Une nouvelle saison s’ouvre pour le monde du spectacle vivant, fragilisé depuis un an et demi par la pandémie de la Covid-19. La mise en place du pass sanitaire cet été va permettre aux artistes de retrouver le public. La saison s’annonce riche, trop riche peut-être avec de nombreux reports de la saison dernière et un choix démultiplié pour le public. Voici de quoi faire votre programme avec nos têtes d’affiche pour cette rentrée de septembre.
Marina Abramović dans 7 Deaths of Maria Callas à l’Opéra Garnier
Figure pionnière de l’art performatif Marina Abramović ouvre la saison de l’opéra Garnier avec 7 Deaths of Maria Callas dans le cadre du Festival d’Automne.
Le caractère autobiographique de son œuvre, nourri de la violence inhérente à ses désillusions et drames amoureux, trouve une résonance particulière avec la vie de Maria Callas.
À la croisée du théâtre lyrique, de la performance et de l’art vidéo, 7 Deaths of Maria Callas réunit des arias des rôles marquants de la soprano.
Lucinda Childs au Festival d’Automne pour deux spectacles avec Bob Wilson
La chorégraphe américaine est de retour à Paris pour deux créations partagées avec le metteur en scène texan Bob Wilson. Avec la violoniste Jennifer Koh, ils s’emparent de la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière dans BACH 6 SOLO. Une chorégraphie pour quatre danseurs, sur les Sonates et partitas pour violon seul de Bach.
Puis Robert Wilson et Lucinda Childs transmettent I was sitting on my patio this guy appeared I thought I was hallucinating à deux nouveaux interprètes, Christopher Nell et Julie Shanahan, leur rôle dans ce solo dédoublé créé en 1977, un an à peine après la création d’Einstein on the Beach.
Régine Chopinot chorégraphie top à la MC 93
En 2019, la MC93 – Maison de la culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny invite la chorégraphe française Régine Chopinot et son équipe pour une résidence de longue durée – trois années – afin de présenter, en 2021, une nouvelle création chorégraphique.
Sept danseuses et danseurs, un batteur et un guitariste esquissent en plusieurs tableaux une vision allégorique de notre humanité, stimulant l’imaginaire à la manière d’une fiction sans texte.
Claïna Clavaron dans Hansel et Gretel au Studio de la Comédie-Française
Claïna Clavaron a été engagée en tant que pensionnaire dans la troupe de la Comédie-Française le 1er juin 2021. Formée au Conservatoire à rayonnement régional de Nice de 2015 à 2018 puis dans la Classe Libre du Cours Florent, elle est entrée à la Comédie-Française en 2019 sous le statut d’Artiste auxiliaire, avant d’intégrer la troupe.
Elle sera Gretel dans l’adaptation du conte des frères Grimm par la metteuse en scène Rose Martine, guyanaise d’origine haïtienne qui invente un univers qui prolonge la morale du conte écrit au XIXe siècle en Allemagne par les frères Grimm avec la culture « para-surnaturelle » dans laquelle elle a grandi, où le réel est peuplé de sorcières, d’esprits et d’animaux.
Virginie de Clausade met en scène The normal heart au Rond-Point
L’écrivain Larry Kramer fonde Act Up après avoir écrit The Normal Heart, acte militant, autobiographique. La pièce chorale est créée à Broadway en avril 1985 pour près de trois cents représentations.
Virginie de Clausade adapte et met en scène ce manifeste romancé et brûlant, portrait d’une lutte sans précédent contre l’un des fléaux du vingtième siècle. Il y est question de combat et d’engagement, de désir et de sexe, de peur et d’injustice, et surtout, partout, d’amour.
Ludmilla Dabo met en scène My Body is a Cage à La Tempête
Épuisées, vannées, kaput, H.S., sans nerfs, voilà où en sont les 5 protagonistes, 5 femmes, en ouverture de ce drôle de cabaret. Sous la houlette de Ludmilla Dabo, que les paillettes et le strass ne vous y trompent pas, il ne sera question que de fatigue, que chacune des interprètes célèbrera en chansons et en musique au carrefour de diverses langues.
Je veux offrir un espace de légèreté à ce qui apparaît comme un carcan dans nos vies.
Je veux évoquer et ouvrir les cages dans lesquelles je nous sens piégés, à cause de notre de manière vivre au quotidien.
Je veux bâtir des portes pour échapper au mal à dire.
Je veux rêver d’espoir et rabattre son caquet à nos inquiétudes intimes et collectives en convoquant un univers de fête.
Alain Françon met en scène La seconde surprise de l’amour de Marivaux, création au Théâtre du Nord
« Ce théâtre fait une confiance inouïe à la cure par le langage. Dans cette nouvelle épreuve, ce sont les échanges verbaux qui offriront le salut. Une “Langue des jardins ” homogène aux mouvements du cœur et de l’âme (pas de barbares dans ce théâtre) » explique Alain Françon qui est de retour sur le devant.
Six mois après l’attaque au couteau dont il a été victime à Montpellier en mars, le metteur en scène emmène son nouveau spectacle tout au long de l’année, dans une grande tournée qui débute par le Théâtre du Nord. « La seconde surprise de l’amour nous intéresse parce qu’elle n’est qu’une forme entre autres de la surprise existentielle…»
Myriam Gourfink présente Structure Souffle au Château de Vincennes
Lorsqu’elle réfléchit à ce qui l’a emportée vers la danse, Myriam Gourfink se remémore les bals populaires auxquels participaient ses parents. Entre élans et impulsions, la maîtrise du contrepoids – au cœur des danses en duo qu’ils pratiquaient – est l’élément que la chorégraphe retient pour nourrir Structure Souffle, sa nouvelle création pour huit danseuses.
Ces dernières forment une structure reliée et solidaire qui semble tantôt se dilater, tantôt se rétracter, comme pour mieux révéler le mouvement premier du corps : le souffle, principe fondateur du travail de l’artiste. Portée par une proposition sonore autonome et lovée dans la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes, Structure Souffle ouvre un large champ vibratoire. Dans cet écrin, la danse surgit de la rencontre entre inspirations et expirations.
Huming Hey dans On n’est pas là pour disparaitre au Théâtre 14
« J’imagine l’acteur Yuming Hey seul sur scène dans une atmosphère très blanche, très froide, presque médicale. Je veux garder l’indétermination des voix qui, dans le texte d’Olivia Rosenthal, fait écho à la perte d’identité. Le corps de l’acteur sera traversé par ces voix qui le dépassent et qui, chacune à leur manière, cherchent à endiguer l’effacement » explique le metteur en scène Mathieu Touzé.
Qu’il soit dirigé par Robert Cantarella, Pascal Rambert ou Bob Wilson, Yuming Hey s’inscrit, toujours, du côté de la performance. Comédien associé au projet du Théâtre 14, il fait l’ouverture de la saison du théâtre, dans la mise en scène de son co-directeur Mathieu Touzé, avant de reprendre un peu plus tard son rôle dans le Jungle book de Robert Wilson au Châtelet.
Bouchra Ouizguen chorégraphie Éléphant ou le temps suspendu au Festival d’Automne
Dans Éléphant ou le temps suspendu, Bouchra Ouizguen réunit des interprètes, chanteuses et musiciennes, issues de la tradition populaire marocaine du sud du pays et collaboratrices fidèles depuis plusieurs spectacles.
La chorégraphe Bouchra Ouizguen se saisit de ces questions grâce à l’émotion du mouvement et du son. Sans figer le sens, elle fait du plateau un lieu de rencontre entre des pratiques, des temporalités, des histoires différentes et construit ainsi un spectacle chorégraphique et sonore pour un temps collectif suspendu.
Matthieu Pastore met en scène Le Banquet. not a musical, not at all au Théâtre 13
Matthieu Pastore ouvre la saison du Théâtre 13, désormais dirigé par Lucas Bonnifait. Après des études de dramaturgie et de traduction à Lyon, il décide d’entreprendre un parcours de formation à l’école du Piccolo Teatro de Milan, dirigée par Luca Ronconi. En 2012, il a été récompensé par le Prix Hystrio à la vocation théâtrale. Le Banquet. not a musical, not at all a été lauréat du Prix Théâtre13 / Jeunes metteur·se·s en scène en 2020.
À partir du « Banquet » de Platon et en nourrissant son écriture de textes de Raymond Carver et d’Anne Dufourmontelle, le metteur en scène Matthieu Pastore propose, le temps d’une soirée, d’explorer les interférences entre désir et amour.
Maëlle Poésy met en scène 7 minutes au Vieux-Colombier
Maëlle Poésy a été nommée cet été à la direction du CDN Dijon-Bourgogne. Elle débute la saison avec les comédiens de la Comédie-Française et met en scène une pièce de Stefano Massini, un thriller social qui ouvre une double réflexion sur la valeur marchande du travail et la prise de conscience des mécanismes de domination.
Dix femmes du Comité d’usine de Picard & Roche attendent la porte-parole qui négocie leur avenir avec les repreneurs de l’usine dans laquelle elles travaillent.
Maëlle Poésy met en scène l’engagement de ces femmes pour la construction d’une pensée collective et dédie cet exceptionnel plateau d’actrices à la circulation de la parole.
Clément Poirée met en scène Catch ! à La Tempête
Le directeur de La Tempête a décidé de transformer son théâtre en salle de catch pour cette nouvelle saison. Avec sa troupe de lutteurs, il invite le public à un grand exutoire, à une grande purgation de nos passions. De Battery Pork à Prince Charming, en passant par Kaapital, KassNoisette, Saturne ou Priapico, à chacun son rôle, pas de demi-mesure dans cette arène.
Clément Poirée a confié chaque combat à un auteur : Hakim Bah, Emmanuelle Bayamack-Tam, Koffi Kwahulé, Sylvain Levey et Anne Sibran. Il promet tous les soirs de la sueur, du sang et des larmes. Ni tout à fait théâtre, ni tout à fait combat, mais du catch théâtral, avec des affrontements d’anthologie.
Alice Ripoll chorégraphie Lavagem – première au Passages Transfestival de Metz
Que lave-t-on et qui s’en charge ? Six performeurs dansent avec de l’eau, des seaux, des bulles de savon. Alice Ripoll fait de ces choses ordinaires le matériau d’une chorégraphie qui interroge le sens même de l’acte de nettoyer et en révèle la portée, poétique et politique.
Au Brésil, le « lavagem » renvoie aussi bien au travail d’entretien, souvent invisible, de celles qui s’occupent de nos espaces domestiques qu’au blanchiment d’argent. Par sa recherche sur les mouvements, les matières, les images, Lavagem offre tout à la fois une réflexion politique et une expérience poétique.
Le spectacle d’Alice Ripoll est présenté au Passages Transfestival de Metz, qui célèbre le Brésil du 2 au 12 septembre.
Matthieu Roy met en scène Ce Silence entre nous de Mihaela Michailov aux Zébrures d’Automne, Francophonies de Limoges
Ce silence entre nous est le fruit d’une commande d’écriture engagée à l’automne 2018 par Matthieu Roy et la compagnie Veilleur® dans le cadre du projet Visage(s) de notre jeunesse en Europe initié au cours de la saison croisée franco-roumaine organisée par l’Institut Français et soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine et la Scène Nationale d’Aubusson.
L’autrice Mihaela Michailov dresse le portrait de différentes femmes qui dessinent autant de parcours de vie : de la Vierge Marie, à l’exilée roumaine partie travailler à l’étranger en passant par la mère célibataire qui élève seule son enfant, ou encore à travers les aveux poignants de celle qui ne voulait pas avoir d’enfants, et pour finalement se terminer avec l’ainée atteinte d’Alzheimer qui ne reconnaît plus sa fille.
Antoine Saglio met en scène Goupil et Kosmao au Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes à Charleville-Mézières
Le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières est l’un des rares festivals français à être passé entre les gouttes de la Covid-19. Sa 20e édition s’est déroulée en septembre 2019 avant le début de la pandémie (en rassemblent 170 000 visiteurs). La 21e édition qui va célébrer son 60e anniversaire se déroulera du 17 au 26 septembre sous la houlette de son nouveau directeur, Pierre-Yves Charlois.
Parmi les nombreuses créations à découvrir, Goupil et Kosmao de Etienne Saglio. Dans la pure tradition des numéros de cabaret, le grand magicien Kosmao s’avance avec son assistant Goupil. Les tours de magie s’enchaînent mais la mécanique va se gripper car Goupil est un assistant rebelle.
Marlène Saldana dans Showgirl, création au Théâtre Saint Gervais – Genève / Festival La Bâtie
Dans le sillage sulfureux du Showgirls de Paul Verhoeven, film le plus kitsch de l’année 1995, devenu pôle de la contre-culture dix ans plus tard, Marlène Saldana et Jonathan Drillet campent un volcan-mamelon chaud et sombre comme un champagne posé un peu trop longtemps sous le soleil de Las Vegas.
On y entendra Rebeka Warrior (Sexy Sushi, Mansfield.TYA, Kompromat), Beckett, les luttes de classes, de genres, les rapports de domination et de soumission. Seule en scène, Showgirl joue avec les nerfs d’un public dominé par la superlative Marlène Saldana.
Salia Sanou présente Les demoiselles d’Afiques aux Subs
Chaque année, les SUBS invitent un lieu de résidence et de création international qui leur ressemble pour faire découvrir une scène artistique inédite en France. En 2021, cap sur le Burkina Faso avec le Centre de Développement Chorégraphique La Termitière dirigé par Salia Sanou, il y crée à cette occasion, Les demoiselles d’Afrique.
Il réunit six jeunes chorégraphes et danseuses pour composer un portrait d’une jeune génération prête à en découdre. Un manifeste artistique sur la place des femmes en Afrique au XXIe siècle avec Ange Aoussou Dettman, Agathe Djokam Tamo, Aïcha Kaboré, Kadidja Tiemanta, Carmelita Sewa et Germaine Sikota.
Odile Sankara met en scène Et que mon règne arrive de Léonora Miano aux Zébrures d’Automne – Francophonies en Limousin
Congédier le stigmate, se réinventer, faire valoir ses droits sur le futur et contribuer à façonner les lendemains du monde. On pourrait résumer ainsi la tâche qui incombe à l’Afrique subsaharienne de notre temps. La mener à bien suppose une relation saine avec soi-même, une confiance retrouvée dans les possibles dont on porte en soi la manifestation.
Après des études de lettres à l’université de Ouagadougou, elle effectue ses premiers pas à la Compagnie Feeren en 1991 sous la direction d’Amadou Bourou. C’est également lui qui a assuré sa formation de base et lui a donné les fondamentaux du théâtre. Parallèlement, elle fait un passage à l’école de l’UNEDO de Ouagadougou.
Claudia Stavisky met en scène Skylight de David Hare au Théâtre des Célestins de Lyon
Il y a deux ans, Claudia Stavisky mettait en scène Skylight en Chine, au Shanghai Dramatic Arts Center. La directrice du théâtre des Célestins crée aujourd’hui la pièce de David Hare en français. Un trio de haut vol dans lequel brillent Marie Vialle, Patrick Catalifo et Sacha Ribeiro.
Engagée, populaire, l’œuvre de David Hare s’inscrit dans la grande tradition d’un théâtre anglais ancré dans le réel, un théâtre qui porte un regard aigu et caustique sur le monde. Claudia Stavisky s’en empare en signant une mise en scène dont l’exigence cinématographique laisse toute la place aux acteurs. Les personnages qu’elle dessine sont saisissants d’humanité. Ils font fi des préjugés et des stéréotypes. Entre tendres sentiments, comédie et débat politique, Skylight nous embarque dans un huis clos haletant et passionné.
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