Le livre de Melville est scindé en son milieu par la décision de Pierre. Celle-ci découpe le récit en deux parties hétérogènes – comme deux tableaux dont on se demande si c’est le modèle ou le peintre qui est différent. Dans la première, on voit Pierre au sortir de l’adolescence, à la campagne, s’interroger sur l’hypocrisie du monde ; la seconde nous le montre en pleine maturité dans une grande ville moderne en proie à la misère et au désespoir. Ces deux parties nous racontent le passage de l’utopie à sa réalisation. C’est le problème de l’action face à ses suites qui est ici posé par Melville.
Pierre, un jeune homme plein de promesses, évolue dans un monde de perfection quand la révélation d’une terrible vérité le met face à la question d’Hamlet : agir ou ne pas agir ? Le mythe se rejoue. Comment agir, faut-il agir, où en trouver la force ? Pierre hésite… et passe à l’action. Le mythe de l’impossibilité d’agir tombe. Mais les questions demeurent. Fallait- il agir, comment, et désormais que faire…
Au-delà du drame intime et amoureux, se joue ici l’un des grands problèmes du XXème siècle. Hamlet était le drame de l’inaction, Pierre est celui d’un trop grand vouloir. Il est mu par ce que Badiou dans son livre Le Siècle appelle la passion du réel. Cette passion est une violente traversée, qui conduit Pierre à passer de l’autre côté, à transpercer les mannequins de cartons pour faire l’expérience du réel, fut-elle une expérience de l’horreur : « Noir chevalier à la visière baissée qui m’a affronté en me raillant, je veux transpercer ton heaume et voir ta face, fût-elle celle d’une Gorgone ! ».
Pierre est à l’image des grandes révolutions du 20ème siècle. Il est ce héros agissant qui cherche à casser en deux l’Histoire du monde. A l’instar de ce que fut Hamlet pour le 19ème, Pierre ou les Ambiguïtés pourrait être le mythe fondateur de notre modernité. Dans le roman, la tentative de pierre est encadrée par une narration prolixe qui ajoute son propre commentaire. Ce discours du narrateur, qui met en question le dessein vertueux. Note d’intention d’après dossier de presse.
Pierre ou les ambigüités
D’après les œuvres « Pierre ou les Ambiguités » et « L’Escroc à la Confiance »
d’Herman Melville | respectivement dans la traduction de Pierre Leyris et Philippe
Jaworski | © éditions gallimard
Adaptation | Eve Gollac et Olivier Coulon-Jablonka
Mise en scène | Olivier Coulon-Jablonka
Avec | Julie Boris, Johann Chauveau, Florent Cheippe, Sarah Fourage, Eve Gollac, Jean-Marc Layer,
Malvina Plegat, Guillaume Riant.
Scénographie | Constance Arizzoli
Création Lumière | Anne Vaglio
VIDéo | Camille Plagnet & Jeanne Delafosse
Costumes | Delphine Brouard
Direction Musicale | Johann Chauveau
Régie Générale | Vanessa Petit
Régie Lumière | Jérémie Alexandre
Production | Moukden-ThéâtreCoproduction |• Le Forum, Scène Conventionnée de Blanc-Mesnil• Théâtre La Vignette – Université Paul Valéry – MontpellierAvec l’aide de | L’Échangeur à Bagnolet
Création | 19, 20, 21 et 26, 27, 28 janvier 2012 | 20h30 | Forum, Scène Conventionnée de Blanc- Mesnil.
• Du 6 au 25 février 2012 à l’Echangeur à Bagnolet.
(du lundi au samedi à 20h30 | le dimanche à 17h00 | relâche les mardis & mercredis | représentation
exceptionnelle le mardi 7 février).
• 29 février, 1er mars 2012 à 19h15 et 2 mars 2012 | 20h30 | Théâtre La Vignette – Université Paul
Valéry – Montpellier.
• 27 mars 2012 à 20h30 et 28, 29 mars 2012 | 19h00 | Nouveau Théâtre – CDN de Besançon et de
Avec le soutien DE | La DRAC Ile-de-France, ARCADI, du Conseil Général de Seine-Saint-Denis et avec l’aide de l’ADAMI
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