JO-2024: Maud Le Pladec mène la danse en vue de cérémonies XXL
C’est le défi de sa vie: Maud Le Pladec, nommée directrice du ballet de Lorraine à Nancy, est chargée de la danse pour les cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, qui seront suivies par un milliard de téléspectateurs.
Quand Thomas Jolly, le directeur artistique des Jeux de Paris, lui a demandé si elle voulait « faire partie de l’aventure », sa réponse a fusé: « Je n’ai pas réfléchi très longtemps, j’ai dit oui immédiatement. Cela n’arrive qu’une fois dans une vie« , poursuit la chorégraphe, rencontrée lors d’une audition de recrutement de danseurs, puis lors d’une répétition dans un hangar début juin.
C’est elle qui sera chargée de la chorégraphie de la cérémonie d’ouverture le 26 juillet, organisée sur sept kilomètres le long de la Seine, du pont d’Austerlitz jusqu’au Trocadéro. Elle sera aussi la directrice de la danse pour l’ensemble des cérémonies (clôture des Jeux le 11 août, ouverture et clôture des Jeux paralympiques, les 28 août et 8 septembre).
L’artiste de 48 ans, qui répète en jogging et baskets, a sous sa responsabilité quelque 3.000 danseurs participant aux quatre cérémonies.
Née à Saint-Brieuc, Maud Le Pladec commence la danse à l’âge de six ans, en jazz, puis s’oriente vers la danse contemporaine, se formant auprès de la chorégraphe Mathilde Monnier alors à la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier.
Elle est ensuite interprète pour plusieurs artistes tels que Georges Appaix, Loïc Touzé, ou Boris Charmatz, l’actuel directeur de la Tanztheater Wuppertal Pina Bausch en Allemagne.
« Elaboration collective »
Son ADN ? « Le lien entre la musique et la danse« , explique-t-elle. D’où sa première création, en 2010 « Professor », premier volet d’un diptyque autour de la musique de Fausto Romitelli, compositeur de musique contemporaine, qui jusqu’à cette date, n’avait jamais été utilisé pour la danse.
En 2013, elle effectue une recherche à New York sur le courant de la musique post-minimaliste américaine, source d’oeuvres ultérieures.
Programmée plusieurs fois au Festival d’Avignon, Maud Le Pladec passe de compagnie indépendante à compagnie nationale, puis à la direction du CCN d’Orléans. En janvier 2025, elle prendra ses fonctions de directrice du ballet de Lorraine à Nancy, avec lequel elle a collaboré en 2021 pour une de ses créations.
Touche à tout, elle aime à travailler sur des formes variées – elle collabore ainsi en 2016, avec Thomas Jolly à l’Opéra national de Paris à la mise en scène de l’opéra baroque Eliogabalo – tout comme à différents styles de danse: dans sa dernière pièce (Silent Legacy), elle s’associe à une danseuse de krump, mouvement né dans les années 2000 dans les ghettos californiens et marqué par une gestuelle saccadée.
Un temps artiste associée à La Briqueterie — Centre de développement chorégraphique national (CDCN) du Val-de-Marne, Maud Le Pladec est attachée à la place et l’identité des femmes; elle a par exemple créé en 2021 Counting stars with you, une pièce dédiée au matrimoine musical.
« Maud est une artiste de talent qui a une grande force de travail et de la ténacité », estime Mathilde Monnier.
L’organisation du travail avec Thomas Jolly ? « C’est lui qui pense le concept, la mise en scène, mais il partage à un niveau précoce de la création, ce qui nous permet de réfléchir avec lui » et de « participer à une élaboration très collective« , indique-t-elle.
Son credo ? A travers la danse, « véhiculer un maximum d’émotions, tout en essayant de toucher un maximum de gens ». Un pari qu’elle va tenir avec les cérémonies de cet énorme événement médiatique et sportif.
Karine Perret et Alexandra Del Peral © Agence France-Presse
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