A Séoul José Montalvo et de Ballet National de Danse de Corée ont célébré l’année croisée France-Corée le temps d’une création Shigané Naï. Le spectacle arrive en France à la Maison de la Culture de Créteil, dirigée par José Montalvo.
On cueille José Montalvo à l’heure du petit-déjeuner au lendemain de la première de Shigané Naï – et après une nuit que l’on imagine courte. Le chorégraphe reprend le fil de cette aventure avec franchise. « J’ai du mal à travailler avec un ballet que je ne connais pas et qui ne m’attend pas! J’ai collaboré avec le Ballet de Florence ou de l’Opéra de Paris mais à chaque fois il s’agissait d’un petit groupe d’interprètes familiers de mon univers« . Avant d’accepter cette commande du Ballet National de Danse de Corée Montalvo est venu passer une semaine à Séoul « à les regarder. J’ai été épaté par leur sens du rythme et leur virtuosité dans la lenteur. Ils sont dans le presque-rien tout en ayant une présence formidable« .
C’est d’ailleurs tout ce qui fait le sel de la première partie de Shigané Naï où la tradition se frotte au monde contemporain. Danseurs en t-shirt ou en robe toute simple – voir même en bikini !- sur scène, solistes en costumes historiques sur l’écran, le choc est visuel autant que culturel. « Sous ces costumes ils ont une corporalité que l’on ne voit jamais« .
En quelques semaines un spectacle va naître loin du répertoire habituel de cette institution fondée dans les années 60. « Il s’agit vraiment d’une compagnie traditionnelle. J’ai senti que mes demandes pouvaient les dérouter. Mais ils ont également un appétit, une capacité à s’ouvrir sur autre chose. Parfois il leur fallait un jour pour assimiler mes demandes. Ils ont d’ailleurs confié à un répétiteur coréen que dans mes ateliers chorégraphiques ils n’avaient jamais été aussi libres. Et que c’était cela le plus fatiguant pour eux! ». Avec cette production originale constituée de trois parties distinctes José Montalvo a voulu montrer l’état du monde tout autant que la simple joie de danser. Un collage qui gagnera sans doute en fluidité avec quelques représentations de plus .
Enfin sur le Boléro de Ravel Shigané Naï (littéralement « L’âge du temps) offre au regard un final jouissif : « mais j’ai ramé car pour ces danseurs la partition qui va crescendo est presque contre-nature! Ils n’avaient pas l’habitude de jouer sur la vitesse d’exécution« . José Montalvo a travaillé avec eux sur des gestes quotidiens, des marches, des embrassades. « Ce qui peut paraître banal dans la danse occidentale avait ici une autre signification. Mais ils ont répondu présent! ». Et de conclure : « Je suis tombé amoureux de cette troupe« .
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr – (envoyé spécial à Séoul)
Shigané Naï chorégraphie José Montalvo, assité de Joëlle Iffrig avec la Compagnie nationale de Danse de Corée
MAC du je 19 au sa 21 octobre 2017 20:00
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