On a souvent été séduit par les précédentes adaptations de Philippe Person (Les Enfants du Paradis ou Les Misérables). On l’est beaucoup moins avec cette Maison de Poupée de Ibsen créée dans la salle du Paradis du Lucernaire.
Un tapis de neige entoure la maison familiale, Nora pose les cadeaux des enfants au pied du sapin de Noël. Le bonheur sera de courte durée. Philippe Person va à l’essentiel dans cette version condensée de la pièce de Henrik Ibsen pour se concentrer sur le couple Nora/Helmer (Florence Le Corre et Philippe Calvario). Ils sont d’entrée distants, pas amoureux. Ce qui empêche à la pièce de basculer de l’euphorie à la tragédie.
Le personnage de Nora tel qu’il est écrit par Ibsen passe directement des bras de son père à ceux de son mari. La femme enfant devient la femme épouse pour finalement reprendre sa liberté et abandonner sa famille. Un acte violent, surtout pour l’époque (la pièce écrite en 1879 a provoqué un véritable scandale). Dans cette version le personnage de Nora n’évolue pas. Tout est joué sur le même ton, celui d’un mauvais feuilleton télévisé.
Philippe Person fait de ce texte illustre du répertoire une pièce convenue. Il tente de la tirer vers le thriller avec des allusions appuyées à l’univers de Hitchcock, de lui donner une côté cinématographique avec un découpage morcelé et de l’enrober d’une touche de rock avec une bande son savamment travaillée. Mais cela ne suffit pas. Le mensonge, la trahison et le chantage qui sont au cœur de la pièce sont esquissés sans qu’il n’y ait vraiment de tension sur le plateau.
Les scènes entre Christine (Nathalie Lucas) et Krogstad (Philippe Person) sont interminables. Lorsque Krogstad dit à Christine « Jamais je n’ai été aussi heureux » on n’y croit pas une seconde, on a plutôt le sentiment que toute la douleur du monde s’abat sur ses épaules. La pièce s’achève dans un mélo sirupeux très éloigné de l’écriture brutale de Ibsen.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Maison de poupée
D’après Henrik Ibsen
Mis en scène par Philippe Person
Avec Florence Le Corre, Nathalie Lucas, Philippe Calvario et Philippe Person
Durée: 1h30Du 7 décembre 2016 au 21 janvier 2017
Au théâtre du Lucernaire
Du mardi au Samedi à 21h
Puis du mardi au samedi à 21h et dimanche à 19h du mercredi 8 février au dimanche 12 mars 2017 pour une série de 28 représentations
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