Au Théâtre du Lucernaire, à la Maison des Arts de Créteil ou à Caen, la figure de Nina Simone a le vent en poupe sur les scènes françaises. Mais pourquoi représenter la vie de celle qui est d’abord connue pour sa musique ? Victime d’une injustice qui la poursuivra toute son existence, Nina Simone est aujourd’hui un symbole, et les symboles occupent à merveille les plateaux de théâtre.
Dans Miss Nina Simone, au Lucernaire jusqu’au 2 juin, Anne Bouvier met en scène la vie de la jazzwoman qualifiée de « génie ». L’histoire racontée, d’après le roman de Gilles Leroy, est presque biographique : une femme brisée par l’injustice, noyée dans l’alcool et les médicaments, les derniers moments de l’icône sont racontés sur scène. Autre création 2018, David Lescot et Ludmilla Dabo montent un spectacle qui dresse un portrait de la seconde en Nina Simone. Encore une fois, la femme et sa musique sont au cœur du spectacle : à la façon d’une interview, d’un dialogue en musique, les traits d’une existence minée par l’injustice sont brossés au fil d’un spectacle aussi simple d’apparence que puissant dans le message. Enfin, toujours cette année, à Genève au Théâtre Pitoëff, Je ne suis pas la fille de Nina Simone, où un couple se déchire sur fond d’un héritage non voulu et difficile à porter.
La convergence saisonnière particulièrement florissante autour du personnage de Simone est exceptionnelle. Ce n’est finalement pas du tout représentatif de la place que sa vie occupe sur les scènes, alors que sa musique est récurrente au théâtre. Qui n’a pas en tête un spectacle où quelques notes de « Feeling good » ou « Wild is the Wind » résonnent à un instant clé ?
Mettre Nina Simone sur scène accompagne-t-il le renouveau de l’intérêt pour les droits des minorités ? Elle qui rêvait de devenir pianiste classique mais qui n’a pas pu y parvenir à cause de sa couleur de peau ? En France, les combats pour les droits civiques semblent davantage trouver leur place dans la littérature et les salles d’expositions que dans les théâtres. David Geselson prépare de son côté un spectacle pour 2020 autour de Nina Simone intitulé, Le Silence et la peur.
Une autre icône du combat pour les droits des afro-américains sera bientôt en France: Angela Davis dans le cadre du Festival Mondes Possibles des Amandiers de Nanterre. Le jeudi 3 mai la philosophe, militante féministe et antiraciste africaine-américaine, professeur émérite à l’Université de Santa Cruz, mondialement connue pour sa lutte contre le racisme et le sexisme, sa critique du système carcéral et son mouvement pour l’abolition des prisons débattra avec Tariq Ali, farouche opposant à la dictature militaire du Pakistan.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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