Avec les Six Concertos Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach, son compositeur de prédilection, Anne Teresa de Keersmaeker atteint à nouveau des sommets. La pièce est un élan permanent de vitalité euphorisante.
Aux côtés de Bach, tout semble réussir à la chorégraphe belge qui a exploré et interprété nombre de ses fugues, partitas, suites, concertos. Du compositeur allemand, elle dit qu’il est « un début et un éternel recommencement » et avoue volontiers avoir été « intimidée par l’immensité de l’oeuvre ». Mais à chaque nouvelle étape de ce formidable compagnonnage, elle semble se dépasser, repousser les limites, redoubler d’intelligence, d’intuition et d’invention pour approfondir un dialogue profond et fructueux avec la composition musicale, en extraire toute la richesse et la complexité et en renouveler sa transcription chorégraphique.
En 2017, elle magnifiait la mélancolie crépusculaire des Suites pour violoncelle jouées par Jean-Guihen Queyras dans Mitten wir Im Leben Sind, un opus funèbre, aux tonalités gris-ténébreuses, composé de solos et duos d’une belle et magique austérité. Suivant l’art du contrepoint cher au compositeur, les Six Concertos Brandebourgeois s’illuminent de lumières ambrées, d’éclats coruscants, dans les ors et rouges du Palais Garnier. Cette fois, la clarté rayonnante, la vivacité mordante, l’énergie jubilante de Bach sont mises en avant.
La pièce s’appuie sur un considérable travail de groupe d’où émane une énergie chorale débordante, jaillissante, tourbillonnante. Le mouvement de seize danseurs coïncide de manière à la fois mathématique et organique avec l’écriture rythmique et mélodique de la partition génialement interprétée par l’ensemble baroque B’Rock placé sous la direction de la violoniste Amandine Beyer.
Cela prend d’abord la forme d’une marche, recte, ordonnée. Une ligne s’avance et recule, accélère, s’arrête net, puis se dissout, se déchaîne en une succession d’infatigables courses et de circonvolutions fortuites telles que les affectionnent Keersmaeker. Les interprètes sautent, gambadent, galopent, virevoltent. L’étonnement est permanent, y compris lorsqu’un cabot hurleur est invité à rejoindre le menuet.
La beauté, la vitalité, l’humanité du geste sont portées par la solidité et la vélocité de la compagnie Rosas magistralement engagée. On y retrouve des piliers comme le charismatique Michaël Pomero, Samantha van Wissen toujours pleine de fantaisie, et des nouveaux danseurs dont le formidable Jason Respilieux, bondissant et fascinant. Habitée d’une formidable jeunesse, d’une profonde allégresse, la pièce fait exulter la danse et la musique en toute liberté.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Les Six Concertos Brandebourgeois
Chorégraphie, Anne Teresa De Keersmaeker
Création et interprétation, Boštjan Antončič, Carlos Garbin, Frank Gizycki, Marie Goudot, Robin Haghi, Cynthia Loemij, Mark Lorimer, Michaël Pomero, Jason Respilieux, Igor Shyshko, Luka Švajda, Jakub Truszkowski, Thomas Vantuycom, Samantha van Wissen, Sandy Williams, Sue Yeon Youn
Musique, Johann Sebastian Bach, Brandenburgische Konzerte, BWV 1046–1051
Direction musicale création, Amandine Beyer
Direction musicale représentations La Villette, Cecilia Bernardini
Musiciens, B’Rock Orchestra
Violon, Cecilia Bernardini (solo), Jivka Kaltcheva, David Wish
Alto, Manuela Bucher, Luc Gysbregts, Marta Paramo
Violoncelle, Rebecca Rosen, Frederic Baldassare, Julien Barre
Contrebasse, Tom Devaere
Hautbois, Marcel Ponseele, Stefaan Verdegem, Jon Olaberria
Flûte à bec, Bart Coen, Manuela Bucher
Traverso, Manuel Granatiero
Trompette, Bruno Fernandes
Basson, Tomasz Wesolowski
Cor, Bart Aerbeydt, Mark De Merlier
Clavecin, Andreas Küppers
Dramaturgie, Jan Vandenhouwe
Assistante artistique, Femke Gyselinck
Scénographie et lumières, Jan Versweyveld
Assistants scénographie et lumières, François Thouret, Pascal Leboucq
Son, Alban Moraud, Aude Besnard
Conseil musicale, Kees van Houten
Costumes, An D’Huys
Coordination artistique et planning, Anne Van Aerschot
Chef costumière, Alexandra Verschueren
Directeur technique, Freek BoeyProduction Rosas
Coproduction B’Rock Orchestra ; Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz (Berlin) ; De Munt / La Monnaie (Bruxelles) ; Opéra de Lille ; Opéra national de Paris ; Sadler’s Wells (Londres) ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Concertgebouw Bruges ; Holland Festival (Amsterdam)
Remerciements à Gli Incogniti, Inge Grognard
Coréalisation La Villette (Paris) ; Festival d’Automne à ParisCette production a été réalisée avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge, en collaboration avec Casa Kafka Pictures Tax Shelter empowered by Belfius.
Rosas bénéficie du soutien de la Communauté Flamande et de la Fondation BNP Paribas.Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
Durée : 2h
La Villette – Grande Halle
21 au 23 Décembre 2022
j’ai trouvé que ce spectacle etait « pur et dur ». trés masculin, tous en noir, des costumes tristes et volontairement banaux.
ils marchent et ils courent plus qu’ils ne dansent…un coté avignon 1970…de temps en temps des pas ou des gestes magnifiques ou interessants…bref assez duraille, trés « calviniste »…pas de charme, on est pas là pour comprendre que Bach c’est intello, a plusieurs voix…c’est de la grande creation… orchestre bien, la musique, meme si on la connait par coeur depuis 100 ans n’est pas trahie…pour les quackers