Alain Delon est mort à l’âge de 88 ans, ont annoncé ce dimanche 18 août ses trois enfants dans un communiqué commun à l’AFP. Monstre sacré du cinéma français, le comédien est aussi monté régulièrement sur les planches.
Il a tourné plus de 80 films, dont beaucoup de chefs d’oeuvre, il est aussi monté plusieurs fois sur scène dans sept pièces. Sa carrière au théâtre débute en 1961 dans Dommage qu’elle soit une putain au théâtre de Paris aux côtés de Romy Schneider dans une mise en scène de Luchino Visconti qui venait d’achever avec lui au cinéma Rocco et ses frères (1960), avant Le Guépard (1963). En avril 1968, Alain Delon désormais star, joue dans Les Yeux crevés de Jean Cau dans une mise en scène de Raymond Rouleau au théâtre du Gymnase à Paris. La pièce devait initialement se créer en novembre 1967 au théâtre Montparnasse avec Curd Jurgens, c’est finalement Jacques Daqcmine qui incarne le rôle de Gottfried, mais les événements de Mai 68 interrompent les représentations.
Après une très longue pause, Alain Delon revient au théâtre en 1996 au théâtre Marigny dans Variations énigmatiques avec Francis Huster. Une pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt dans une mise en scène Bernard Murat. La pièce sera reprise en 1998 avec Stephane Freiss.
En 2004 au théâtre Marigny, Anne Bourgeois le met en scène dans Les Montagnes Russes d’Éric Assous. « Un de mes plus beaux souvenirs lorsqu’on jouait au Théâtre Marigny : la tête d’Alain Delon recevant les hurlements de rire de la salle. Oui, c’était la première fois qu’il jouait dans une comédie au théâtre, et forcément, il a découvert ce bonheur-là : entendre une salle réagir. Magnifique » explique la metteuse en scène sur son site.
La création de La Route de Madison en 2007 est un évènement. Mireille Darc et Alain Delon qui ont formé un couple de 1968 à 1983, se retrouvent dans cette adaptation du roman de Robert James Waller par Didier Caron et Dominique Deschamps. Avec Anne Bourgeois à la mise en scène. « J’ai souvent demandé à Alain pourquoi avoir choisi cette oeuvre-là, et pas une autre, pour retrouver Mireille sur un plateau. Parmi tous ses arguments d’amour en faveur de cette histoire tellement triste, il y avait aussi cette chose qui le bouleversait : « dans la vie, j’ai quitté Mireille, je lui ai fait beaucoup de peine. Dans la pièce, c’est elle qui refuse de me suivre. On inverse. » Je pense que peut-être, il réparait quelque chose, à travers le théâtre » commente la metteuse en scène.
En 2008, il partage la scène avec Anouk Aimée dans Love Letters au Théâtre de la Madeleine. Enfin en 2011, il retrouve la plume d’Eric Assous dans Une journée ordinaire avec sa fille Anouchka. Tout d’abord dans une mise en scène de Jean-Luc Moreau, puis en 2013 dans une nouvelle mise en scène d’Anne Bourgeois au Théâtre des Bouffes Parisiens. « C’est une aventure qui m’est arrivée dans la douleur, car Alain avait déjà joué cette pièce deux ans plus tôt. A ce moment-là je n’étais malheureusement pas libre pour les accompagner lui et sa fille dans cette création qui avait été inventée pour eux par notre regretté Eric Assous. J’en étais malade, Alain Delon en était très fâché, mais j’avais signé bien en amont pour un autre spectacle et pas question pour moi de répéter autre chose en même temps qu’une pièce avec Alain » se souvient Anne Bourgeois. « Je garde le souvenir d’Anouchka serrant son père dans ses bras juste avant que le rideau ne se lève : cette complicité douce et infiniment respecteuse entre les deux partenaires; l’un dévorant l’autre des yeux aux saluts, ne cessant de se remercier; Les yeux d’Alain sur sa fille en essayage costumes, devant cette robe rouge tellement féminine : il n’a jamais désapprouvé, il nous faisait confiance, mais il recevait à chaque seconde le sujet de la pièce comme un coup de poing: son enfant était devenue une femme. »
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