Paul Golub, directeur pédagogique de l’Académie de l’Union à Limoges livre une mise en scène puissante d’un texte du chilien Guillermo Calderón sur les premières heures de la Révolution Russe en 1905. Une pièce haletante.
Le texte de Guillermo Calderón est un brûlot sans concession sur le monde du théâtre et sur son rapport aux évènements extérieurs. Il débute sagement pour s’achever dans une violence verbale assumée. Nous sommes le 20 janvier 1905, une troupe répète à Saint-Pétersbourg. Il y a la jeune veuve de Tchekhov Olga Knipper (Anne Girouard), Aleko (Marc Lamigeon) et Macha (Pauline Belle). Les autres comédiens ne viendront pas. C’est le Dimanche Rouge, le dimanche sanglant marquant le début de la Révolution. Ils ont été tués.
Les premières minutes de la pièce sont exaltantes et on ne va lâcher l’action une seconde. Le texte est vif et enflammé, on oublie très vite la scénographie très ancrée dans la Russie du début du 20ème avec son tapis, ses meubles en bois et ses bouteilles de Vodka, puur se laisser emporter par le jeu des trois comédiens, tous excellents. Et puis il y a ce texte brillant tout en fondus enchaînés qui nous tient en haleine.
Guillermo Calderón brouille les pistes, on est à la fois dans la réalité de l’Histoire qui se déroule hors des murs et dans la répétition d’une pièce. Son texte est brillant. La réalité vient heurter la fiction. Les personnages par moment ne savent plus où ils sont. Où s’arrête la comédie ? Où débute la réalité ? On passe d’extraits de la Cerisaie, à des scènes de la mort de Tchekhov, à la dure réalité sociale qui se joue dehors tandis que le père Gapone organise une marche pour destituer le Tsar.
« Nous devons jouer une pièce pour soigner notre esprit » dit Aleko. Si Olga Knipper est encore bouleversée par la mort de Tchkehov, les deux autres comédiens Aleko et Macha sont tournés vers la Révolution en marche. Macha dans un dernier monologue déchirant (Pauline Belle nous arrache des larmes) fustige le théâtre bourgeois. « Je hais le public ! Comédiens de merde ! Pourvu que le théâtre meure avec vous !» avant dans une dernière phrase de conjurer le poète, Anton, de rester en vie. Tout est dit.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Neva
Auteur : Guillermo Calderón
Traduction : Christilla Vasserot
Metteur en scène : Paul Golub
Interprètes : Pauline Belle, Anne Girouard, Marc Lamigeon
Scénographie : Alain Pinochet
Costumes : Sylvie Martin-Hyszka
Création lumière : Arnaud Jung
Administrateur de Production : Laurent Letrillard
Diffusion : Triptyque Production
Presse : Cécile À Son Bureau
Le Théâtre du Volcan Bleu (compagnie conventionnée par la DRAC du Limousin, Ministère de la Culture et de la Communication).
Coproduction : Le Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin
Projet soutenu par la Région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes
Durée : 1h30Le Nouveau Ring
du 6 au 30 juillet 2016
à 11h50
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