Manger et boire en regardant un spectacle, ce n’est pas nouveau. Outre les cabarets – experts en la matière -, de nombreuses expériences théâtrales ont plongé le spectateur dans un mélange de mets et de mots. « Une Mariée à Dijon » le fait aussi, à sa manière, transformant la grande salle du Théâtre de l’Aquarium en une bonne table dijonnaise : les Trois Faisans.
Toile cirée et vieille vaisselle trônent sur la table en attendant patiemment de satisfaire la gourmandise du spectateur. Quelques notes de violoncelle, une estrade de petit diamètre posée au centre de l’espace, l’ambiance est à la fête. On discute autour d’un premier verre de jus de pomme-poire, et on découvre la salade betteraves crues et cuites du jour tout en salivant sur le reste du menu. Soudain, entre les tables, Mary Frances Kennedy Fisher – interprétée par Corine Miret, captivante – apparaît. Elle est d’une élégance rare pour une assemblée qui, de prime abord, semble si rustre. Les bouches se font cependant moins bruyantes, les couverts se posent, son aura donne une envie impérieuse de l’écouter.
Elle raconte alors son mariage californien, en 1924, suivi de son emménagement à Dijon, 15 jours après. Le choc est très positif : cherchant un restaurant pour dîner avec son mari, elle se retrouve dans l’établissement de monsieur Racouchot. Elle parle alors avec finesse et gourmandise de sa découverte de la gastronomie bourguignonne grâce au « Petit Charles », le serveur. Six ans après, elle ne vit plus à Dijon. Elle y revient un soir pour faire découvrir les Trois Faisans à son nouveau compagnon. Les choses ont changé, la sensation des première fois – pourtant toujours la meilleure en cuisine ! – s’est épaissie des relents de tristesse qui teintent les retrouvailles de deux amants…
En trois parties, cette histoire est si bien racontée que, pour le spectateur, l’expérience est sensuelle au possible. Heureusement, nous pouvons manger entre chaque plats littéraires : nos sens sont ouverts comme nos pores sous une longue douche chaude. Mary Fisher découvre la Bourgogne et les recettes inattendues qui sont servies au spectateur permettent de partager l’expérience d’« estomac curieux » vécue par l’héroïne. En caressant nos cinq sens, ce spectacle laisse l’impression la meilleure qui soit : on sort de l’Aquarium comblés et repus.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
Une mariée à Dijon
par La Revue éclair
D’après les livres de Mary Frances Kennedy Fisher
Mise en scène : Stéphane Olry
Jeu : Corine Miret (texte) et Didier Petit (violoncelle)
Dispositif scénographique et dramaturgique inspiré par Les Douze Dîners de Meggie SchneiderThéâtre de l’Aquarium
du 2 au 21 février 2016
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