Un drôle d’anniversaire pour les Centres Dramatiques Nationaux qui fêtent cette année leur 70 ans. Plusieurs syndicats du spectacle (FNSAC-CGT, SFA-CGT, SNLA-FO, FASAP-FO et SNAPAC-CFDT) réclament près de 8 millions d’euros à quinze CDN pour non-respect d’un accord de 2003 qui les engage à un certain volume d’emploi des artistes interprètes. Il s’agit des CDN d’Aubervilliers, de Besançon, de Bordeaux, de Caen (Hérouville Saint-Clair), de Dijon, de Gennevilliers, de Lille – Tourcoing, de Marseille, de Montpellier, de Montreuil, de Nancy, de Nanterre, de Nice, de Saint-Etienne et de Valence.
Lors d’une conférence de presse ce lundi qui s’est déroulée dans les locaux du SYNDEAC, les patrons de plusieurs CDN (Jean Boillot pour le NEST, Arnaud Meunier pour la Comédie de Saint-Étienne, Christophe Rauck pour le Théâtre du Nord, Benoit Lambert pour le Théâtre Dijon Bourgogne, Cécile Bakès pour le CDN de Béthune, Marie-José Malis pour le Théâtre de la Commune à Aubervilliers) ont alerté sur un risque de dépôt de bilan et une fermeture de leurs établissements s’ils devaient débourser les sommes réclamées. C’est toute la décentralisation théâtrale qui pourrait ainsi s’effondrer comme un château de cartes. « Cette assignation il y a un an, alors que nous étions en pleine discussion sur l’intermittence avec les syndicats est un coup de traitre », a affirmé Madeleine Louarn, la présidente du Syndeac.
L’assignation concerne un accord de 2003. Il prévoit que l’emploi direct des artistes interprètes doit représenter 25% de l’ensemble des autres métiers. Pour les directeurs de théâtres, l’accord est « vétuste et absurde« , car il ne tient pas compte de l’évolution de l’emploi des artistes et de l’intermittence alors que « nos maisons sont des ruches, il y a de l’activité partout, dans nos théâtres et en dehors, dans nos quartiers » comme l’a rappelé Arnaud Meunier, le directeur de la Comédie de Saint-Étienne.
Peu de CDN emploient une troupe permanente (à l’exception du TNP Villeurbanne) mais soutiennent en co-production des compagnies indépendantes, ce qui est moins favorable pour le calcul des heures de travail. Et ça Denys Fouqueray de la SFA CGT ne veut pas en entendre parler. « La façon dont on accueille les compagnies fait reposer sur leurs épaules tout le poids économique d’une production. Au bout de la chaine ce sont les artistes et les techniciens qui pâtissent de situations de travail qui ne sont pas dignes. » Le système français repose sur l’intermittence à la différence des troupes permanentes comme en Allemagne. « Mais cette permanence en Allemagne créée des déficits » a expliqué Christophe Rauck, le directeur du Théâtre du Nord. « Or il n’y a pas de déficit chez nous. »
Les sommes demandées aux théâtres vont de 126 000 à près de 900 000 euros. Avec 10 000 euros d’astreintes par jour et par CDN. Autant dire que les théâtres concernés ne pourront pas payer. S’il y a condamnation, Madeleine Louarn, la Présidente du SYNDEAC craint le pire, un dépôt de bilan. « Pour beaucoup de théâtres cela représente la totalité du budget production de l’année. »
Le recours ultime serait de demander à l’État de prendre en charge les 8 millions d’Euros. A quatre mois de l’élection présidentielle et après les efforts consentis sur le dossier des intermittents, on voit mal comment le Ministère de la Culture pourrait mettre une nouvelle fois la main à la poche.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
à Vire ce n’est pas un cdn mais un centre dramatique régional. Tous ces théâtes nous roulent dans la farine derrière des excuses bidon et font planer la menace pratique du dépot de bilan mais vous pouvez etre certain que les instances suprêmes sauveront la face et les meubles et les nantis qui méprisent les artistes et ne pensent qu’à leur carrière.On croit rêver quand on lit que M.Meunier considère son théâtre comme une ruche alors qu’il ne programme des spectacles que les mercredi jeudi et vendredi soirs et qu’il préfère aller à los angeles aux frais de la princesse plutot que de s’occuper de son théâtre et de sa troupe inexistante. Assez de mensonges. Le SFA a raison.