Nommée Danseuse Étoile le 5 mars 2014 à l’issue de la représentation du ballet Onéguine de John Cranko, dans lequel elle interprétait le rôle de Tatiana, Amandine Albisson sera la première à danser Sylvia, au Palais Garnier, ce jeudi 8 mai, dans la version de Manuel Legris, l’ancien Danseur Étoile de l’Opéra national de Paris, et désormais directeur du Ballet de La Scala de Milan.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oui, bien sûr — un trac mêlé d’excitation. Les soirs de première sont toujours particuliers : c’est l’aboutissement de plusieurs semaines, voire de mois de travail. Et pour Sylvia, c’est d’autant plus spécial que c’est la première fois que ce ballet est présenté à l’Opéra. C’est donc le moment de le dévoiler au public, de le faire vivre.
Comment passez-vous votre journée avant une première ?
Je la vis comme toutes les journées précédant une représentation. J’aime suivre un rituel précis, cela m’apaise. Je commence par mon cours du matin, puis je prends le temps d’essayer quelques détails techniques, de choisir mes pointes. Je déjeune tard, vers 14h30 ou 15h, puis je fais une sieste dans ma loge. Vers 17h, je commence à me préparer : maquillage dans la loge, coiffure, puis échauffement à partir de 18h30.
Avez-vous des habitudes ou superstitions avant d’entrer en scène ?
J’essaie de rester calme, de respirer profondément et de me répéter que le travail a été fait. Il ne reste plus qu’à savourer le moment, à me laisser porter, à raconter une histoire.
Première fois où vous vous êtes dit : « Je veux faire ce métier » ?
Lors de ma toute première visite à l’Opéra Garnier, j’avais 7 ans. En gravissant les marches, je me suis tournée vers ma mère et je lui ai dit : « Maman, c’est ici que je veux danser plus tard ».
Premier bide ?
Il y en a sûrement eu un — ou plusieurs ! —, mais, honnêtement, je ne m’en souviens pas. Mon cerveau a dû faire un tri sélectif…
Première ovation ?
Je m’en souviens très bien. J’étais encore dans le corps de ballet, en tournée à Düsseldorf pour danser Orphée et Eurydice de Pina Bausch. À la fin du spectacle, le public nous a réservé une ovation. C’était inattendu, bouleversant. Ma toute première, un moment gravé.
Premier fou rire ?
Je faisais mes débuts sur scène, probablement dans Giselle, lors d’une scène de pantomime. Je ne me souviens plus du déclencheur, mais nous étions plusieurs à rire sans pouvoir nous arrêter. Plus on se regardait, plus on riait. Heureusement, c’était une scène joyeuse !
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Quand j’ai vu La Dame aux camélias pour la première fois. J’étais encore élève, en première division à l’École de danse.
Première mise à nu ?
Lors de ma première interprétation du Boléro de Béjart. Seule sur la table, sous les projecteurs… Il n’y avait plus de place pour jouer un personnage : il fallait être soi, pleinement. C’est une chorégraphie qui pousse aux limites, à la fois physiquement et émotionnellement. On entre dans une sorte de transe, portée par la musique et l’épuisement.
Première fois sur scène avec une idole ?
Quand j’ai dansé Le Rendez-vous de Roland Petit aux côtés de Nicolas Le Riche. C’était un remplacement de dernière minute — un souvenir inoubliable.
Première interview ?
J’avais 11 ou 12 ans. À l’École de danse, nous partions en tournée aux États-Unis avec la compagnie. Nous n’étions que trois filles à partir. Le journal La Provence m’avait interviewée à cette occasion.
Premier coup de cœur ?
La Dame aux camélias, encore elle. Ce fut un coup de foudre artistique. J’ai su immédiatement que je voulais danser ce ballet un jour. Et j’ai eu la chance de le faire en 2018.
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