Présenté en 2017 au festival L’Etrange Cargo et repris à Pompidou dans le cadre d’Artdanthé 2018, Jean-Luc Verna signe une singulière proposition au titre Pasolinien « Uccello, Uccellacci & the birds ». Des oiseaux de nuit s’affichent et s’offrent sans ramage ni plumage sous le regard esthète de l’artiste plasticien et lui-même performeur.
Jean-Luc Verna se montre étonnamment très discret dans le spectacle. Il n’impose que trop furtivement sa carrure fauve et étrange, ne témoigne presque pas de sa familiarité, aussi bien biographique qu’artistique, avec le noir et la mort omniprésents dans sa rétrospective présentée au Mac/Val de Vitry. Il laisse au contraire pratiquement toute la place à la jeunesse éclatante de deux interprètes, Loren Palmer et Benjamin Bertrand, qui occupent la scène. Leurs corps intégralement dénudés et éclairés aux néons blancs n’ont rien de scandaleux. Ni provocants ni militants, ils se présentent davantage comme un modèle ou un calque qui renvoient aux innombrables figures peuplant la statuaire antique et la peinture de la Renaissance. Adam et Eve réincarnés n’offusquent pas, ils se proposent comme un condensé d’histoire de l’art en répétant une suite de poses classiques, christiques, angéliques.
Même si Verna dit avoir sélectionné ces gestes parce qu’ils ont été repris (de manière choisie ou accidentelle) par toute sa mythologie personnelle de monstres légendaires de la culture pop-rock telle Nina Hagen, c’est un curieux contraste que forme cette bouffissure d’académisme baigné dans le grand garage de la Ménagerie de verre revêtue de sons et lumières saturés qui évoquent davantage les backroom et les night-clubs que les salles d’exposition de musées historiques.
L’univers underground de l’artiste finira par se déployer lors d’un défilé de créatures débridées. Des professionnels ou des amateurs, sortis d’horizons divers parfois éloignés du spectacle vivant à l’instar de François Sagat, star du porno gay présent en guest, sont munis de quelques signifiants accessoires cuirés et cloutés et arborent avec jubilation leurs sexes nus, leurs peaux éventuellement percées, tatouées, maquillées, pailletées.
Ce final exubérant passe pour plus carnavalesque qu’érotique et conclut un spectacle un peu court, pas suffisamment maîtrisé. On attendait plus d’irrévérence chez ces drôles d’oiseaux.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Uccello, Uccellacci & The birds
avec Benjamin Bertrand, Loren Palmer, Jean Luc-Verna
Conception : Jean-Luc Verna
Ecriture : Jean-Luc Verna
Interprète voix : Béatrice Dalle
Musique : Peter Rehberg
Son : Gauthier Tassart
Costumes : Jean-Luc Verna
Création lumière : Catherine Noden
Administration : Julie Pagnier
Production : SATB
Coproduction : ménagerie de verre, TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, Ballet du Nord – CCN de Roubaix, ICI – Centre chorégraphique national Montpellier – Occitanie / Pyrénées- Méditerranée / Direction Christian Rizzo, La Briquetrie Vitry-sur- Seine, MAC VAL Vitry-sur-Seine, avec le soutien d’arcade et l’aide de la FNAGP
Durée : 1h15 – 16 mars 2018, à 20h30
Grande salle – Centre Pompidou, Paris dans le cadre du Festival Artdanthé
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