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Matin et Soir : Jon Fosse, d’un néant à l’autre

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo Hervé Bellamy

Dans une ambiance très « régyesque », Antoine Caubet adapte, avec sensibilité, le roman existentiel de l’auteur norvégien. Une performance à réserver aux aficionados du genre.

Sous sa simplicité déconcertante, à la recherche constante d’une épure qui tente de saisir les variations du néant, l’écriture de Jon Fosse renferme un monde enfoui qu’il appartient aux spectateurs de déceler. Fascinante pour certains, l’expérimentation d’un tel théâtre, en quête de pureté existentielle, peut être, il convient de les mettre en garde, un supplice de Tantale pour ceux qui ne parviendraient pas à en trouver la clé. Dans ce rapport complexe entre public et matériau dramatique, le metteur en scène joue, plus que jamais, le rôle de passeur. Cette fonction, Antoine Caubet la remplit, avec une extrême sensibilité. Dans son adaptation de Matin et Soir, il ne cherche jamais à « faire parler » le texte, à lui extorquer du sens. Tout juste souhaite-t-il en faciliter la transmission pour permettre à tout un chacun d’en faire son propre miel.

Car c’est le récit de toute une vie, ou presque, que Jon Fosse décrit par touches impressionnistes. Mais, plutôt que de conter, par le menu, les 80 années de l’existence de Johannes, l’écrivain préfère en analyser les bornes. Comme un prélude, un matin, l’homme nait. Alors qu’il n’a pas encore vu le jour, il existe déjà, raconte ses sensations, et expérimente le traumatisme heureux de l’accouchement. Et puis, un autre matin, huit décennies plus tard, l’homme se réveille. Un rien ragaillardi, mais sans envies, ni même pour ce café-clope qui a pourtant toujours sonné le départ de ses journées. Sur le chemin qui le conduit vers son vieil ami Peter, puis vers sa fille Signe, Johannes se rend compte, peu à peu, qu’il n’existe presque plus, que la vie, en lui, est en train de s’éteindre, que cette journée où il n’est déjà plus qu’un fantôme, sera la dernière, avant le saut vers l’inconnu, vers ce grand large dont il n’a même plus peur.

Ce cheminement d’un néant à l’autre, Pierre Baux l’accompagne avec solidité. Grâce à son expérience scénique qui lui confère une vraie force de jeu, le comédien apporte, malgré le récit à la troisième personne, juste ce qu’il faut de chair au personnage de Johannes. Maladroitement secondée par Antoine Caubet et Marie Ripoll, en Peter et Signe qui jouent plus qu’ils ne pensent ce qu’ils expriment, la performance, quasi-monologuée, repose alors presque entièrement sur ses épaules.

Heureusement, le metteur en scène ne l’a pas laissé complètement seul à la barre. Dans une ambiance que Claude Régy ne renierait sans doute pas, il a souhaité accompagner la transmission du texte de Jon Fosse autant par le jeu que par la scénographie. Sorte d’antichambre métaphorique de l’existence, l’espace scénique, qui tend à être enseveli par les eaux, se transforme en îlot minéral tout en (dés)équilibre, comme cette vie qui progressivement se renverse et passe par-dessus bord. Sobre et élégant à la fois, il participe, avec la composition au violoncelle de Vincent Courtois et les lumières de Romain Le Gall Brachet, à la saveur d’un spectacle exigeant, qui pourra, en dépit de ses qualités, laisser certains de marbre.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Matin et Soir
d’après Jon Fosse
Traduction Terje Sinding (Editions Circé)
Adaptation, scénographie et mise en scène Antoine Caubet
Avec Pierre Baux, Antoine Caubet et Marie Ripoll
C
omposition et violoncelle Vincent Courtois
Assistante Marlène Durantau
Lumière Antoine Caubet et Romain Le Gall Brachet
Son Valérie Bajcsa
Costumes Cidalia Dacosta
Maquillages et perruque Magali Ohlman

Production Compagnie Théâtre Cazaril (Compagnie conventionnée Drac Île-de-France) ; coproduction Théâtre de l’Aquarium, avec le soutien d’ARCADI Île-de-France, de l’ADAMI et de la SPEDIDAM. Jon Fosse est représenté par l’Arche, agence théâtrale.

Durée : 1h20

Théâtre de l’Aquarium, Paris
Du 5 au 24 février 2019

Carré Sam, Boulogne-sur-Mer
Le 28 février

7 février 2019/par Vincent Bouquet
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