Ludovic Lagarde présente l’intégralité des pièces de Büchner. Un marathon intime avec Laurent Poitrenaux en chef de troupe.
Ce genre de défi trouve généralement sa place dans les festivals de l’été, comme à Avignon. C’est l’été, on prend le temps de se laisser bercer par 4h30 de théâtre. Ce n’est donc pas commun de se lancer au plein cœur de l’hiver dans cette aventure théâtrale (les pièces ont été créées en janvier 2012 à la Comédie de Reims et sont actuellement en tournée). L’œuvre de Georg Büchner s’y prête. L’auteur allemand, décédé à 23 ans, n’a écrit que trois pièces, dont la plus célèbre Woyzeck est restée inachevée. C’est par ce texte que débute l’intégrale. Laurent Poitrenaux incarne Woyzeck, ce soldat prolétaire qui sombre dans la folie et tue sa femme par jalousie. Il l’a soupçonne d’avoir une liaison avec le tambour-major. Dans un décor en perspective (dispositif scénique qui sert de base à l’ensemble du spectacle et une très belle scénographie d’Antoine Vasseur), c’est la pénombre qui domine. Cette version de Woyzeck en cinémascope est légèrement glacée. Ce n’est pas la meilleure version de la pièce, mais le rôle de Woyzeck sied parfaitement à Laurent Poitrenaux.
Puis Ludovic Lagarde s’attaque au gros morceau : La Mort de Danton. On suit les derniers jours du grand tribun de la Révolution Française. Danton (Laurent Poitrenaux) s’oppose à Robespierre (Juan Cocho). Il ne souhaite pas exercer la terreur et refuse que le sang soit versé. Toute l’action se déroule dans un chambre, une alcôve intime autour d’un lit XXL. C’est assez osé de la part de Ludovic Lagarde et cela fonctionne très bien. Les discours des tribuns à la Convention sont magnifiques. Ils sont amplifiés par un subtil mixage sonore que l’on doit à David Bichindaritz. Il règne ici un petit air de « Colonel des Zouaves », pièce d’Olivier Cadiot qui a révélé Laurent Poitrenaux et Ludovic Lagarde en 1997 et qui marqué les esprits. La Mort de Danton est le gros morceau de cette trilogie et il se digère très bien.
Enfin la dernière pièce Léonce et Léna est plus légère. C’est une comédie sur la jeunesse de l’époque (nous sommes en 1836). C’est une comédie satirique sur la famille et le pouvoir (ici Laurent Poitrenaux incarne le roi Pierre – chef d’Etat un peu fantoche). Léonce (Samuel Réhault) et Léna (Déborah Marique) héros d’une jeunesse dorée, fuient l’ordre et la loi et finiront par se marier. On passe un moment agréable. Et au bout du compte cette trilogie propose un regard varié et homogène sur l’œuvre de Büchner.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Woyzeck
La Mort de Danton
Léonce et Léna
textes Georg Büchner
traduction Jean-Louis Besson et Jean Jourdheuil
mise en scène Ludovic Lagarde
dramaturgie Marion Stoufflet
en collaboration avec Olivier Cadiot et Dorothea Heinz
avec
Julien Allouf
Simon Delétang
Juan Cocho
Servane Ducorps
Constance Larrieu
Déborah Marique
Laurent Poitrenaux
Samuel Réhault
Julien Storini
Camille Panonacle
scénographie Antoine Vasseur
lumières Sébastien Michaud
costumes Fanny Brouste
conception son David Bichindaritz
vidéo Jonathan Michel
collaboration artistique Stéfany Ganachaud
assistanat à la mise en scène Céline Gaudier
assistanat à la scénographie Élodie Dauguet
production la Comédie de Reims, centre dramatique national
Durée: 4h30 avec deux entractes
les 13 et 14 décembre 2012 : Le Parvis – Scène nationale, Tarbes
du 16 au 25 janvier 2013 : Théâtre de la Ville, Paris
les 16 et 17 février 2013 : La Comédie de Clermont-Ferrand – Scène nationale
les 21 et 22 février 2013 : Théâtre de Lorient / CDN
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