François Orsoni signe une mise en scène anecdotique et distanciée de La Mort de Danton de Georg Büchner où s’affrontent sans conviction les deux grands leaders de la Révolution Française.
Familier du théâtre germanique, François Orsoni a déjà monté Brecht, Horvath, souvent des pièces de jeunesse comme Baal au Festival d’Avignon en 2010 avec Clotilde Hesme, où s’exaltaient la jouissance et la vie d’esprits forts et libres. C’est dans un climat austère, apathique et spectral qu’il plonge cette fois Danton et Robespierre.
Historiquement documenté, le jeune Büchner emprunte dans sa première pièce des fragments de discours réellement prononcés et montre comment les idéaux révolutionnaires auxquels il est complètement acquis basculent dans la terreur et le sang. Danton refuse ce dérapage. Amené à conclure « je préfère être guillotiné que guillotineur », il sera exécuté le 5 avril 1794.
Quelques perruques poudrées, une plume sans encre, des accessoires de toilettes, un manuscrit jaunis, sont utilisés avec parcimonie. Pour le reste, pas de place à la reconstitution d’époque. Le travail s’appuie sur un jeu d’allers et retours entre hier et aujourd’hui. Les vêtements sont contemporains (Danton avec des lunettes de soleil, Saint-Just en baskets sur roulettes…), les mots aussi. On note un recours au pessimisme lucide de l’écrivain Michel Houellebecq, une initiative qu’avait déjà prise Johan Simons dans ses versions allemande et hollandaise de la pièce de Büchner.
Si l’intrigue et ses personnages se baladent entre les lupanars et les antichambres, elle évolue ici autour d’une longue table en bois où sont installés des micros comme lors des commissions institutionnelles qui n’empêchent malheureusement pas les voix (pourtant criardes) de se disperser. L’espace kilométrique est bien piégeant car il impose de trop grands et nombreux déplacements et un éloignement constant des uns et des autres. Très approximatifs sont le jeu et le chant des acteurs. Une non maîtrise noie les querelles politiques et idéologiques divergentes des protagonistes alors que leur contenu riche de sens devrait passionner. Tout semble confus, inintelligible, tant pour les comédiens mal à l’aise dans leur récitation nerveuse que pour les spectateurs.
A considérer les triomphes de Notre Terreur de Sylvain Creuzevault ou plus récemment du Ça ira de Joël Pommerat, 1789 continue d’inspirer et fédérer. Mais sans l’énergie, la nécessité, de dire et faire entendre, François Orsoni et sa petite troupe passent à côté de la Révolution.
Christophe Candoni – sceneweb.fr
La Mort de Danton
François Orsoni
Avec Brice Borg, Jean-Louis Coulloc’h, Mathieu Genet, Yannik Landrein, Jenna Thiam
Dramaturgie Olivia Barron
Musique Thomas Landbo
Scénographie-vidéo Pierre Nouvel
Lumière Dominique Bruguière
Costumes Natalia Brilli
Perruque Cécile Larue
Production Théâtre de NéNéKa. Coproduction MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, théâtre de la Bastille, Collectivité territoriale de Corse, Ville d’Ajaccio. Avec la participation artistique du Jeune théâtre national
Durée – 2h00MC93 à Bobigny – Pablo Neruda
10 > 23 octobre
Théâtre de la Bastille
Du 16 février au 4 mars 2017
À 20h
Relâche les 19, 23 et 26 fév
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