, nous allons développer la présence artistique en incitant les équipes à s’implanter ou à revenir à Grenoble. Cela peut se faire de manière ponctuelle, à l’occasion de résidences de création, mais cela peut aussi se penser de manière plus durable. Les artistes associés auront un abri pour rêver et développer leurs projets mais elles et ils devront aussi penser l’articulation de leur travail avec le territoire et les populations. Je suis un enfant de la démocratisation culturelle : je crois profondément en ce lien unique entre les artistes et les gens. C’est cela qui permet une réelle appropriation. La MC2 a une histoire citoyenne et militante que je souhaite retrouver sans rien abandonner de notre ambition artistique. Elle est à un tournant de son histoire qui coïncide avec les grands enjeux de transition de notre société. Tout cela s’imaginera avec l’ensemble de l’équipe et des partenaires de la MC2 et je veux ici remercier et saluer Jean-Paul Angot qui a beaucoup contribué à la transformation physique de la maison et à son développement dans le réseau professionnel. Je m’inscris dans une belle et longue histoire et j’en suis heureux. Il m’incombe, à présent, de tracer de nouvelles perspectives dans un paysage certes troublé et incertain mais en même temps propice à de nouvelles réflexions et à de belles aventures.

Propos recueillis par Caroline Châtelet – www.sceneweb.fr

23 septembre 2020/par Caroline Chatelet
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur Twitter
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
Vous aimerez peut-être aussi
Arnaud Meunier: « Avec Retour au désert, on est entre Gogol, Flaubert et Shakespeare »
Arnaud Meunier monte Tout mon Amour de Laurent Mauvignier à l'Espace des Arts et au Théâtre du Rond-PointTout mon amour : Arnaud Meunier face aux débordements du passé
La Saison 2016/2017 du Théâtre du Rond-Point !
Vers un dépôt de bilan pour 15 Centres Dramatiques Nationaux ?
Qui pour diriger le TNP de Villeurbanne en 2020 ?
D’un 11 septembre à l’autre: un livre pour raconter la création du spectacle d’Arnaud Meunier
Cap sur la jeunesse pour la nouvelle Comédie de Saint-Etienne !
L’épopée de Fabrice Melquiot
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 19000 spectacles référencés


© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut

Ce site utilise des cookies. En continuant à naviguer sur le site, vous acceptez notre utilisation des cookies.

OKSavoir plus

Cookies et paramètres de confidentialité



Comment nous utilisons les cookies

Nous pouvons demander que les cookies soient mis en place sur votre appareil. Nous utilisons des cookies pour nous faire savoir quand vous visitez nos sites Web, comment vous interagissez avec nous, pour enrichir votre expérience utilisateur, et pour personnaliser votre relation avec notre site Web.

Cliquez sur les différentes rubriques de la catégorie pour en savoir plus. Vous pouvez également modifier certaines de vos préférences. Notez que le blocage de certains types de cookies peut avoir une incidence sur votre expérience sur nos sites Web et les services que nous sommes en mesure d’offrir.

Cookies Web Essentiels

Ces cookies sont strictement nécessaires pour vous délivrer les services disponibles sur notre site et pour utiliser certaines de ses fonctionnalités.

Du fait que ces cookies sont absolument nécessaires au bon rendu du site, les refuser aura un impact sur la façon dont il fonctionne. Vous pouvez toujours bloquer ou effacer les cookies via les options de votre navigateur et forcer leur blocage sur ce site. Mais le message vous demandant de les accepter/refuser reviendra à chaque nouvelle visite sur notre site.

Nous respectons votre choix de refuser les cookies mais pour éviter de vous le demander à chaque page laissez nous en utiliser un pour mémoriser ce choix. Vous êtes libre de revenir sur ce choix quand vous voulez et le modifier pour améliorer votre expérience de navigation. Si vous refusez les cookies nous retirerons tous ceux issus de ce domaine.

Nous vous fournissons une liste de cookies déposés sur votre ordinateur via notre domaine, vous pouvez ainsi voir ce qui y est stocké. Pour des raisons de sécurité nous ne pouvons montrer ou afficher les cookies externes d’autres domaines. Ceux-ci sont accessibles via les options de votre navigateur.

Cookies Google Analytics

Ces cookies collectent des informations de manière compilée pour nous aider à comprendre comment notre site est utilisé et combien son performantes nos actions marketing, ou pour nous aider à personnaliser notre site afin d’améliorer votre expérience de navigation.

Si vous ne souhaitez pas que votre visite soit pistée sur notre site vous pouvez bloquer ce pistage dans votre navigateur ici :

Autres services externes

Nous utilisons également différents services externes comme Google Webfonts, Google Maps, autres hébergeurs de vidéo. Depuis que ces FAI sont susceptibles de collecter des données personnelles comme votre adresse IP nous vous permettons de les bloquer ici. merci de prendre conscience que cela peut hautement réduire certaines fonctionnalités de notre site. Les changement seront appliqués après rechargement de la page.

Réglages des polices Google :

Réglages Google Map :

Réglages reCAPTCHA :

Intégrations de vidéo Vimeo et Youtube :

Autres cookies

Les cookies suivants sont également requis - Vous pouvez choisir d’autoriser leur utilisation :

Politique de Confidentialité

Vous pouvez lire plus de détails à propos des cookies et des paramètres de confidentialité sur notre Page Mentions Légales.

Politique de confidentialité
Accept settingsHide notification only