Une jeunesse vibrante et irradiante s’abandonne à la danse dans Crowd, la dernière création extatique de Gisèle Vienne créée au Maillon à Strasbourg et présentée dans le cadre du Festival d’Automne.
Sur une scène devenue terrain vague, le sol est terreux et jonché de poubelles éparses, la lumière rasante troue la pénombre. Les corps convulsent en tension et en fusion jusqu’au bout d’une nuit sans sommeil. Se forme une splendide communauté underground dont les membres au look rétro (jeans, bombers, baskets, casquettes…) semblent sortir des univers de Nan Goldin, Gus van Sant ou Larry Clark… Éclectique et électrique, la foule s’expose au regard et se met à nu sur les rythmes déchaînés et les sonorités vaporeuses de tubes électro revisités par le DJ Peter Rehberg.
Crowd invite à la contemplation d’une exaltante émulation des corps et des êtres mais prend le parti radical et poétique d’évoquer la frénésie du mouvement dans une lenteur assumée. Au ralenti, dans un enchaînement d’images arrêtées ou saccadées, Gisèle Vienne décortique les expressions physiques et comportementales des participants à une rave party. Inspirée d’un univers culturel alternatif qu’elle connait bien, elle propose une étude à la fois très analytique et hypersensible. Entre les canettes de bières et les chips qui fusent, les fringues vite balancées, les corps fiévreux se frôlent, s’effleurent, se lâchent. Totalement excités et exténués, ils disent immanquablement la violence et la jouissance plus ou moins latentes qui les habitent entre autres sentiments troubles mais authentiques, exprimables dans l’intensité de la danse.
Gisèle Vienne met en scène le groupe sans jamais négliger l’individualité de chacun des quinze interprètes, tous excellents. Ce qu’elle réalise est magistral d’exactitude. On admire la précision et la variété de l’écriture chorégraphique, le détail de ses jeux rythmiques et le contrastes de ses tonalités, la justesse infinie des corps, des visages et des regards à la sensualité ravageuse.
C’est une fête sombre et fulgurante qu’offre Gisèle Vienne, une ode à la jeunesse et à l’ivresse, une expérience émotionnelle profondément euphorique et mélancolique, un bel instant suspendu.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Crowd
Conception, chorégraphie et scénographie, Gisèle Vienne
Assistantes mise en scène, Anja Röttgerkamp et Nuria Guiu Sagarra
Mixage, montage et sélection musique, Peter Rehberg
Conception de la diffusion du son, Stephen O’Malley
Ingénieur du son, Adrien Michel
Lumières, Patrick Riou
Dramaturgie, Gisèle Vienne et Denis Cooper
Avec Philip Berlin, Marine Chesnais, Kerstin Daley-Baradel, Sylvain Decloitre, Sophie Demeyer, Vincent Dupuy, Massimo Fusco, Rémi Hollant, Oskar Landström, Théo Livesey, Louise Perming, Katia Petrowick, Jonathan Schatz, Henrietta Wallberg et Tyra Wigg
Production et diffusion, Alma Office : Anne-Lise Gobin, Alix Sarrade & Camille Queval
Administration, Etienne Hunsinger
Production déléguée DACM // Coproduction Le Maillon, Théâtre de Strasbourg – scène européenne ; Wiener Festwochen ; manège – Scène Nationale – Reims ; Théâtre National de Bretagne – Centre Européen Théâtral et Chorégraphique (Rennes) ; CDN Orléans/Loiret/Centre ; La Filature, Scène nationale (Mulhouse) ; BIT Teatergarasjen (Bergen) ; Nanterre-Amandiers, centre dramatique national // Coréalisation Nanterre-Amandiers, centre dramatique national ; Festival d’Automne à Paris // Avec le soutien du CCN2 – Centre Chorégraphique national de Grenoble // Avec le soutien du CND centre national de la danse // Spectacle créé le 8 novembre 2017 au Maillon, Théâtre de Strasbourg – scène européenne
Gisèle Vienne
© Estelle HananiaDurée : 1h30
Vu en 2017 à Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
La Villette – Paris
du 18 au 21 décembre 2024
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