« Nous les filles de mon village on n’a qu’un souhait, c’est trouver un mari ! Depuis qu’un jeune homme a parlé de moi à papa je me sens comme si j’avais gagné à la loterie. »
Pasqualina est calabraise, comme Saverio La Ruina, l’auteur de ce monologue. Il livre les infortunes d’une vie de jeune fille dans une région retirée, nourrie de tradition, du sens de l’honneur, de la famille… Une vie d’antan qui résonne aujourd’hui, là-bas ou ici. Pasqualina dit avoir des trous de mémoire mais elle se souvient précisément de nombreux moments-clés avant que sa vie bascule. La femme parle et le passé revient en flashback, dans l’attente d’un mari lui permettant de quitter le foyer paternel et de se consacrer, enfin, à celui qui l’aura choisie. Elle marche dans son village pour aller chercher l’eau au puits ou garder les moutons, les yeux rivés au sol à regarder les pierres comme toute jeune fille bien éduquée dit-elle, et ce n’est que lorsqu’elle est sûre que personne ne la voit qu’elle ose porter son regard vers celui qui a fait sa demande en mariage. Elle ne lui a jamais parlé, mais lorsqu’il lui sourit un jour, elle rougit à n’en plus finir. Désormais, elle saura quand elle l’entendra siffler qu’il l’attend dans un coin caché.
La gageure de ce monologue est de faire entendre à travers la voix candide de Pasqualina ce portrait au féminin que le public perçoit immédiatement enferré dans une société patriarcale.
En découvrant ce texte, Françoise Gillard a pensé à Anna Cervinka pour l’interpréter tant l’actrice a l’humour et la fraîcheur, la gravité et la pudeur aussi, nécessaires à ce drame porté jusqu’au bout et malgré tout par la beauté du monde. Sa camarade relève le pari de ce seule-en-scène, dans lequel elle retrouve la force des paroles de Sonia dans Oncle Vania qu’elle a interprétée en 2016 : « Il faut vivre ! »
Singulis / Déshonorée
de Saverio La Ruina
interprétation Anna Cervinka
mise en scène Françoise GillardTraduction : Federica Martucci et Amandine Mélan
Costumes : Bernadette Villard
Lumières : Mathieu Derothe-Renaud
Son : Samuel Robineau
Travail chorégraphique : Loup Marcault-DerouardDurée estimée 1h15
du 4 au 22 février 2026
Studio de la Comédie-Française



Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !