À l’origine d’Oh Mère, il y a une pulsion esthétique : Celle de convoquer au théâtre, une imagerie grotesque, avec ses corps excessifs, métamorphosés, pathétiques. Cette façon de tordre le réel pour faire jaillir le monstrueux, représente pour moi une occasion purement théâtrale de troubler notre perception normative, et plus précisément ici, de traiter la violence et le délire qui sous-tendent les rapports parents-enfants. Au coeur de la pièce.
Je suis allée puiser dans les contes qui ont marqué et effrayé mon enfance. J’ai été frappée par la crudité et la force symbolique des toutes premières versions de certains contes que j’ai trouvées bien plus fortes de sens que les versions que nous connaissons, plus moralistes. Une figure revenait toujours, la Mère.
Oh Mère est un conte cruel qui place au centre de la narration la figure d’une Mère. Une mère névrotique qui ne sait plus quoi faire pour que sa fille Marlène la regarde. Une mère au ventre disproportionné, enceinte depuis des années et qui ne parvient pas à accoucher. Une mère qui ne sait pas jouer à la mère, ou qui ne veut pas. Une mère dévorée par ses névroses et qui en devient dévorante. Une mère enfant, comblant son angoisse par l’invention d’une multitude de jeux dont elle se lasse à peine commencés. Une mère Ogresse.
En parallèle, une autre famille est venue se greffer à cette situation initiale : celle d’un frère et d’une sœur en fuite, le frère vient de tuer ses parents. La rencontre entre ces deux familles est le début de notre histoire, que nous écrivons collectivement, au plateau, dans un aller-retour permanent entre la mise en scène et les comédien.ne.s.
Pour écrire ce conte, je me suis inspirée de deux histoires, l’une merveilleuse, « le conte du Genévrier » des frères Grimm et l’autre réaliste, « le fait divers de Pierre Rivière » et son adaptation cinématographique. Deux histoires comme points de départ au fond desquelles on retrouve deux grands tabous : celui du parricide et de l’infanticide.
Oh Mère explore en profondeur le sujet de la parentalité et de ses névroses et met en évidence les effets qu’elles produisent sur le devenir de trois figures enfantines qui peinent à grandir sereinement. Par des jeux parfois transgressifs, chacune d’elles trouvera, peut-être, une voie émancipatrice.
Avec ce spectacle, je veux affirmer un théâtre gestuel. Le langage sera plus que tout celui du corps. Un corps extra-quotidien. Proche du clown et du masque, les corps seront transformés, les caractères augmentés, les figures grotesques. Le grotesque m’intéresse par sa faculté à perturber la normalité, il crée un renversement des valeurs et donne forme à des peurs, des démons, avec la possibilité d’en rire. Un rire qui nous surprend, un rire exutoire.
Asja Nadjar
Oh Mère d’Asja Nadjar
Avec : Antoine Amblard, Claire-Marie Daveau, Alicia Devidal et Maïa Foucault
Mise en scène: Asja Nadjar
Collaboration artistique, création sonore : Chloé AstorScénographie : Benjamin Fourcy
Costumes : Elena Bruckert
Création lumières : Emma Schler
Administration : Amandine Scotto
Production déléguée : Compagnie LA HUTTE
Coproduction
Groupe Geste(s) ; L’ECAM Kremlin Bicêtre ; Les Ateliers Médicis dans le cadre du dispositif Transat financé par le Ministère de la Culture
Projet soutenu par le ministère de la Culture – DRAC Île-de-France ; Le Pavillon de Romainville; La Fonderie au Mans dans le cadre du plan de relance 2022 de la DRAC Pays de la Loire ; La Manekine scène intermédiaire des Hauts de France et la Communauté de Communes des Pays d’Oise et d’Halatte ; La Pokop et l’Université de Strasbourg ; Compagnie la Gueule Ouverte et Geoffrey Rouge-Carrassat ; Théâtre de la Reine Blanche ; La Maison Artagon ; Le CNSAD ; Les Plasticiens Volants ; Le Hall de la chanson ; L’éventuel Hérisson bleu.
CREATION le 1er décembre 2023
Pavillon de Romainville (93)Du 6 au 10 décembre 2023
Théâtre de la Reine Blanche (75)Février 2024
La PoKop – Strasbourg (67)Le 26 mars 2024
ECAM, Kremlin Bicêtre (94)
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !