West Side Story s’installe à Paris pour dix semaines, au Théâtre du Châtelet, dans une nouvelle mise en scène de Lonny Price. Une version qui se veut fidèle à l’originale, avec l’envie de montrer sa dimension universelle « toujours d’actualité ». L’exploitation débute alors que la chambre régionale des comptes fustige dans un rapport la gestion de la précédente direction du théâtre.
Les doigts qui claquent, les robes qui virevoltent, les sauts, les poings brandis, un décor de cours d’immeubles des bas-fonds de New York des années 1950, des rythmes de mambo… Sont là tous les éléments essentiels de cette histoire d’amour impossible entre Tony et Maria, qui appartiennent chacun aux bandes rivales des Jets, issus de l’immigration européenne mais s’estimant Américains, et des Sharks, fraîchement arrivés de Porto Rico.
Accompagnés par vingt musiciens dans la fosse, la trentaine de danseurs-chanteurs et comédiens interprètent Maria, Somewhere, Tonight, America, les tubes de ce monument de la comédie musicale, créés à Broadway en 1957 à New York par Leonard Bernstein et Stephen Sondheim, entre autres, et reprise deux fois au cinéma, en 1961 puis 2021.
L’approche, classique, est mise en avant : « si vous honorez la matière première, que vous le faites bien, que vous un magnifique casting, vous n’avez pas besoin (…) de créer quelque chose qui soit si loin des intentions premières », confié à la presse Lonny Price, avant la première représentation. La chorégraphie est supervisée par Julio Monge et respecte l’originale du danseur Jerome Robbins, assure la production, BB Promotion.
« Le spectacle vient interroger l’American dream », affirme Lonny Price. « L’histoire est universelle » et « malheureusement, toujours d’actualité », ajoute-t-il citant la xénophobie, le racisme, « les gens qui vilipendent les autres quand ils sont d’une culture différente ».
Un déficit de 4,5 millions d’euros
C’est donc parti pour 80 représentations jusqu’au 31 décembre. L’occasion de renflouer les caisses du théâtre. Lorsqu’il a été nommé au début de l’année par Anne Hidalgo, Olivier Py, connaissait l’étendu du déficit. La ville de Paris soutient financièrement le Châtelet à hauteur d’environ 15 millions d’euros par an.
La gestion du théâtre du Châtelet au cours des dernières années a été décriée cette semaine par un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC), qui préconise de « redéfinir la vocation artistique et commerciale » du théâtre.
La nomination à la tête de l’établissement, en 2017, du duo composé de Ruth Mackenzie et Thomas Lauriot dit Prévost « a conduit à une confusion des rôles préjudiciable à la bonne gestion du théâtre », affirme la juridiction financière, pour qui « la direction a échoué à définir un projet artistique financièrement viable ». « Ses choix artistiques se sont soldés par des pertes financières cumulées année après année », ajoutent les Sages franciliens, qui pointent notamment une perte de plus d’un million d’euros pour le spectacle Singin’ in the Rain en 2017, « les dépenses imprévues » liées au projet DAU en 2019 ou encore le « déficit de quelque 1,6 million d’euros de Parade » , la même année. La nomination d’un duo, « non prévu dans l’appel à candidatures », a de plus été source d’un « surcoût pour le budget » du théâtre, ajoute la CRC qui déplore aussi que le départ de Ruth Mackenzie, renvoyée en 2020, ait « coûté 235.000 euros au théâtre ».
Pour la CRC, le « redressement financier » du théâtre passe par « une programmation générant des recettes de billetterie suffisantes pour couvrir à elles seules (avec éventuellement les ressources de mécénat) les dépenses directement liées à l’organisation de ses spectacles ». Cette semaine la direction du théâtre a déjà annoncé la création des Misérables en 2024.
Interrogé par l’AFP, Aurélien Coche, administrateur du Châtelet et ancien directeur administratif et financier du théâtre, répond que le « plan de redressement » voté en novembre 2022 « prévoit de résorber le déficit en deux saisons ». « On a bien avancé », affirme-t-il, estimant que sur 4,5 millions d’euros de déficit fin novembre 2022, « on en a résorbé 1,6 million grâce à la saison 2022-2023 et on va finir de résorber à la fin de la saison » 2023-2024, grâce à la vente de l’atelier de décors et la programmation.
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Est ce nécessaire de parler d’un spectacle et de la gestion financière du théâtre… putain mais séparer les articles…