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Jérôme Kircher seul avec Monsieur Linh

À la une, A voir, Bobigny, Chambéry, Les critiques, Théâtre, Valenciennes, Villeneuve d'Ascq

photo Kurt Vanderelst

Guy Cassiers adapte au théâtre le roman de Philippe Claudel La Petite fille de Monsieur Linh pour un seul acteur en scène. L’admirable Jérôme Kircher interprète tous les rôles et se présente comme une figure universelle et empathique de l’égaré.

Monsieur Linh est un vieil homme qui a quitté son pays dévasté par la guerre, quitté ses rizières, ses bambous, ses ancêtres, ses morts. Il a emporté avec lui une photographie, une poignée de terre, une valise légère, et la petite fille qui donne son titre au beau roman paru en 2005. Debout, à la poupe du bateau qui le conduit vers la France, il observe les paysages qui se dissipent au loin tandis que le regard du spectateur se rive sur un écran où apparaissent les caractères d’un mot projeté : horizon. Une profusion de mots s’inscrit bientôt sur cet espace vierge et froid. Ils défilent forcément tronqués, lacunaires, tels que les reçoit le protagoniste qui ne parle pas la langue du nouveau monde dans lequel il se retrouve. Muni d’un bâton de pèlerin et vêtu d’une simple doudoune sans manche, il raconte son histoire, simple qu’en apparence, celle d’un migrant et de tous les exilés.

Arrivé sur sa nouvelle terre, Monsieur Linh rencontre fortuitement un homme, Monsieur Bark, assis sur le banc public d’un parc qui jouxte le dortoir des migrants dans lequel il réside. Le premier est aussi mutique que le second est loquace. Sans partager la même langue, la même histoire, la même culture, ils semblent parfaitement se comprendre et ne s’en étonnent guère. Ils se reconnaissent une même solitude, un égarement commun. C’est sûrement ce qui a conduit Guy Cassiers à distribuer les deux rôles au même acteur : montrer la familiarité émouvante de ses deux étrangers indéfectiblement liés. Sans posséder l’âge ou les caractéristiques physiques ni de l’un ni de l’autre, Jérôme Kircher joue donc les deux personnages, le corps dédoublé, diffracté, grâce à l’utilisation de la vidéo. Et on imaginerait presque l’un né de l’imaginaire de l’autre. C’est un acteur subtil, profond, engagé, habité. Son humanité touche au cœur.

Son errance est plus verbale que physique dans la proposition très statique et minimale de Guy Cassiers. Le plateau noir, seulement doté de caméras et d’instruments de musique, semble échapper à l’hostilité et à la frénésie de la ville qui saisit le protagoniste. En manque de repères, celui-ci prend appui sur des sons, des images, réglés en direct, qui forment un espace mental, intérieur. Comme toujours chez Cassiers, la forme ne se contente pas d’un réalisme littéral, elle rend absente toute référence pour permettre de cartographier une réalité plus existentielle.

Si Cassiers s’attache à porter au plateau un sujet politique et humain aussi fort et actuel que la migration, il l’a d’abord abordé par le prisme du collectif et du combat, dans Borderline, d’après Les Suppliants d’Elfriede Jelinek, puis traité d’une manière plus intime et sensible dans La Petite fille de Monsieur Linh. Les thèmes de l’exil et de l’accueil entrent en écho avec l’installation performative de l’irakien Mokhallad Rasem. Réfugié en Belgique où il vit depuis 2006, il est devenu artiste associé au Toneelhuis. Les Chercheurs d’âmes se donnent en miroir du spectacle cette fin de semaine à la MC93 et ouvriront, eux-aussi, les portes d’un nouveau monde.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

La petite fille de Monsieur Linh
de Philippe Claudel
mise en scène Guy Cassiers
avec Jérôme Kircher
production Toneelhuis
la version française est une coproduction le phénix scène nationale Valenciennes pôle européen de création, MC93 − Bobigny (FR), Espaces Malraux − Chambéry (FR), La Rose des Vents − Villeneuve d’Ascq (FR) et Espaces Pluriels − Pau (FR)

Création au Phénix de Valenciennes dans le cadre du festival Cabaret de curiosités
les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 mars 2018, à 18h

Durée : 1h20

tournée 2018
21 au 23 Mars – Espace Malraux Chambéry
28 et 29 Mars – Espaces Pluriels Pau
3 au 7 avril – MC93 Bobigny
10 au 13 avril – La Rose des Vents Villeneuve d’Ascq

5 avril 2018/par Christophe Candoni
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