Nommé ce 28 octobre 2022, José Martinez, ancien danseur étoile, prendra la direction de la danse à l’Opéra de Paris le 5 décembre. Ce week-end, il a assisté en observateur aux concours de promotion du ballet. Décryptage.
Renouer la confiance. Lors de son point presse le jour de sa nomination au Palais Garnier, les premiers mots de José Martinez ont été pour les membres de la compagnie. Il venait de les rencontrer le matin même. Il était présent ce week-end aux concours de promotion. « L’important pour moi c’est de voir les danseurs ! ». Et, à défaut de présider le jury, il a pu se faire une idée des forces en présence. Des talents à revendre (Guillaume Diop, Bleuenn Battistoni, Bianca Scudamore) mais également certaines faiblesses. Le nouveau directeur veut être disponible pour tous. Entre Benjamin Millepied, à qui on reprochait de ne s’intéresser qu’à une poignée de noms, et Aurélie Dupont, jugée un rien distante, il y a une marge de manœuvre. José Martinez entend rassurer et écouter. En commençant par annoncer les distributions plusieurs semaines à l’avance par exemple. Une demande des solistes de l’Opéra de Paris. Et du public !
Un nouvel équilibre. Un observateur découvrant les saisons du Ballet de l’Opéra de Paris peut avoir l’impression qu’elles se résument à des reprises Noureev versus du moderne ou du contemporain. Il est vrai que sous la direction de Aurélie Dupont peu de classiques sur pointes ont été créés mis à part Le Rouge et le Noir de Pierre Lacotte. Et une entrée au répertoire comme Mayerling en cet automne. José Martinez veut redonner ses lettres de noblesse au ballet narratif, ne pas s’interdire de revenir à des classiques même s’il existe une version signée Noureev. Il pourra puiser dans le répertoire maison (pas si facile) ou trouver des chorégraphes du calibre d’un Alexei Ratmansky –qui ne garde pas un grand souvenir de son passage à l’Opéra de Paris. « Je veux donner un nouvel élan à certaines productions classiques en programmant de nouvelles relectures ». Il ne s’interdit pas non plus de commander des ballets sur des sujets actuels. Martinez a un peu de temps devant lui, les deux prochaines saisons étant quasiment bouclées. Lors de son entretien avec les journalistes, José Martinez n’a pas avancé de noms. « Si je vous en donne 3, vous allez penser qu’ils seront les premiers à être programmés par mes soins ! ». Durant son passage à la tête de la Compagnie nationale de danse d’Espagne, il a fait appel à Itzik Galili, Alejandro Cerrudo, Mats Ek ou William Forsythe. On espère le retour de ce dernier à Paris, Mats Ek y étant déjà presque chez lui ! Surtout, Martinez a confirmé son goût pour Don Quichotte ou Raymonda. Il a confirmé ne pas vouloir chorégraphier pour l’Opéra de Paris. Il lui reste à trouver la relève.
Gérer le cas Alu
Des danseurs indépendants. Il n’a échappé à personne –et pas à José Martinez- que les stars du Ballet de l’Opéra de Paris développent de plus en plus de projets annexes. Le nouveau directeur a d’ailleurs avoué avoir découvert certains talents durant le confinement via les nombreuses vidéos postées online. Mais à ses yeux, l’Opéra de Paris prime. « Il faudra encourager certains projets, encadrer d’autres et faire toujours attention à l’image qu’ils véhiculent ». Enfin José Martinez va devoir se coltiner le cas Alu. En effet la signature du contrat de la nouvelle étoile se fait attendre. Prévu au printemps dans la distribution de Mayerling, il en a été retiré. De plus, François Alu est engagé sur des dates en France de son one man show dansé. Est-ce compatible avec les productions de l’Opéra de Paris ? Jusqu’à quel point peut-il bénéficier d’une certaine liberté sans froisser ses collègues ? On espère voir Alu dans la soirée hommage à Patrick Dupond en février prochain. Pour Le Lac des cygnes, cela a l’air compromis.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
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