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Rambuku, îlot de résistance

Les critiques, Moyen, Théâtre, Toulouse
tg Stan et Maatschappij Discordia montent Rambuku de Jon Fosse au Théâtre de la Bastille
tg Stan et Maatschappij Discordia montent Rambuku de Jon Fosse au Théâtre de la Bastille

Photo Tim Wouters

En la prenant curieusement au pied de la lettre, Kayije Kagame, Damiaan De Schrijver et Matthias de Koning vident l’œuvre de Jon Fosse d’une bonne partie de sa substance au Théâtre de la Bastille.

Avec Jon Fosse, Damiaan De Schrijver et Matthias de Koning naviguent en territoire connu. Du dramaturge, les comédiens, respectivement membres des collectifs tg STAN et Maatschappij Discordia, avaient sublimé, il y a quelques mois seulement, Je suis le vent. A cette belle aventure maritime, ils avaient réussi à donner la force de l’évidence en offrant à leurs personnages, l’Un et l’Autre, un relief de chair et d’os, avec juste ce qu’il faut de décalage dans leur jeu. Une réussite qui n’avait rien d’un coup d’essai pour Damiaan De Schrijver. Quelques années plus tôt, le turbulent comédien s’était déjà mesuré à l’écriture si particulière de l’auteur norvégien avec Dors mon petit enfant, qui constituait le prologue du spectacle de tg STAN, Quoi/Maintenant. Une première incursion qui lui a, explique-t-il aujourd’hui, donné « envie de connaître davantage Jon Fosse » et de lire « son œuvre complète, roman inclus ». Pris dans cette boulimie fossienne, l’artiste belge est alors tombé sur Rambuku et a immédiatement choisi de le confier à une jeune comédienne, Kayije Kagame. Façon, pour lui, d’ouvrir le tandem qu’il forme habituellement avec Matthias de Koning, sans savoir qu’il en dérèglerait, par là même, l’habile mécanique.

Car, dans Rambuku, comme dans bien des œuvres de Jon Fosse, tout est affaire de savant équilibre, de ligne de crête qui, si elle est maladroitement approchée, peut tout faire chavirer. Au cœur d’un espace indéfini, se tiennent une femme et un homme. Elle paraît aussi enthousiaste que lui est stoïque, le regard dans le vague, mutique. Elle est prête à partir pour Rambuku alors que lui ne montre pas tout à fait le même entrain. Au long de ce quasi-monologue, leur relation se révèle passablement ambigüe. Ces deux-là peuvent, tout aussi bien, être un vieux couple marié que de jeunes conjoints aux antipodes, avec, et c’est là l’une des seules certitudes, des sentiments largement émoussés. Eldorado aux yeux de cette femme qui n’en démord pas, Rambuku peut figurer une somme colossale d’hypothèses : est-ce un paradis perdu, un paradis à venir, un autre monde, une rupture ou, plus simplement, la mort ? Peut-être, et sans doute, un peu de tout cela en même temps, et c’est bien là que se situe la magie du texte de Jon Fosse.

Avec ses phrases simples et ses mots simples qui reviennent telles des antiennes, le dramaturge norvégien parvient à faite naître un univers empli de paradoxes, à la fois lumineux et inquiétant, porteur d’autant d’espoir que de désespoir. Sous sa houlette, la femme évolue peu à peu, sans même qu’on le perçoive franchement. A mesure qu’elle intime à l’homme qui l’accompagne l’ordre de répéter certaines phrases, de lire certains mots qu’elle griffonne sur des bouts de papier, une sorte d’emprise psychologique s’installe. Tout se passe comme si la femme devenait duale, comme si l’enthousiasme des débuts laissait place à une forme d’autoritarisme, comme si elle voulait transformer cet homme, quitte, pour cela, à en faire sa chose, son pantin. Autant de conjectures, parmi d’autres possibles, qui ne peuvent advenir que si le mystère qui matrice l’œuvre de Jon Fosse se voit préservé, traité comme un bien parmi les plus précieux.

En lieu et place, Kayije Kagame, Damiaan De Schrijver et Matthias de Koning ont fait le choix de prendre ce texte au pied de la lettre, de façon curieusement très incarnée, et de l’entraîner vers un ersatz de réalisme. Si leur présence peut parfois faire mouche, et rire, voire impressionner dans le cas de Kayije Kagame, leur parti-pris, fondé sur une étrange légèreté, cogne avec l’œuvre, et ne parvient pas à en restituer la profondeur. Surtout, le trio bute à intervalles réguliers sur l’une de ses principales difficultés, l’absence de ponctuation, qui, si elle n’est pas surmontée à l’aide de pauses et d’enchaînements pointilleusement maîtrisés, peut donner une désagréable impression de fausseté. Soumis à cette fragile et singulière direction, Rambuku ne peut alors qu’entrer en résistance, et refermer ses portes avant même d’avoir pu les entrouvrir.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Rambuku
Texte Jon Fosse
De et avec Kayije Kagame, Damiaan De Schrijver, Matthias de Koning

Production tg STAN ; Maatschappij Discordia
Coproduction Théâtre Garonne – scène européenne (Toulouse) ; Théâtre La Mouche (Saint-Genis-Laval)
Coréalisation Théâtre de la Bastille (Paris) ; Festival d’Automne à Paris

Durée : 50 minutes

Théâtre de la Bastille, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 6 au 22 décembre 2021, puis du 4 au 15 janvier 2022

Théâtre de la Mouche, Saint-Genis-Laval
le 20 janvier

Théâtre Garonne, Toulouse
du 26 au 29 janvier 2022

8 décembre 2021/par Vincent Bouquet
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