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À Avignon, une soirée historique pour rendre hommage au courage de Gisèle Pelicot

À la une, Festival d'Avignon, Théâtre
Le Procès Pelicot Hommage à Gisèle Pelicot Milo Rau Festival d'Avignon 2025
Le Procès Pelicot Hommage à Gisèle Pelicot Milo Rau Festival d'Avignon 2025

Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Les larmes d’Alison Dechamps, l’élégance d’Ariane Ascaride et la justesse de Philippe Torreton : ils étaient 46 comédiens et comédiennes, mais aussi activistes et spécialistes à avoir répondu présent à l’appel de Milo Rau et de Servane Dècle pour raconter, le temps d’une soirée, le procès historique des viols de Mazan au Festival d’Avignon.

Il ne pouvait pas venir à Avignon sans une pensée pour le courage de Gisèle Pelicot. Lui dont les affaires judiciaires, les procès et leur traitement au théâtre « font partie intégrante » de son identité artistique, comme il le définit lui-même. Le metteur en scène suisse Milo Rau s’est donc associé à la dramaturge française Servane Dècle pour une lecture unique et gratuite de quarante fragments qui retracent les temps forts du procès des viols de Mazan, qui s’est tenu à Avignon de septembre à décembre 2024. Après une première version de sept heures donnée le 18 juin dernier au Wiener Festwochen, que Milo Rau dirige, le spectacle a été présenté, ce vendredi 18 juillet, dans une version raccourcie de quelques heures au Cloître des Carmes devant 400 personnes et retransmis sur le site du Festival d’Avignon ainsi que dans les cinémas Utopia.

Ils sont 46 comédiens et comédiennes, mais aussi avocates, militantes, journalistes, anthropologues et experts, tous habillés de noir, à évoluer entre les bancs semblables à ceux présents dans les salles d’audience. À l’avant-scène, deux pupitres font penser à la barre à laquelle les témoins, accusés et victimes sont appelés. Deux narratrices, Séphora Haymann et Hinda Abdelaoui, placées au centre, prennent en charge la parole des magistrats et des journalistes ; à cour et à jardin, deux dessinatrices de presse préparent leurs feuilles et leurs couleurs. Pour le moment, tout le monde bavarde, certains parcourent une dernière fois leur texte, tandis qu’à l’extérieur du Cloître, le collectif féministe des Amazones d’Avignon a déployé une banderole « Non au huis clos », se considérant comme évincé du processus de création du spectacle, malgré le soutien qu’il a apporté aux parties civiles tout au long du procès. L’ambiance n’est pas franchement détendue.

Malgré tout, pendant près de quatre heures, vont se reconstituer les étapes et les échos de ce procès qui s’est tenu devant la cour criminelle du Vaucluse où le principal accusé, Dominique Pelicot, était poursuivi pour avoir drogué, violé et fait violer sa femme Gisèle Pelicot par des hommes recrutés sur Internet pendant une dizaine d’années. Lui et ses 50 co-accusés seront tous jugés coupables et condamnés à des peines allant de trois ans de prison à vingt ans de réclusion criminelle pour Dominique Pelicot. Un procès exceptionnel par sa durée, le nombre d’accusés, mais aussi par le nombre de preuves disponibles (des milliers de photos et de vidéos), ainsi que par la décision de Gisèle Pelicot de ne pas demander le huis clos.

L’élégance d’Ariane Ascaride prononçant le discours introductif de Gisèle Pelicot devant les magistrats, les larmes bouleversantes d’Alison Dechamps (comédienne dans La Distance de Tiago Rodrigues) qui détaille les rapports décrivant des scènes insupportables de viol filmées et consignées par Dominique Pelicot, la puissance d’Eva Doumbia reprenant une tribune de Lola Lafon intitulée En faire un boucan d’enfer et publiée dans Libération le 5 septembre 2024, les mains tremblantes de Samuel Achache prononçant l’acte d’accusation, le plaidoyer échevelé de l’un des avocats de la défense repris par Nadège Cathelineau, ou encore la justesse de Philippe Torreton endossant les derniers mots de Dominique Pelicot avant sa condamnation : chacune et chacun vient ici rendre hommage au courage d’une femme à qui on a voulu, selon les mots mêmes de son mari, « faire payer le prix de sa liberté ».

À travers ces quarante fragments choisis – issus des six cents heures d’audience, des articles et tribunes de presse, des cahiers de notes des journalistes, des plaidoiries, des livres, interviews et témoignages de militantes féministes et des Avignonnaises qui ont assisté au procès –, on entend, bien entendu, la voix de Gisèle Pelicot et de sa famille, mais aussi l’écho médiatique et sociétal de ce procès. On entend également la défense des accusés, les rapports dessinant leurs profils psychologiques et leurs témoignages dans lesquels ils reconnaissent ou non – ou à demi-mot – les faits, leurs tentatives de justification, mais aussi la répercussion du procès dans la ville, tandis que la foule grandit dans la salle de retransmission au fur et à mesure que la date du verdict approche, et du climat que cela instaure dans les rues, car ici « tout le monde connait quelqu’un qui connait l’un des accusés ». Le tout est nourri par des textes de bell hooks, Geoffroy de Lagasnerie ou encore Morgan N. Lucas, et sublimé par la voix du contre-ténor Serge Kakudji.

Une soirée éprouvante – une partie du public a quitté le Cloître à l’évocation de faits violents –, mais paradoxalement réconfortante qui permet de se rappeler qu’ici, à Avignon, s’est peut-être tenu le procès le plus important de ces cinquante dernières années concernant le droit des femmes. Une soirée sobre et digne, à l’image de Gisèle Pelicot, qui, dans sa dernière intervention, martèle : « Je ne veux exprimer ni ma colère ni ma haine. Je veux changer la société ». Car c’est aussi dans les prétoires que s’écrit l’Histoire.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Le Procès Pelicot / Hommage à Gisèle Pelicot
Écriture Servane Dècle, Milo Rau
Mise en scène Milo Rau
Avec Adama Diop, Alison Dechamps, Anne Lassalle, Ariane Ascaride, Ayoub Kallouchi, Camille Etienne, Caroline Gillet, Clara Hédouin, Corentin Legras, Cyrielle Voguet, Elios Noel, Elisabeth Saint-Jalmes, Eva Doumbia, Fatma Hamdoun, Florian Pâque, Françoise Nyssen, Hinda Abdelaoui, Julie Ménard, Kubra Khademi, Laurent Layet, Léopoldine Hummel, Lola Felouzis, Louise Brzezowska-Dudek, Makita Samba, Marie Coquille-Chambel, Marie Vialle, Marie-Christine Barrault, Maudie Cosset, Maxime Le Gac-Olanié, Nadège Cathelineau, Nina Beltaief, Philippe Torreton, Robin Renucci, Ruggero Franceschini, Safira Robens, Samuel Achache, Sara Louis, Serge Kakudji, Simon Delétang, Simon Roth, Julie Molier, Renaud Danner, Vincent Baudriller
Narratrices Séphora Haymann, Hinda Abdelaoui
Recherche Servane Dècle
Assistante Dramaturgie et Production Nastasia Griese

Production Festival de Vienne (Wiener Festwochen)
En coopération avec le Festival d’Avignon

Durée : 4h

Festival d’Avignon, Cloître des Carmes
le 18 juillet 2025, à 22h

19 juillet 2025/par Fanny Imbert
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