Artiste protéiforme aux influences culturelles plurielles, Mata Gabin est comédienne, chanteuse, chroniqueuse, humoriste, peintre et autrice. Formée par Irène Lamberton à Marseille, elle débute sa carrière à Paris dans Britannicus de Racine auprès de la meneuse de revue et actrice Lisette Malidor, puis travaille avec Charles Berling, Daniel Benoin, Pascal Rambert et Virginie Despentes, qui la met en scène dans Woke. Elle retrouve l’autrice pour sa nouvelle création au Théâtre national de la Colline, Romancero Queer.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Toujours. J’ai le trac avant de monter sur scène pour quoi que ce soit. J’avais même eu le trac pour mon premier vernissage de peinture l’année dernière. J’ai le trac avant un concert, j’ai tout le temps le trac. J’aimerais ne plus l’avoir, je médite, mais rien à faire. En revanche, il s’en va très vite quand ça commence. C’est ma chance.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je relis le texte en entier, je dors au maximum, je mange le plus léger possible, je repense à pourquoi je fais du théâtre. Et je remercie l’univers de me donner la chance d’être dans une aventure sur les planches avec des camarades de rigolade. Hop, je pars, et j’ai hâte. J’aime ce rendez-vous avec les copains sur le plateau, hors du plateau, bref, toute l’équipe, et la rencontre avec le public !
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Jamais de costume vert. Je cache mon texte dans les coulisses chaque soir. J’ai un porte-bonheur sur moi. Et je fais mon parcours scénique avant que le public entre en salle. Et on a l’habitude de faire notre rituel de connexion ensemble aussi. Ça, c’est top !
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
J’avais 16 ans, j’ai vu La Sorcière avec Béatrice Dalle qui me fascine à tout jamais, et Bal Poussière avec la comédienne Naky Sy Savané. J’ai dit à mes parents adoptifs que je voulais être actrice et ils m’ont dit « Passe ton bac d’abord », la phrase classique des parents.
Premier bide ?
Un jour, j’ai été maîtresse de cérémonie, il y a (très) longtemps pour le magazine Cité Black Paris. En fait, j’étais en mode stand-up sans savoir que c’était ce que j’étais en train de faire. La salle était glaciale, galère à réchauffer, et je crois que je n’y suis jamais arrivée. C’est loin, mais j’ai un souvenir de gros bide ce jour-là.
Première ovation ?
Pour Woke, on a été honoré·e·s par le public dès la générale l’an dernier, au Théâtre du Nord, à Lille. C’était fou, inoubliable. Frissons. Gra-ti-tude…
Premier fou rire ?
Je n’ai encore jamais eu de fou rire sur scène devant le public pendant un spectacle. Quand c’est une pièce, on est trop concentré pour rire devant les gens. Par contre, dans l’humour, il faut casser le quatrième mur, et oui, c’est arrivé, mais je ne me souviens pas de la première fois.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Au théâtre, quand j’ai vu L’Ivrogne dans la brousse mis en scène par Philippe Adrien, L’Année des treize lunes de Fassbinder, mis en scène par Jean-Louis Martinelli, et Dans la solitude des champs de coton de Bernard Marie-Koltès, mis en scène et par Patrice Chéreau.
À l’écran, devant Excalibur de John Boorman, La Sorcière de Marco Bellocchio, La Couleur pourpre de Steven Spielberg, Rue Cases-Nègres de Euzhan Palcy, Le Maître de musique de Gérard Corbiau. Il y en a encore quelques-uns, comme Dune de David Lynch, mais ça ferait une trop longue liste…
Première fois sur scène avec une idole ?
Pas encore. J’ai eu la chance de tourner avec l’une de mes idoles, mais je ne suis allée sur les planches avec aucune des deux. En revanche, j’ai déjà joué avec des artistes que j’adore totalement, mais mes idoles sont mes idoles, j’avoue.
Première interview ?
Pour le magazine africain Amina, il y a des années de cela. Peut-être que c’était en 2002 ou 2003.
Premier coup de cœur ?
Au théâtre, j’imagine, la question est trop pleine de mille réponses. Cela rejoint la réponse sur mes premières larmes en tant que spectatrice, car mes coups de coeur m’ont fait pleurer, des pleurs laveurs, qui font du bien. J’aime beaucoup le côté volatile du théâtre. Chaque soir est unique, et j’adore ça.
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