La compagnie allemande basée à Wuppertal est à l’affiche à Paris avec deux créations originales, les premières depuis la disparition de Pina Bausch. Since She du grec Dimitris Papaioanou à la Villette et du Bon voyage Bob du norvégien Alan Lucien Oyen à Chaillot.
L’histoire récente de la danse a dû, au fil des ans, faire avec la disparition de ses maîtres. Martha Graham, Merce Cunningham, Maurice Béjart ou Trisha Brown pour ne citer que les plus connus. Dès lors comment faire vivre un répertoire et une compagnie ? Du côté de Graham ou Béjart la survie se joue en dansant, les troupes étant sous la direction artistique d’anciens solistes. Pour Cunningham, Merce lui-même avait imaginé un système de « dance capsule » –les éléments d’un ballet réunis et permettant une reprise- et si la compagnie n’existe plus en tant que telle, des institutions en Europe à l’instar du Ballet de l’Opéra de Lyon, le Ballet de Lorraine ou le CNDC Angers perpétuent l’art de Merce Cunningham. La preuve par Montpellier Danse puis le Festival d‘automne célébrant cette année le génie américain. Quant à Trisha Brown, on pourra revoir certaines pièces dans les mois à venir même si l’avenir d’une compagnie paraît incertain, dans un pays, les Etats-Unis, où la danse contemporaine est assez peu soutenue.
Du côté de Wuppertal, une fois la stupeur de la disparition de Pina Bausch en 2009 passée, la troupe a continué avec des jeunes danseurs recrutés –beaucoup aujourd’hui n’ont ainsi pas connu Pina- et les « anciens ». Une fondation Pina Bausch sous la houlette de son fils Salomon gère ainsi les reprises de ballet iconique comme le Sacre du printemps. Ainsi le Théâtre de la Ville annonce dans sa saison prochaine une nouvelle version avec des danseurs africains sous le regard de Germaine Acogny. Ce même Sacre, qui après l’Opéra de Paris, est déjà entré au répertoire de l’English National Ballet. On devrait voir en décembre prochain une autre entrée au répertoire du Ballet du Semperoper : Iphigénie en Tauride, pièce de Pina Bausch des années 70. Ce n’est que le début… Mais c’est au sein même de la légende, le Tanztheater Wuppertal, que les surprises risquent d’être les plus grandes. Après un galop d’essai en 2016 et des commandes de pièces courtes à des chorégraphes européens –dont le tandem François Chaignaud/Cecilia Bengolea ! – le Tanztheater est passé à la vitesse supérieure en 2018 avec une invitation à deux noms en vue de la scène actuelle. Le Grec Dimitris Papaioannou et le norvégien Alan Lucien Oyen.
Pour avoir vu Since She de Papaioannou à Wuppertal on peut dire que ce choix est plus que judicieux entre hommage « Bauschien » à distance et inventivité. Ces deux commandes signaient la volonté d’Adophe Binder, nouvelle directrice artistique du Tanztheater Wuppertal, d’offrir un horizon dégagé aux danseurs. Hélas son brutal licenciement quelque temps plus tard n’a pas rassuré. Mais la compagnie a de quoi faire : des créations de Pina Bausch, peu ou pas jouées depuis longtemps, retrouvent ces jours-ci le haut de l’affiche. Comme Il la prend par la main…. remonté ce printemps ou les Sept Péchés capitaux attendu au Châtelet en mars 2020. Alors un répertoire pour survivre ? Pas seulement et c’est tant mieux : un danseur a besoin de création pour nourrir son travail. Le Tanztheater vient ainsi d’annoncer un programme au titre explicite : Encouters. Des chorégraphes comme Sidi Larbi Cherkaoui, Rainer Behr ou Richard Siegal iront à la « rencontre » des interprètes de Wuppertal. Pina Bausch plus que toute autre aimait les croisements, les dialogues.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Bon voyage, Bob chorégraphie Alan Lucien Oyen, Théâtre de Chaillot du 29 juin au 3 juillet 2019
Since She, chorégraphie Dimitris Papaioannou, Grande Halle de la Villette du 8 au 11 juillet 2019
Avec le Tanztheater Wuppertal
Théâtre de la Ville Hors les murs www.theatredelaville-paris.com
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