Dans un quasi monologue de deux heures, Dominique Valadié déverse des flots d’horreurs. Elle est la mère que l’on n’aurait jamais aimé avoir, d’une cruauté crasse. Thomas Bernhard s’en donne à cœur joie dans cette pièce où il pourfende la société. Une grande performance d’actrice dans la petite salle du Poche Montparnasse.
Depuis l’inauguration du Poche Montparnasse, c’est la première fois qu’un décor aussi imposant est construit dans la salle du bas, empêchant l’alternance. Un décor chaleureux tout en bois, rehaussé de luminaire Art déco. Il contraste avec la véracité du texte de Thomas Bernhard qui n’épargne pas grand monde dans cette pièce.
La mère (Dominique Valadié) et la fille (Léna Bréban) font leurs valises avant de migrer vers leur villégiature au bord de la mer. La fille ne cesse de pendre et dépendre des robes (très chics costumes de Samuel Thies) avant de les ranger dans une grande malle en osier. La mère soliloque pendant que sa fille s’agite. Elles ont invité à jeune auteur (Yannick Morzelle) à les rejoindre.
La mère ne cesse de se plaindre de tout. De son défunt mari mort il y a 20 ans qui ponctuait toutes ses phrases par « tout est bien qui finit bien ». De sa pauvre fille : « Tu étais une enfant laide ». Des auteurs dramatiques « par nature arrogant ». Des spectateurs de théâtre : « Il n’y a pas plus grande perversité que la perversité des spectateurs de théâtre ». Des jeunes qui pensent déjà à la retraite à 20 ans. Rien ne trouve grâce à ses yeux, même pas le thé préparé par sa fille. Elle avoue même avoir tué un chien.
Thomas Bernhard ose le cynisme à toute épreuve en façonnant ce personnage de femme aigrie, née dans la pauvreté, devenue riche par mariage, et qui n’a pas perdu sa cruauté malgré l’élévation dans la société. Dominique Valadié est magistrale. Elle déverse cette acidité avec une telle froideur, que l’on ne peut que rire de toutes les horreurs qu’elle profère pendant le spectacle. Et ce n’est pas un rire nerveux, c’est un rire de contentement. Thomas Bernhard fait sortir le petit lutin maléfique qui sommeille en chacun de nous. Une sacrée performance d’actrice servie par la mise en scène toute en finesse de Christophe Perton.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
AU BUT
De Thomas Bernhard
Texte français de Claude Porcell
Mise en scène Christophe Perton
Dominique VALADIÉ
Léna BRÉBAN
Yannick MORZELLE
Manuela BELTRAN
Scénographie Christophe PERTON et Barbara CREUTZ
Création lumières Anne VAGLIO
Création son Emmanuel JESSUA
Création costumes Samuel THEIS
Assistante mise en scène Camille MELVIL
Assistante scénographie Clarisse DELILE
Régie générale Benjamin BERTRAND et Audrey PAILLAT
Production Scènes&Cités en coproduction avec le Théâtre de Poche-Montparnasse; le Liberté Toulon; la Maison des Arts du Léman à Thonon-Les-Bains et le Théâtre Montansier à Versailles
La compagnie Scènes&Cités est conventionnée par le Ministère de la Culture et la région Auvergne-Rhône-Alpes
Avec le soutien du Jeune Théâtre National et de l’ENSATT
L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. www.arche-editeur.com
En partenariat avec Les Inrockuptibles et A Nous Paris
Durée: 2hPoche Montparnasse
Du 09 SEPTEMBRE au 05 NOVEMBRE 2017 – Du mardi au samedi à 21h, dimanche 15hLes 9 et 10 novemmbre au Théâtre Montansier à Versailles
Du 6 au 9 décembre au Liberté Toulon
Les 12 et 13 décembre à la Maison des Arts du Léman à Thonon-Les-Bains
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