Prendre sa retraite, c’est le bon moment pour la danseuse étoile Myriam Ould-Braham, qui, à 42 ans, fait samedi ses adieux à la scène de l’Opéra de Paris et dit avoir besoin de moins exposer son corps à la » souffrances ».
Elle tire sa révérence lors d’une dernière représentation au Palais Garnier de Giselle, ballet emblématique du répertoire classique romantique, qui la « faisait rêver petite » et dont « la magie et la beauté l’éblouissent » encore autant aujourd’hui, comme elle le raconte dans sa loge, le numéro « 55 ».
Il faut voir comme elle apparaître flotter, dans une diagonale de piétinés ou encore dans les portés avec son partenaire, l’étoile Paul Marque mercredi soir : bras et port de tête graciles, la ballerine, cheveux blonds ondulés et yeux clairs, est, dans son long tutu blanc, tout en délicatesse.
« Je suis très heureuse, très sereine. J’ai eu une merveilleuse carrière. J’ai dansé tous les grands rôles que j’avais envie de danser. J’ai pu partager beaucoup d’émotions avec beaucoup de partenaires« , y compris des étoiles « du monde entier« , résumé-t-elle.
« Malgré la difficulté de notre art » – un « sacerdoce« , un « don de soi permanent » -, « j’ai réussi à trouver énormément de bonheur« , affirme la danseuse, analysante : « on rentre à 17 ans (dans la compagnie, NDLR), en repart à 42, il s’en passe des choses« .
Nommée étoile à 30 ans, pour le rôle de Lise dans La fille mal gardée, elle se remémore les ballets qu’elle a le plus aimés: la découverte du travail en duo dans La Belle au bois dormant, le Lac des cygnes, dont la partition « ne (lui) a jamais autant donnée d’émotions« , ou encore Roméo et Juliette, à la chorégraphie « tellement dure » et pour laquelle elle est allée « chercher loin dans ses tripes« .
Elle évoque aussi le public, qui « nous porte« , venant parfois de très loin – « Japon, Australie, Brésil, etc » – et cette première fois où elle a reçu cette « montagne de fleurs » après un rôle de soliste.
« Doute » et « célébration«
Cette fille d’un couple franco-algérien, née à Alger, qui a les deux nationalités, a découvert la danse en Algérie fortuitement avec un cours de sa sœur. Arrivée en France en 1986, elle suit brièvement le Conservatoire supérieur de Paris, puis intègre, à 14 ans, l’Ecole de danse de l’Opéra. « A ce moment-là, je ne savais absolument pas qu’on pouvait en faire un métier« .
Myriam Ould-Braham ne raccroche cependant pas tout à fait ses pointes, puisqu’elle a accepté pour l’année prochaine plusieurs propositions de galas – en Chine, à Hong Kong et au Japon – lors desquelles elle dansera des « pas de deux » . Elle qui donne des cours dans un centre de sport pour enfants et des coachings privés auprès de danseurs depuis quatre ans confie aussi ressentir « plus de plaisir à enseigner, aujourd’hui, qu’à danser« .
« Ma carrière, il ne fallait pas qu’elle se prolonge plus« , confie-t-elle. Pendant 25 ans, elle a appris à « gérer » et « connaître » son corps mais elle a envie désormais « de moins être en souffrance« . Depuis des années, elle doit régulièrement faire « remettre en place » sa cheville par un kinésithérapeute, à la suite d’une rupture des ligaments. « Mentalement aussi« , la pause est bienvenue. « J’ai ma vie de famille, besoin de penser à moi » et « de découvrir ce que la vie me réserve« , ajoute l’artiste, mère de deux garçons âgés de 4 et 9 ans qu’elle a eus avec Mickaël Lafon, danseur dans la compagnie.
Dans la loge qu’elle occupe au Palais Garnier depuis sa nomination d’étoile, Myriam Ould-Braham a commencé à mettre de l’ordre, pour laisser place à la nouvelle génération. Un lieu qui a vu « des choses incroyables : des moments de doute, de peur, de bonheur et de célébration« .
Karine Perret © Agence France-Presse
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !