L’étoile française de la danse classique découvre à Londres au début des années 80 le travail du chorégraphe Russell Maliphant, alors tout juste connu du milieu confidentiel de la danse contemporaine. Ces deux là ne vont plus se quitter et ce duo, à première vue insolite, voire improbable, révolutionne à sa manière la règle du jeu. Le défi pour Sylvie Guillem est, tout d’abord de se faire plaisir, et ensuite d’initier un public «élevé au classique» à une écriture contemporaine plus proche de la rêverie, du contemplatif que d’une mécanique de haute virtuosité. La journaliste anglaise Lyndsay Winship évoquait en 2006 le travail de Russell Maliphant en ces termes : « Le style distinctif de Maliphant est un mariage hypnotique de force et de ruse. Sa chorégraphie est douloureusement physique, mais elle peut être pleine de prestance, d’introspection, voire de méditation. I l pousse ses danseurs à éprouver chaque articulation, chaque «charnière» de leurs corps bien «huilés», dans des jeux d’équilibre fluide, au cours desquels aucune question ne trouve une seule réponse et où un seul mouvement pourrait s’éclater en une multitude de facettes et de possibilités nouvelles. Puis le metteur en scène québecois Robert Lepage les rejoints et les voilà en trio pour concevoir en 2008 Éonnagata un nouveau spectacle étonnant et d’une incroyable richesse où se joue l’essence même du corps. Créé le 3 mars 2009 au Sadler’s Wells de Londres, il poursuit désormais une carrière internationale et trouve tout naturellement sa place au Théâtre des Champs-Elysées. Le trouble du travestissement, l’incertitude sur le sexe, l’androgynie… Nous voilà donc aux origines. Pour cela, le trio Sylvie Guillem, Russell Maliphant et Robert Lepage tisse un récit où destins, énigmes, confusions, frontières, rêves et songes sont mis à mal. Et pour cela, ils ont créé ce personnage d’Éonnagata, alliance du nom du Chevalier Eon, escrimeur hors pair, brillant avocat et surtout célèbre espion à la solde de Louis XV, dernière activité où son goût et ses talents pour les déguisements féminins sont bien connus des historiens et de Onnagata, qui qualifie l’acteur jouant un rôle de femme dans le théâtre japonais Kabuki. Très éloigné de la tradition occidentale du travestissement, l’Onnagata ne cherche pas l’imitation, même stylisée, d’une femme mais plus exactement l’émotion même de la féminité. Technique conçue au milieu du XVII e siècle pour contourner l’interdiction imposée aux femmes de monter sur scène, il donna naissance à différents archétypes de caractères encore très vivants aujourd’hui. Souvent utilisés par des acteurs de théâtre Kabuki et de danse classique japonaise, il peut aussi être employé par des acteurs du théâtre Nō et du Kyôgen. Conçu en trois acte, Éonnagata évoque trois âges de la vie du personnage ; capitaine des Dragons, le viril et jeune Chevalier, envoyé en Russie, est interprété par Russell Maliphant. En poste en Angleterre, l’homme travesti en femme du second âge, sera incarné par Sylvie Guillem. Et c’est en chevalier vieillissant, condamné à se travestir, qu’apparaîtra le dramaturge Robert Lepage. Epées et armes de guerrier côtoient robes à panier, dans un spectacle où se mêlent arts martiaux orientaux, texte, danse, théâtre.
Éonnagata
Sylvie Guillem
Robert Lepage
Russell Maliphant
Conçu et interprété par Sylvie Guillem, Robert Lepage et Russell Maliphant
Michael Hulls lumières
Alexander McQueen costumes
Jean-Sébastien Côté son
Musique enregistrée
Productions Internationales Albert Sarfati
Une production Sadler’s Wells London, en association avec Ex Machina et Sylvie Guillem, avec le soutien de Rolex.
mercredi 29, jeudi 30, vendredi 31 décembre 2010 20 HEURES
samedi 1er, mercredi 5, jeudi 6, vendredi 7, samedi 8 janvier 2011 20 HEURES
dimanche 2, dimanche 9 janvier 2011 17 HEURES
Théâtre des Champs Elysées
Spectacle décevant malgré les beaux costumes de A Mc Queen. trop de textes parlés et pas assez de danse hormis un beau passage avec les tables. Ces magnifiques danseurs auraient du faire ce qu’ils font admirablement : danser et ne pas se lancer dans des scènes théâtrales qu’ils maitrisent mal et qui rendent le spectacle lassant, frôlant par moments le ridicule. La scène finale est pauvre en danse. On a envie de crier : stop! en résumé, déçue par cette séance dont j’espérais un peu plus de magie, de poésie et de rêve.
oui, le trop de narration a tué le spectacle. L’expression des mouvements des danseurs auraient suffit pour comprendre le contenu de la pièce. Je suis très très déçu
Je reviens du spectacle de Sylvie Guillem, Robert Lepage et Russel Maliphant : Éonnagata (dernière représentation au Théâtre des Champs -Elysées) et j’ai été très déçue. Il relate la vie et les états d’âme du chevalier d’Eon (belle idée) mais que de scènes récitées et jouées un peu comme au théâtre mais en moins bien… et surtout si peu de danse!
L’Onnagata, je cite : « cette technique du théâtre kabuki qui permet à des acteurs de représenter des femmes de façon hautement stylisée, éclaire ici le mystère du chevalier d’Éon. » Programme très intéressant voire alléchant mais complètement exagéré. Ou alors j’ai raté des scènes! Certes, il y a deux ou trois tableaux plutôt bien faits et bien dansés (ceux reprenant la technique du kabuki justement) mais le reste fut bien trop ennuyeux et la bande sonore de très piètre qualité (cela pouvant peut-être expliquer pourquoi je ne suis pas rentrée dans le spectacle. Plusieurs personnes voisinnes , lasses sont même parties au milieu du spectacle ! Certains à la fin ont aussi sifflé… Sylvie Guillem ne devrait pas oublié qu’elle est une danseuse. Pour le théâtre, il faudrait qu’elle prenne davantage de cours. Et le TCE devrait aussi revoir la maintenance des haut-parleurs et mieux les placer car franchement cela ressemblait trop par moment à de l’amateurisme.
Mon prochain spectacle sera celui de Marie-Claude Pietragalla (La Tentation d’Eve sur la scène du Palace). Je m’en fais déjà une joie. Ce sera mon premier spectacle de …danse de 2011.