Le maire de Berlin a fait adopter jeudi un plan d’économies budgétaires de trois milliards d’euros pour l’an prochain, surtout dans la culture, malgré la colère d’institutions renommées comme la Philharmonie et la Schaubühne.
« Il s’agit de l’avenir de Berlin car nous vivons une période difficile sur le plan économique et financier à Berlin, en Allemagne et dans le monde entier« , s’est défendu Kai Wegner, le maire conservateur de la capitale allemande depuis avril 2023. Au même moment, près de 2 000 personnes, selon la police, ont manifesté contre ces économies, qui toucheront aussi les universités et les sciences. Les manifestants brandissaient des pancartes avec des slogans tels que « la démocratie a besoin de la science » ou « étudier à Berlin ne va plus du tout être sexy ». S’attaquant aux écologistes, membres de la précédente majorité, Kai Wegner a assené : « Nous avons besoin de raison, de pragmatisme plutôt que d’idéologie, de rêves verts. Et c’est précisément pour cela que nous avons besoin d’un changement de mentalité dans de nombreux domaines, y compris dans la culture ».
Les institutions culturelles se sont dites « consternées » après l’adoption des économies budgétaires. « Berlin vit grâce à sa culture. Les coupes budgétaires décidées aujourd’hui menacent les emplois, la diversité culturelle et l’essence même de cette ville », affirment dans un communiqué commun les dirigeants de scènes prestigieuses, tels Thomas Ostermeier, de la Schaubühne, et Andrea Zietzschmann, de la Philharmonie. Le maire de Berlin, en coalition avec les sociaux-démocrates, a affirmé que la capitale avait un « budget record » de 40 milliards d’euros et que les économies étaient dues en partie aux trop grandes dépenses du précédent gouvernement de gauche.
Depuis des semaines, la scène artistique berlinoise se mobilise contre ces restrictions. La mairie avait quelque peu revu sa copie en réduisant notamment les coupes pour la Schaubühne – qui s’était dit menacée de faillite –, le Deutsches Theater et le Berliner Ensemble, un théâtre fondé par Bertolt Brecht. Dans un entretien jeudi avec l’hebdomadaire Die Zeit, la secrétaire d’Etat allemande à la Culture, l’écologiste Claudia Roth, a dénoncé « la brutalité » de la politique culturelle municipale. Coupée en deux pendant près de trente ans par un mur, la ville de Berlin est particulièrement riche en opéras (trois) et en théâtres (une dizaine sont renommés). Mais, après la réunification, cette scène particulièrement dense est devenue plus difficile à financer.
© Agence France-Presse
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