Jean Moulin héros national, devient héros théâtral grâce à Jean-Marie Besset. L’auteur a écrit un bio pic qui mêle sa vie publique et sa vie privée. Arnaud Denis tient la pièce à bout de bras dans le rôle-titre, avec efficacité et discrétion.
Qui était Jean Moulin ? Qui était l’homme adossé à un mur, le regard sombre, portant un feutre, une écharpe et un long manteau noir que l’on voit sur cette photo célèbre ? Jean Moulin, un mythe ? Jean-Marie Besset sous-titre sa pièce du mot Evangile. C’est dire l’admiration qu’il lui porte.
En deux heures, la pièce raconte le destin du plus célèbre des résistants français. De son passage dans le cabinet de Pierre Cot aux Affaires étrangères sous la présidence du Président Paul Doumer, à ses fonctions de Préfet de d’Eure et Loir jusqu’à sa nomination comme ministre membre du Comité national français par De Gaulle et sa fin tragique sous la torture de Klaus Barbie.
Le texte de Jean-Marie Besset mêle l’intime et le professionnel, la vie privée et la vie publique. Il met en scène sa sœur Laure Moulin (Chloé Lambert), l’artiste peintre Antoinette Sachs qui a été sa dernière compagne (Sophie Tellier), un amant de passage à Londres…Jean Moulin bisexuel, Jean-Marie Besset nous rejoue le coup de sa précédente pièce sur Molière (Le Banquet d’Auteuil). Ce n’est pas la facette la plus intéressante de ce spectacle qui mélange les genres. Le côté romanesque de l’histoire dissout le propos central de la vie de Jean Moulin, son action dans la France occupée pour libérer le pays des nazis. On préfère les rencontres entre Jean Moulin, l’homme de gauche et De Gaulle, l’homme de droite et leurs discours enflammés sur la France et la République aux scènes romancées qui par moments alourdissent le rythme .
Les dialogues imaginés par Jean-Marie Besset offrent des clins d’œil à l’actualité. « Ne vous prendriez-vous pas pour Jupiter ? » lui dit De Gaulle. « Les socialistes, ils se refondent peu à peu » lui répond Jean Moulin. Les spectateurs pouffent dans leur barbe. Nous aussi. Arnaud Denis est parfait dans le rôle de Jean Moulin, posé, secret et presque froid. Stéphane Dausse excelle dans celui du Général en ponctuant ses phrases d’un délicieux accent gaullien, sans trop en faire. Ils surnagent ; le reste de la distribution est plus effacé.
Régis de Martrin-Donos orchestre sa mise en scène dans un ballet de chaises et d’armoires dans lesquelles les personnages se cachent et se dissimulent. Un dragon chinois hante les cauchemars de Jean Moulin, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. De petites ampoules éclairent le plateau le plus souvent plongé dans l’obscurité, pour mieux faire ressortir le travail de l’ombre de ces hommes qui ont œuvré pour libérer la France.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Jean Moulin, Evangile
Fiction historique de Jean-Marie Besset
Mise en scène Régis de Martrin-Donos
scénographie Alain Lagarde – lumières Pierre Peyronnet – costumes David Belugou
assistant mise en scène Patrice Vrain Perrault – sons Émilie Tramier
Avec Arnaud Denis, Sophie Tellier, Gonzague Van Bervesselès, Laurent Charpentier, Chloé Lambert, Stéphane Dausse, Michaël Evans, Loulou Hanssen, Jean-Marie Besset
Durée: 2h15Théâtre Dejazet
du 18 octobre au 17 novembre 2018
Lundi au Samedi à 20h30
Matinée le Samedi à 16h00
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