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Sang indien, masques blancs

Alfortville, Coup de coeur, Les critiques, Théâtre

Avec La nuit animale, Charles Chauvet signe une étonnante première création, où il puise dans la culture amérindienne les ressources d’une poétique singulière. Entre rituel magique et naturalisme. 

Rares sont ceux qui l’ont vu venir. Sorti de l’école du Théâtre National de Strasbourg (TNS) en 2014 avec une formation de scénographe-costumier, Charles Chauvet exerce d’abord ses compétences auprès de plusieurs jeunes metteurs en scène dont les noms et le travail commencent à être connus – Lorraine de Sagazan, Élise Chateauret ou encore Marcus Borja. L’année de son entrée dans le milieu professionnel, il crée aussi avec le dramaturge et metteur en scène Thomas Pondevie, Stunt Action Show, bâti sur le rêve artauldien d’un acteur qui prendrait feu après avoir dit son texte. Mais le spectacle est très peu joué. Pour Valérie Dassonville et Adrien de Van, directeurs du Théâtre Paris Villette, la rencontre se fait donc plus tard. Au Jeune Théâtre National, où le jeune artiste présente en novembre 2017 une maquette de La nuit animale, son premier projet personnel.

Une démarche suffisamment rare pour être saluée, d’autant plus que La nuit animale s’aventure d’une manière très personnelle dans des contrées peu fréquentées aujourd’hui, surtout par les jeunes générations : celles du théâtre rituel. En prenant pour prétexte l’affaire polémique surnommée « Darkness in El Dorado », liée à des collectes de sang réalisées en 1986 par un généticien et un anthropologue américains à leur insu chez des Indiens d’Amazonie, Charles Chauvet part d’une forme naturaliste pour aboutir à une scène dont la magie est chargé d’une forte valeur métaphorique. En passant par une phase de transe inspirée de l’œuvre de Balthus.

Avec ses trois parties très distinctes et toutes admirablement maîtrisées par les comédiens Isabel Aimé Gonzalez Sola et Luca Besse, eux aussi issus du TNS, La nuit animale témoigne à nouveau d’une parenté avec Antonin Artaud. Et, plus largement, avec toute une avant-garde théâtrale qui critiquait l’enfermement du théâtre occidental sur lui-même en allant chercher ailleurs ses sources d’inspiration. Par exemple dans le théâtre balinais. Le rapport de Charles Chauvet à la culture amérindienne n’est toutefois pas une répétition de tentatives anciennes. Dans La nuit animale, les habiles glissements successifs qui transforment un dialogue entre une étudiante brésilienne en anthropologie et son professeur et un face à face entre une créature mi-animale mi-végétale et un homme spectral à la longue chevelure blonde témoignent d’un désir d’interroger l’histoire et le sens des représentations. Et non de simplement critiquer les esthétiques dominantes. Ni de dénoncer la destruction des Indiens d’Amérique.

Pour négocier le virage de La nuit animale de la parole – en anglais, français et portugais – vers le geste, Charles Chauvet fait appel à toutes ses qualités de scénographe. Avec la créatrice lumières Léa Maris et le créateur sonore Antoine Prost, il crée trois univers visuels d’une belle cohérence, articulés entre eux par un récit elliptique. Par quelques subtils détournements d’objets, quelques changements d’éclairage et de fond sonore. Entre les interstices, on devine les origines de la pièce – parmi lesquelles, la filiation de l’excellente Isabel Aimé Gonzalez Sola au peuple indigène Mapuche – sans que celles-ci soient jamais formulées. Preuve réjouissante de confiance dans la force du jeu et du langage déployé au plateau.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

La nuit animale
Écriture, mise en scène et scénographie : Charles Chauvet
Avec Isabel Aime Gonzalez Sola et Luca Besse
Et les voix de Maria Adelia Cardoso Fereira, Inês Le Gué, Caroline Menon Bertheux et Antoine Prost
Création lumières : Léa Maris
Création son : Antoine Prost
Le texte a été réécrit au plateau en collaboration avec les interprètes.
Un spectacle de la plateforme AZA
Ce texte est lauréat de l’aide à la création de textes dramatiques – ARTCENA
Production : Cie AZA (Nizi Maza), Collectif Curry Vavart
Soutiens : Jeune Théâtre National, Le Carreau du Temple, Lilas en scène
Remerciements : Thomas Pondevie, Cie Babel-Elise Chatauret, Mathieu Mistler, Céline Martin Sisteron, Vincent Thépaut
Diffusion : Olivier Talpaert – En votre compagnie
Durée: 1h05

Théâtre-Studio Altforville
Du 12 au 19 novembre 2022 à 20h30

13 novembre 2022/par Anaïs Heluin
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