Comment un employé du plus bas niveau, quelqu’un de presque invisible, peut soudainement devenir une force destructrice dangereuse pour le public ?C’est cette question que posent Oskaras Korsunovas et Eimantas Pakalka dans le monologue du Journal d’un fou, basé sur la nouvelle éponyme de Nikolaï Gogol.
Cette histoire, écrite au XIXeme siècle résonne plus que jamais au début du XXIeme…
Oskaras Koršunovas à propos du spectacle :
«Un homme qui cherche désespérément à être normal et essaie coûte que coûte de ressembler à tout le monde perd inévitablement son identité. Paradoxalement, en perdant sa singularité, ce dernier devient de plus en plus radical, puisqu’à s’être tellement impliqué dans un schéma de normalité, il ne peut plus tolérer l’étrangeté. Les gens étranges et « les monstres » deviennent maintenant ses ennemis, il voit l’étrangeté même dans les choses les plus simples. Une personne qui s’est perdue, qui s’est fondue dans la société comme un caméléon au point de s’y dissoudre, devient un mégalomane qui représente un danger pour la société. »-
Le metteur en scène explique que le mécanisme de la pièce le fascine car il permet au plus bas commis de faire des plans dignes des plus grands dictateurs du monde. Plus que cela, cette matrice fonctionne toujours très bien.
«Dans l’histoire, c’est le mécanisme qui m’intéresse, comme lorsqu’un simple fonctionnaire finit par élaborer des plans à l’échelle de Napoléon ou Hitler. Gogol présente cela d’une manière unique. Nous devons juste comprendre que ce mécanisme n’appartient pas au fou ou à l’âge de Gogol – cette matrice est en nous et elle a toujours été là. C’est une histoire prophétique sur la genèse même du fascisme, qui provient de l’ordre et de la justice, sur leur perversité, conduisant à la mégalomanie, au désir de changer le monde, et finalement, à la folie absolue. Cela s’est passé avec les plus grands dictateurs du XXe siècle. Maintenant que le monde entier devient clairement de plus en plus puritain, nous avons tendance à tout normaliser. Dans notre espace politique, la normalité mute en décisions perverses fondées sur la suspicion. »
Selon Oskaras Koršunovas « Eimantas Pakalka est un comédien extrêmement talentueux, et seuls ces acteurs sont capables de prendre en charge Le journal d’un fou. Jusqu’à présent, seuls des comédiens exceptionnels, tels que Valentinas Masalskis, Dainius Kazlauskas et Vainius Sodeika ont travaillé avec ce texte en Lituanie ; la portée de ce rôle est extrêmement large. Tous ces acteurs ont une sorte de charisme essentiel, une nature unique. »
LE JOURNAL D’UN FOU
Texte de Nikolaï Gogol, mis en scène par Oskaras KorsunovasAvec Eimantas Pakalka
Technique : Mindaugas Repsys, Malvina Matickiene
Spectacle en Lituanien, sur titré en Français
Production : OKT/Vilnius City Theatre, Lithuanian Academy of Music and TheatreThéâtre Studio Alfortville
Du 31 Janvier au 2 Février 2019
à 20h30
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