Réunis autour de Cécile Helle, la Maire d’Avignon, sur la scène du Palais des Papes, les directions du Festival d’Avignon, du Off et des Scènes d’Avignon ont lancé un appel à la résistance et la mobilisation pour les législatives, pour faire barrage au Rassemblement National.
Rien n’aura été épargné au 78e Festival d’Avignon. Avancé à cause des Jeux Olympiques de Paris, il est percuté de plein fouet par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, au soir des élections européennes. « On a assisté à un moment de folie où un président à trois semaines des JO, nous dit puisque vous n’êtes pas gentils, je dissous ! » a ironisé Laurent Rochut, directeur du Théâtre La Factory. « Nous, les cigales allons être obligées de reprendre le monde en main afin de le rendre plus fréquentable » poursuit le vice-Président de AF&C, assis à la même table que ses collègues du Festival d’Avignon et des Scènes d’Avignon, lors de cet appel lancé à l’initiative de Cécile Helle, la maire de la Ville pour qui « La République a besoin de nous. C’est un acte de résistance politique et populaire ». « Il faut que cela marque un changement » a surenchéri AlainTimár, directeur du Théâtre des Halles, représentant Les Scènes permanentes d’Avignon, pour qui cet acte fondateur doit aussi permettre à l’avenir de souder encore plus toutes les forces théâtrales de la ville. « Notre ADN est de résister et les artistes résisteront » poursuit le comédien Laurent Domingos, co-président d’AF&C. « On est à un moment charnière de l’histoire de la culture française. Il y aura plein de débats dans le village du Off comme il y en aura aussi au Festival d’Avignon. Il faut que le public y participe. Il faut que la citoyenneté se montre au festival. »
Le directeur du Festival d’Avignon, Tiago Rodrigues, a réaffirmé son appel à « faire barrage à l’extrême droite » lui le citoyen portugais, dont le père journaliste a combattu la dictature de Salazar. « Le Festival d’Avignon doit être à la hauteur de ses responsabilités historiques, de son code génétique, de ses valeurs et ses principes depuis 1947 et sa fondation par Jean Vilar. C’est un festival républicain, démocratique, écologiste, féministe, antiraciste et qui défend évidemment les valeurs démocratiques » a expliqué le metteur en scène, entrainant dans son sillage la prise de position de Françoise Nyssen, Présidente du Festival d’Avignon, et ancienne ministre de la culture du gouvernement d’Edouard Philippe. « Je vois déjà ce qui se passe dans des secteurs où il y a une mainmise par certains sur l’édition ou la presse » explique la directrice des éditions Actes-Sud. « On en voit les conséquences. Et je pense que c’est vraiment important de montrer qu’on a tous besoin d’un mouvement comme celui là, de partage, de réflexion, d’agitation des idées et de s’enrichir de la diversité parce que c’est à travers elle qu’on pourra se forger notre propre vision des choses. »
Ces élections et la potentielle arrivée de l’extrême droite au pouvoir ont aussi pour enjeu la remise en question « d’un régime d’intermittence qui inspire des artistes et des techniciens de toute l’Europe et de tout le monde », régime sans lequel « il n’est juste pas possible de mettre en place » le festival d’Avignon explique Tiago Rodrigues. « Il ne me semble pas avoir entendu beaucoup de paroles de défense de l’intermittence de la part du Rassemblement national, voire avoir bien entendu le contraire », renchéri Laurent Domingos.
S’il y a bien un festival engagé en France, c’est bien Avignon. Les débats, entre les spectacles y sont toujours acharnés. Et cela commencera dès samedi 29 juin, jour d’ouverture du Festival d’Avignon, avec une manifestation nationale dans les rues de la cité des Papes à l’appel des organisations syndicales du spectacle vivant. Entre les deux tours des legislatives, les 10 000 artistes et techniciens et les organisations représentatives du spectacle vivant ont prévu aussi de faire entendre leur voix.
Stéphane Capron – www.sceneweb.fr
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