Le festival JT24 se poursuit jusqu’au 31 mai et rassemble neuf projets de compagnies issues des différentes écoles nationales. Un tremplin pour celles et ceux qui se lancent dans leurs premières créations, avec parfois certaines appréhensions face à un contexte de production qui se tend.
“En ce moment ? C’est comme une sorte de grosse chute d’espoir” souffle Yohann-Hicham Boutahar, jeune metteur en scène diplômé de l’École de la Comédie de Saint-Etienne il y a trois ans. Prendre des risques esthétiques, sortir de rôles assignés pour enfin se lancer dans la création… c’est synonyme d’enthousiasme pour beaucoup de jeunes artistes sortis d’école, mais aussi de pas mal d’inquiétude au vu du contexte.
“On sent bien qu’il y a une baisse de projets”, observe Marc Sussi, directeur du Jeune théâtre national. Entre la crise du Covid, l’inflation qui a fait augmenter les coûts de production et le budget du ministère de la Culture qui se voit amputé de 204,3 millions d’euros pour la saison prochaine, les volumes d’emploi baissent et l’émergence est la première touchée.
“En ce moment, pour les comédiens et les comédiennes, on arrive à leur trouver des projets. C’est plus dur pour les troupes qui veulent s’inscrire en compagnie dans la profession” développe Marc Sussi. La première création est rarement celle qui pose problème, car les équipes sont prêtes à faire des concessions, sur leurs salaires notamment. Mais c’est lorsque la deuxième ou la troisième création ne marche pas que ça se complique et que les compagnies se séparent parfois.
Le JTN, association qui travaille à la professionnalisation des ancien.nes étudiant.es du Conservatoire national supérieur d’art dramatique et de l’école du Théâtre national de Strasbourg, les accompagne jusqu’à trois ans après leur sortie d’école, en finançant des emplois aidés, en organisant des auditions et ou présentant des maquettes. “Il y a un certain climat d’incertitude, mais on continue d’aller à la pêche aux projets. La priorité, c’est de leur trouver de l’emploi” tente de rassurer Marc Sussi. Tous les deux ans, le JTN organise donc un festival où chacune des douze écoles peut proposer une création, accueillie ensuite dans les murs du théâtre pour deux représentations ainsi qu’au Grand Parquet, au théâtre Silvia Monfort ou au théâtre de la Cité Internationale. Une vitrine parisienne pour les compagnies issues des régions, des cachets financés par le JTN à la clef et l’espoir de trouver des diffuseurs.
Les différents dispositifs d’accompagnement mis à la disposition des élèves issu.es des écoles nationales permettent à un certain nombre de vivre de leur métier d’interprète. En moyenne les ancien.nes élèves du CNSAD et de l’École du TNS sont entre 89% et 97% à avoir au moins une période d’activité dans le spectacle vivant. Mais une fois que ces aides se tarissent, les difficultés arrivent parfois. Jumelé à un contexte peu favorable, Julien Lewkowicz sent bien la différence. Diplômé de l’École du Théâtre national de Bretagne il y a trois ans, il a notamment tourné avec Mohamed El Khatib, mais pour la saison prochaine, il s’inquiète. “J’ai quelques reprises de rôle, mais très peu de créations à part la mienne. Je sens bien que toutes les cartes sont rebattues.”
Que ce soit un métier difficile et précarisé, ils et elles le savaient. Mais dans un contexte où l’argent se tarit, “les gens se mettent à copiner, à ne pas ouvrir leurs cercles” s’agace Yohann-Hicham Boutahar. Alors la réorientation, ils y pensent parfois. “Je me suis déjà dit que ça serait possible de faire du stand-up ou du cinéma un jour. Pour être dans des industries qui sont encore à flot”. Alors comment garder le cap malgré tout ? “Il faut entrer dans une salle de répétition, sourit le jeune comédien, et regarder des gens formidables faire un travail magnifique. On regagne espoir tout de suite”.
Fanny Imbert – www.sceneweb.fr
Festival JT24 du 21 au 31 mai
Ce soir j’ai de la fièvre et toi tu meurs de froid,
Théâtre de la Cité internationale, jeudi 30 mai 19h, vendredi 31 mai, 19h
Texte et mise : Julien Lewkowicz
Assistante à la mise en scène : Liora Jaccottet
Création sonore et musicale : Valentin Clabault
Conseillère costumes : Angèle Gaspar
Regard extérieur : Hinda Abdelaoui
avec : Laure Blatter, Valentin Clabault, Guillaume Costanza, Julien Lewkowicz, Raphaëlle RousseauDurée : 1h15
A ceux qui doutent,
Collectif des Diplomates,
Théâtre Silvia Monfort
Jeudi 30 mai 2024 à 21h, Vendredi 31 mai 2024 à 21h
Texte collectif
Mise en scène : Yohann-Hicham Boutahar
avec : Elise Martin, Alice Rahimi en alternance avec Saffiya Laabab, Alexandre Prince, Jules Bisson
Vidéo : Lucie Demange en alternance avec Anton Balekdjian
Collaboration à la mise en scène : Bérénice Durand-Jamis, Yéshé Henneguelle
Dramaturgie : Yohann-Hicham Boutahar
Scénographie : Yéshé Henneguelle
Création lumière : Bérénice Durand-Jamis
Création sonore : Thibaut Langenais
Costumes : Alma Bousquet
Perruques et maquillage : Sylvain Dufour
Vidéo live, jeu : Lucie Demange, en alternance avec Anton Balekdjian
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !